Une deuxième vague de la pandémie de covid-19 met à l’épreuve de nombreux pays. Les impacts négatifs de cette crise sanitaire sont nombreux sur l’ensemble du pays. Difficile aujourd’hui d’affirmer la prise en compte des droits humains dans les réponses apportées dans les secteurs qui subissent presque tous, l’impact de la Covid-19. Les mesures édictées pour freiner la propagation de cette maladie vont bon train, mais sans grande attention sur les droits fondamentaux. L’accompagnement de l’Etat s’avère nécessaire pour épauler les populations à faire face aux effets néfastes de la covid-19. Les droits des consommateurs dans différents domaines subissent des effets liés aux droits humains.
Dans la capitale malienne comme dans beaucoup d’autres localités du pays, la consommation du pain s’est installée dans le quotidien des populations. L’apparition du premier cas de covid-19 au Mali, le 25 mars dernier suivie de l’instauration du couvre-feu, a considérablement conduit à des pertes d’emploi temporaires et à la réduction des recettes journalières de certaines boulangeries de la place. En témoignent les propos de Bourama Diarra, livreur à la boulangerie Danaya à Magnambougou en commune VI. « Dans notre boulangerie, à un moment donné, le gérant a réduit le nombre de sac de farine. Cela a poussé le patron à mettre temporairement au chômage certains travailleurs», a-t-il raconté.
Mais le mauvais souvenir que notre interlocuteur garde en tête est sans nul doute, la mesure du couvre-feu instauré au mois de mars. « Pendant le couvre-feu, mon salaire a diminué parce que je ne pouvais pas livrer assez de miches de pain alors que nous sommes payés en fonction des miches de pain livrées. Ce n’était pas facile de sortir à 05heures du matin pour servir mes 15 boutiquiers à l’heure convenue. Que les populations se protègent contre cette maladie », a-t-il conseillé. Tout comme les travailleurs de la boulangerie, les consommateurs ont été limités dans leur droit d’aller et venir pour s’approvisionner en pain au délà de 21heures. Cette mesure de restriction a été jugée nécessaire par la présidente de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA), Mme Coulibaly Salimata Diarra. Selon elle, le couvre-feu est fait pour réduire les risques encourus et protéger davantage le consommateur. A ses dires, c’est une question de choix positif en faveur de la population dont la sécurité et la protection imcombent aux autorités nationales. Par ailleurs, elle a mentionné dans ses propos quelques droits fondamentaux des consommateurs qui sont entre autres le droit à l’information, le droit à la réparation des torts, le droit à une consommation durable pour mieux prendre en compte la question de la préservation de l’écosystème et la survie de l’humanité.
La première responsable de l’ASCOMA soutient que l’Etat a fait des efforts pour la lutte contre la Covid-19 à travers la distribution des gels, masques, des campagnes de sensibilisation et d’autres mesures de protection. Soucieuse de la protection des droits des consommateurs, la présidente de l’ASCOMA a invité les populations au respect des mesures édictées par les autorités sanitaires. « La maladie à coronavirus est exceptionnelle en ce sens qu’elle s’attaque à la source meme de la vie, c’est-à-dire les voies respiratoires. C’est pourquoi les mesures barrières doivent etre respectées, le port du masque, le lavage régulier des mains au savon, le respect de la distanciation pendant les regroupements », a-t-elle dit.
Pour Mme la présidente de l’ASCOMA, les autorités doivent assurer la prise en charge des malades de covid-19 et veiller à ce que personne ne soit mis à l’écart face à cette pandémie.
Fervent défenseur des droits de l’Homme, le président du Réseau Média et Droits de l’Homme (RMDH), Boukary Daou, a retracé quelques pistes de combat de son regroupement face à la Covid-19. « Nous sommes constitués de journalistes de la presse écrite, de l’audiovisuel, de presse en ligne et d’activistes des réseaux sociaux, et le moyen d’action, c’est la collecte, la production et la publication d’articles ou la diffusions d’émissions télé et radio. Ces articles visent à informer et sensibiliser pour non seulement faire le constat des conséquences de la covid-19 sur les droits humains, mais aussi pour contribuer à intégrer la dimension de ces droits dans la prévention, la réponse et le relèvement face à la COVID-19 », a-t-il expliqué.
Selon le président du RMDH, tous les secteurs économiques et socioculturels ont été affectés par la Covid-19, et des activités humaines sont liés les droits civils et politiques, et les droits économiques, sociaux et culturels. « Des gens qui sont contraints de fermer les boutiques, d’entrer tôt à cause de la restriction, des femmes et hommes de media contraints à réduire leurs mouvements de vérification, de recoupement de l’information, des femmes à la maison qui doivent faire face à des tâches supplémentaires liées à la surveillance des enfants, des écoles sont souvent fermées, autant d’exemple qui rendent compte du fait que la pandémie de la maladie à coronavirus affecte les droits humains dans leur diversité.
Face à l’urgence du moment, Boukary Daou dira que la collaboration entre le RMDH, la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et la Division droits de l’Homme et de la protection (DDHP) de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), à travers le Projet de protection et de promotion des droits de l’Homme en riposte à la covid-19 au Mali est une contribution pour intégrer la dimension des droits de l’Homme dans la prévention, la réponse et le relèvement face à la covid-19 au Mali. Cela à travers une couverture cohérente et plus précise de la question des droits de l’Homme. Ledit projet vise à aider les journalistes maliens afin de mieux informer sur la covid-19 et ses effets sur les droits de l’Homme, ainsi que les actions publiques ou privées permettant d’atténuer les inégalités sociales et d’autres effets du coronavirus.
A la date du 10 décembre 2020, notre pays comptait 5576 cas positifs à la covid-19, 125 décès dans les centres de prise en charge et 59 dans la communauté, 3502 guéris. 1896 personnes-contact font l’objet d’un suivi quotidien.
Sidiki Dembélé
Source: Le Républicain- Mali