Vendredi 2 février 2018, un naufrage a eu lieu sur la méditerranée. Au total, 90 disparus. Ce drame fut l’occasion pour les autorités pakistanaises de découvrir un réseau de trafic d’êtres humains entre la Libye et le Pakistan.
La découverte de ce réseau vient s’ajouter à celui qui existait en Libye et qui concernait essentiellement les migrants subsahariens. Ce réseau découvert entre la Libye et le Pakistan, cette fois-ci, concerne exclusivement les migrants pakistanais. Ceux-ci, pour rejoindre l’Italie empruntent la Méditerranée tout comme les Africains pour arriver en Libye où ils sont embarqués vers l’Italie. Mais, contrairement aux Africains qui traversent le désert avant d’arriver à la Méditerranée et arrivés enfin en Libye en toute illégalité, les migrants pakistanais arrivent en Libye en toute légalité grâce à l’appui d’un réseau mafieux qui se fait dénommé, bureaux d’offre d’emploi.
Ces bureaux se donnent pour rôle d’être des médiateurs entre les trafiquants et les migrants voire leurs familles. Ils disent avoir pour objectifs d’aider les migrants à préparer leur départ sur Tripoli en toute légalité. À cet effet, ils sont capables de concevoir des visas et des papiers indiquant que les intéressés doivent venir à Tripoli pour des travaux qui n’existent que dans leur imagination (l’imagination des agents des bureaux d’offre d’emploi).
Ces bureaux sont une véritable bande d’escroquerie qui n’hésitent pas de mettre en contact les migrants tombés dans les filets des trafiquants, qui ne sont que leurs collaborateurs, avec leur famille pour qu’ils leur demandent une certaine somme d’argent à payer afin qu’ils puissent être non seulement libres, mais aussi avoir de faux papiers qui faciliteront leur départ sur Tripoli.
Cependant, dans ces derniers temps, il y eut une demande croissante concernant la multiplication de ces bureaux d’offre d’emploi, ce qui ne tarda pas à soulever les impressions des autorités pakistanaises qui n’ont plus hésité à se lancer dans les recherches pour savoir de ce qu’il en était réellement. C’est pendant ces mêmes temps qu’eut lieu ce naufrage le vendredi dernier sur les côtes libyennes faisant au total 90 disparus. Les enquêtes ont fait état de 19 migrants en situation d’esclavage de type pakistanais parmi ces 90.
Par ailleurs, cette affaire mérite d’être creusée. Car comment comprendre que ces individus réussissent à faire des visas et d’autres papiers administratifs sans la moindre complicité des ambassades libyennes et pakistanaises ? Cela s’avère quasiment impossible à première vue. Ce qui montre ipso facto qu’ils sont en complicité avec ces autorités.
Comme de la cause à l’effet, nous pourrons dire sans risque de se tromper que nous nous trouvons devant une forme de légitimation de l’esclavage dans un monde de droits. À quoi servent alors les droits de l’homme dans un monde où l’esclavage ne cesse de renaitre sous de nouvelles formes ? Quel est le droit du pauvre ? En effet, les droits de l’homme sont en train de devenir les droits des plus forts, les plus opulents.
Cette forme d’esclavage au pakistanais fait suite à celle qui se pratiquait en Libye sur les migrants subsahariens qui étaient vendus, échangés contre de l’argent pour venir travailler dans les champs de leur propriétaire. D’autres encore étaient faits prisonniers, condamnés au travail journalier au compte de leur propriétaire.
Toutes ces pratiques se font dans un monde de droits, dans un monde où on dit défendre la dignité de la personne, le droit des minorités ; où on dit que « tous les êtres humains sont égaux en droit et en dignité ». Ce monde aura tout vu avec la montée fulgurante du capitalisme qui devient de plus en plus sauvage. Vu toutes ces immoralités, des mesures draconiennes doivent être envisagées.
Fousseni TOGOLA
Le Pays