En vue de doter la commission de l’UEMOA d’un outil d’aide de décision dans la mise en œuvre de sa politique commune de paix et de sécurité, les experts des Etats membres de la CEDEAO, de l’UEMOA et de l’OIF sont en conclave depuis hier à l’Hôtel Radisson Blu. Il s’agit d’un important séminaire sous régional de 5 jours regroupant des consultants et des représentants des organisations internationales et régionales, élargi aux coordonnateurs nationaux Wanep de l’alerte précoce de la CEDEAO et aux commissions de l’UA, en vue de l’établissement d’un mécanisme de veille et d’alerte rapide au sein de l’UEMOA.
La cérémonie d’ouverture a lieu hier lundi 31 août sous la présidence du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le Général Sada Samaké représentant son collegue des Affaires Etrangères. C’était en présence du commissaire chargé du département du marché régional du commerce, de la concurrence et de la coopération de l’UEMOA, M. Christoph Joseph Marie Dabiré, du conseiller diplomatique du président de la commission de l’UEMOA, notre compatriote et ancien ministre Moctar Ouane et de plusieurs autres personnalités.
Le séminaire s’inscrit dans le cadre du programme stratégique pour la paix et la sécurité dans l’espace UEMOA, son plan d’actions ainsi que la feuille de route ont été données au président de la commission, dont les axes majeures sont la prévention des crises et des conflits, la consolidation de la paix et la reconstruction, post conflit et la résilience.
Dans son intervention, le commissaire chargé du département du marché régional, du commerce, de la concurrence et de la coopération de l’UEMOA dira que la commission travaille à donner corps au chantier paix et sécurité et considère qu’il faut aller au delà des actions ponctuelles pour bâtir un système solide, durable et efficace. Christoph Joseph Marie Dabiré indiquera que le souhait de la commission, à l’issue de la rencontre, est de disposer d’indications pertinentes sur les étapes à franchir en vue de la construction d’un instrument de veille et d’alerte rapide au sein de l’union qui devrait compléter et renforcer les mécanismes déjà existants en Afrique de l’Ouest.
Quant au ministre Sada Samaké, il a rappelé que le diagnostic de la situation politico- sécuritaire dans l’espace UEMOA révèle l’existence d’un environnement de crises ou de conflits. Selon le ministre, cette situation, caractérisée par une insécurité grandissante et multiformes est la résultante de la combinaison de plusieurs facteurs dont l’impact négatif de la crise mondiale sur les économies des Etats membres, la mal gouvernance politique, économique et sociale. « Le cas spécifique du Mali en est une belle illustration. C’est pourquoi, le gouvernement et ses partenaires portent, plus que jamais, une attention particulière à l’opérationnalisation du mécanisme de veille et d’alerte rapide de l’Uemoa, qui viendra soutenir les efforts en cours dans ce domaine, aux plans national et régional », a déclaré le ministre.
Il est à souligner que, pendant 5 jours de travaux, les participants passeront au peigne fin plusieurs thématiques inscrites à l’ordre du jour avant de valider la feuille de route pour la mise en place du mécanisme de veille et d’alerte rapide au sein de l’UEMOA. Il s’agit plus spécifiquement de faire l’état des lieux de la mise en œuvre du chantier « paix et sécurité », d’examiner les problématiques de l’alerte précoce, d’identifier les instruments de l’alerte rapide ainsi que les besoins de renforcement des capacités des coordonnateurs nationaux WANEP, de coordonnateurs nationaux d’alerte précoce de la CEDEAO.
Rappelons que, c’est en 2011 que les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union ont décidé de faire de la question de paix et de sécurité un chantier majeur de l’espace UEMOA. Cette vision s’est matérialisée par la mise en place d’un comité de haut niveau actuellement dirigé par le président sénégalais Macky Sall qui a été suivi par d’autres importantes étapes. Il s’agit notamment, de la validation du document d’orientation sur la mise en œuvre du chantier « paix et sécurité », de l’adoption de l’Acte additionnel instituant une politique commune de l’UEMOA dans le domaine de la paix et de la sécurité et de la validation du programme stratégique pour la paix et la sécurité dans l’espace UEMOA ainsi que son plan d’actions. Cette vision commune est née du constat que la situation politico-sécuritaire qui prévaut dans les Etats membres de l’Union sont des défis qui remettent en cause les acquis de l’Union dans les domaines macro-économiques et financières de la politique commerciale, de la politique de l’aménagement du territoire et de la politique minière et industrielle. Il faut noter que cette situation politico-sécuritaire commune à tout l’espace est caractérisée par des maux qui ont pour noms : l’instabilité récurrente des institutions républicaines, la recrudescence des trafics en tous genres, le développement accéléré du terrorisme, la résurgence des mouvements de rébellion, la vulnérabilité aux catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire, l’obstacle à la reconstruction post conflit, entre autres.
Daniel KOURIBA
Source: Tjikan