En tant qu’actrices sociales et économiques majeures, elles sauront interagir dans le processus de la décision à tous les niveaux
Le forum sur la concertation inter-régionale pour la réconciliation et la réinsertion socioéconomique des femmes et des enfants affectés par la crise a débuté hier à Bamako. La rencontre est initiée par le ministère de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant et celui de la Réconciliation nationale et du Développement des Régions du Nord. L’ouverture des travaux était présidée par le Premier ministre Oumar Tatam Ly. C’était en présence du ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Mme Sangaré Oumou Ba et de son homologue de la Réconciliation nationale et du Développement des Régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah. Plusieurs membres du gouvernement, des leaders d’associations féminines de notre pays ainsi que les autorités administratives et politiques étaient également présents.
La rencontre entend contribuer à la consolidation d’une paix durable grâce à la prise en compte dans le processus de la réconciliation et du développement local, des besoins et spécificités des femmes et des enfants affectés. Elle se déroulera en deux temps. Premier acte : les participants venus de toutes les régions suivront des communications sur des thèmes comme « Genre, droits fondamentaux de la femme et de l’enfant, paix, politique gouvernementale de réconciliation nationale, de stabilisation politico institutionnelle et de réforme de l’Etat ». Second acte : les participants seront regroupés dans des ateliers thématiques de réflexion.
Ces journées d’action des femmes pour la réconciliation constituent un moment fort d’engagement collectif des femmes pour la paix. Elles se situent dans la ligne des actions entreprises par les autorités, notamment l’organisation des Assises nationales sur le Nord, suivies des forums locaux et régionaux comme celui de Gao. Durant ces différentes réunions, les participants ont plaidé pour une forte implication à la fois des femmes, des jeunes et des légitimités traditionnelles dans la résolution du conflit.
DES INVESTIGATIONS APPROFONDIES. Ce qui fait dire au ministre de la Réconciliation nationale et du Développement des Régions du Nord que les femmes seront au cœur du processus de réconciliation nationale avec l’appui des jeunes, l’accompagnement des acteurs communautaires, mais aussi de la classe politique et de la société civile dans son ensemble. Du fait du rôle incontournable de la femme dans la médiation, Cheick Oumar Diarrah dira que son département, dans sa vision stratégique, lui accorde une attention particulière dans le processus de construction de la paix dans notre pays. Ces journées qui mobilisent les femmes se solderont par des recommandations fortes sur la stratégie de sortie de crise, la réconciliation nationale, le modus operandi de la restauration de la confiance entre les Maliens et entre les Maliens et l’Etat, a-t-il espéré en réitérant sa conviction que les femmes seront au centre du rétablissement de la cohésion sociale, du renouveau de notre société.
Le gouvernement, a-t-il assuré, est à pied d’œuvre pour créer des conditions indispensables à la conduite d’un processus global pour, d’une part, assurer le rapatriement et la réinstallation des populations réfugiées. Et, d’autre part, aller à des négociations inclusives et trouver des réponses aux attentes des victimes des conflits qui ont secoué le nord du pays de 1960 à nos jours.
A cet effet, la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) mènera des investigations approfondies pour faire la lumière sur tous les contentieux non vidés, toutes les sources de colères, de ressentiments, de crispations qui innervent le corps social dans les trois régions du Nord, a promis Cheick Oumar Diarrah. Il a donné l’assurance que les moyens seront mis en œuvre pour pourvoir une juste réparation des dommages et des préjudices causés aux personnes, aux familles dans un esprit d’équité, de dignité. Cela parce qu’il nous faudra, ensemble, surmonter les rancœurs accumulées par plusieurs générations de nos concitoyens.
Selon le ministre Diarrah, il nous faut impérativement tourner la page du passé pour construire le présent et nous projeter dans un avenir qui sera conforme à nos légitimes aspirations de progrès social, de liberté et de justice. Il nous faut ensemble forger une nouvelle dynamique historique nous permettant de trouver les voies et moyens de notre élévation collective. Pour une sortie définitive de la crise et la refondation d’un Mali nouveau sur des bases solides et pérennes, nous avons besoin de deux choses fondamentales, a insisté Cheick Oumar Diarrah : du courage et de la patience.
UNE APPROCHE AXEE SUR LE GENRE. Il nous faut du courage afin d’affronter la vérité, de chérir la vérité, d’assumer la vérité avec dignité. Pour la reconstruction nous devons nous armer de patience car cela nécessitera une mobilisation durable de toutes nos intelligences, de nos énergies et de notre force collective.
Le ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant jugera, pour sa part, que le contexte politico-sécuritaire évolue progressivement vers la réconciliation nationale et le rétablissement d’une paix durable. Cependant, certaines situations risquent de mettre en péril les acquis actuels de cette phase de stabilisation et de restauration de la paix. Cela par la résurgence de nouvelles tensions au sein des communautés affectées par les conflits armés. Au nombre de celles-ci, on peut retenir entre autres : le non retour massif des déplacés et réfugiés, les problèmes spécifiques liés aux retours, la méfiance persistante entre les communautés affectées. Il faut aussi citer l’insuffisance de capacités pour répondre à l’augmentation critique de la demande des services sociaux de base y compris ceux relatifs à la protection des droits fondamentaux de la femme et de l’enfant.
Pour répondre aux défis liés à la réconciliation et à la réinsertion socioéconomique des femmes et enfants affectés par la crise, il faut, selon Mme Sangaré Oumou Ba, une sensibilité et une approche axée sur le genre tenant compte des femmes qui sont à la fois victimes et actrices. La rencontre permettra, de son point de vue, de réfléchir sur l’intégration des approches « genre et protection de l’enfant » dans les stratégies, programmes et pratiques liés à la paix, la réconciliation et au relèvement communautaire. Il s’agit aussi et surtout d’identifier les pistes d’actions novatrices dans une approche concertée et coordonnée.
Mme Sangaré Oumou Ba a promis que son département s’appuiera sur les résultats des travaux de la présente concertation inter régionale, afin de consolider l’élaboration en cours du nouveau projet spécifique 2014-2016 dédié aux femmes et enfants victimes de conflits armés. Ce projet d’action en gestation vise essentiellement à répondre à leurs besoins de cohésion sociale, de réinsertion socioéconomique et de consolidation d’une paix durable particulièrement à ceux fragilisés par des crises et des conflits.
Pour le Premier ministre, la rencontre permettra de mesurer à sa juste valeur le rôle de la femme tel que décrit par la politique nationale genre et la résolution 1325 des Nations-unies pour le règlement du conflit, l’édification et le maintien d’une paix durable dans notre pays.
Les Maliennes ne peuvent et ne doivent pas rester en marge du processus de la paix et de la réconciliation dans notre pays. Car sans elles, rien n’est possible. Nul doute que la paix adviendra quand les femmes veulent la paix et s’engagent à cet effet. Ce forum est une étape décisive dans la quête de la réconciliation, et de la paix dans notre pays, a souligné Oumar Tatam Ly.
Le Premier ministre a jugé qu’en tant qu’actrices majeures de l’économie, les femmes sauront interagir dans le processus de la décision à tous les niveaux. Elles s’investiront également dans le management des projets engagés pour en optimiser les résultats et créer des synergies au bénéfice des femmes et des familles de leurs collectivités respectives. Le chef du gouvernement a engagé le ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant à étudier et à appliquer les différentes recommandations de ce forum.
M. A. TRAORE
