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Paix et réconciliation : LA DYNAMIQUE DU DIALOGUE A PRIS SON ELAN »

Les négociations en cours à Alger sont les résultats d’un travail méthodique de préparation des esprits à des accords concertés pour une paix durable

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« Le dialogue est l’arme des forts et non des faibles. C’est l’arme de ceux qui font passer les problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d’amour propre. Dans la recherche de la paix, la vraie paix, on ne doit pas hésiter un seul instant à recourir avec obstination au dialogue», disait justement feu le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny début février 1970. Dans les faits, préparer les esprits à la paix et à la réconciliation n’est pas tâche aisée. Parce que les blessures et les humiliations infligées ça et là sont des souvenirs encore vivaces dans les mémoires. De la barbarie perpétrée dans les camps militaires aux viols de femmes en passant par des scènes de pillage, les cœurs sont meurtris par plusieurs années d’occupation et de privation. Mais aucun sacrifice n’est de trop pour l’intérêt de la patrie. Fort de cette conviction, les autorités ne se sont pas lassées de multiplier les contacts pour ramener tous les fils de notre pays au tour de la table des négociations. Objectif : faire taire les armes et rétablir le vivre ensemble qui caractérise les grandes nations au passé riche et glorieux. La bonne foi du gouvernement ne fait pas de doute. Ainsi, en prélude à la tenue des États généraux de la Décentralisation, organisés les 21, 22 et 23 octobre 2013, il y a eu la phase conceptuelle de l’atelier de validation du Plan de développement accéléré des régions du Nord. Ces états généraux ont abouti à des recommandations fortes sur la gouvernance, et à l’idée d’une politique de régionalisation. Les Assises nationales sur le Nord, tenues du 1er au 3 novembre, avec la participation de toutes les couches sociales et de toutes les catégories socioprofessionnelles, des réfugiés, et aussi des mouvements armés, ont mis à profit les conclusions des précédents états généraux et se sont appesanties sur trois thèmes majeurs. Il s’agit de la réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble ; la gouvernance et la décentralisation ; et le Plan de développement accéléré des régions du Nord. Les Assises, conçues comme étant une étape de la dynamique du dialogue national inclusif, ont fortement contribué à apaiser les tensions, et même à redonner une certaine confiance aux différents acteurs. Elles ont notamment recommandé de poursuivre et d’approfondir la quête de cohésion et d’unité, à travers des rencontres inter et intracommunautaires. Elles seront suivies des forums prévus dans toutes les régions du pays. Le premier forum régional, celui de Gao (précédé des rencontres locales dans les cercles de la région : Ansongo, Bourem, Gao, Ménaka), a lieu du 28 novembre au 1er décembre 2013. Il a permis de décrisper l’atmosphère, de lever des équivoques, de mettre fin à des suspicions, et d’énoncer des vérités crues, face à face ; certains éléments des Mouvements armés ayant pris part aux travaux. C’est dans l’évènement de « la Semaine de Tombouctou pour la paix et la réconciliation » que le Forum régional prit sa place, avec d’abord les rencontres locales. Avec un fort accent culturel, la Semaine était l’occasion de faire renaître la ville sainte après le traumatisme de son occupation, avec la volonté de magnifier le patrimoine altéré par les forces obscurantistes. Le forum s’est terminé dans la joie et la communion. La Semaine a également servi de cadre à la Rencontre nationale des jeunes autour du thème : « Contribution de la jeunesse à la démarche gouvernementale de réconciliation nationale ». A l’issue de ces rencontres, le climat social s’est sensiblement amélioré, avec le retour des populations, et la reprise des activités de commerce.  MOBILISATION SOCIALE. Le ministère dédié à la réconciliation nationale, en partenariat avec la MINUSMA, a organisé plusieurs ateliers à Bamako pour consolider davantage les acquis des actions précédentes. Au cours des panels, regroupant l’ensemble des parties prenantes au conflit, plusieurs thèmes importants sont débattus : « Les leçons apprises des différents accords de paix », « Les modalités du cantonnement et la DDR », « Le redéploiement de l’administration et la reprise des services sociaux de base» ou encore « L’évaluation des dispositions de l’Accord préliminaire de Ouagadougou ». En plus de ces ateliers, qui ont enregistré la présence effective des représentants de l’Etat et de la communauté internationale, des délégués des mouvements armés partenaires à l’Accord de Ouagadougou et des acteurs de la société civile, il y a eu des ateliers avec les différents acteurs. Ceux-ci sont axés sur la mobilisation sociale dans le processus de paix et de réconciliation et la contribution des partis politiques. A Niamey, s’est tenu du 15 au 19 mars 2014, un forum sur la facilitation du dialogue pour la réconciliation des Communautés du Nord du Mali. Pour les organisateurs nigériens, il s’agissait de permettre et d’impulser un ultime dialogue fraternel endogène bannissant la violence, en vue de l’adhésion de tous au processus de paix, dans la dynamique d’une nouvelle gouvernance démocratique, plus crédible. Sans oublier les multiples rencontres intracommunautaires dans la région de Kidal, qui ont démarré le 8 octobre 2013, impliquant les chefs coutumiers, les chefs de fractions, les notables, les religieux, les cadres, les femmes et les jeunes, sur plusieurs sites, dont Kidal ; Kanay ; Azdjarat ; Achibagho ; Tagorast ; Adjal ; Edjerer (Asraf), Abeibara, Akomass, Tadjmart. A cela, il faut ajouter les nombreuses autres rencontres qui ont enregistré la participation du ministère de la Réconciliation autour des questions de paix et de réconciliation. Ce sont, entre autres, le Forum de la jeunesse, à Gao, la Rencontre des femmes maliennes pour la réconciliation et l’insertion socioéconomique, la Rencontre des éleveurs peuls et touareg, les Réunions intercommunautaires d’Ansongo, la Concertation des communautés de Tombouctou pour la sortie de crise et la Semaine culturelle des Jeunes du Mali, à Niono. On ne peut ignorer la récente initiative louable des « Gnamakalas » de Ségou venus à la rencontre des autorités et des acteurs politiques, pour sceller une entente de raison entre les fils du pays, pour la paix et la réconciliation. Ils ont été reçus par le président de la République, le Premier ministre, et le ministre de la Réconciliation nationale et rencontré de nombreuses personnalités, dont les figures de proue de l’opposition. Pour couronner le tout, le président de la République, afin d’afficher son attachement au dialogue, a nommé l’ancien Premier ministre Modibo Keita en qualité de haut représentant. Cette personnalité respectée est chargée de représenter le chef de l’Etat au cours des négociations. Il a déjà participé aux deux rounds des pourparlers à Alger dont le premier a abouti à une feuille de route des négociations et un accord de cessation des hostilités.

Amadou M. CISSé

LA NEGOCIATION RESTE LA SEULE VOIX POUR FAIRE LA PAIX, DIXIT LE MINISTRE OULD ZAHABI

« Tout le monde sait que ce conflit ne peut être résolu par les armes. La négociation reste la seule voix pour faire la paix. Surtout qu’il s’agit d’un conflit inter malien », a analysé le ministre de la Réconciliation nationale qui précise cependant que les principes de l’Etat sont clairs : « le respect de l’intégrité territoriale, la forme laïque et républicaine de l’Etat. Il ajoute que les futurs accords ne comprendront rien qui va à l’encontre de ces principes cardinaux. Parlant des sujets à débattre lors de ces pourparlers à Alger, le ministre Zahabi citera la réorganisation de l’administration, la sécurité, le développement, la réconciliation, la justice et l’humanitaire. Il précise aussi que les négociations doivent obligatoirement être « inclusifs » pour permettre aux autres parties prenantes d’y participer. « Le dialogue ne doit pas seulement se limiter entre le gouvernement et les groupes armés », a-t-il martelé. De son analyse en fin connaisseur du dossier, il ressort que le problème posé par ces groupes armés  est leur faible niveau de représentation. En effet, « certaines communautés ne se reconnaissent pas dans ces groupes ». Cette situation explique, selon lui, la création d’autres groupes armés. Interrogé sur la moralité de la prolifération de nouveaux groupes, notre interlocuteur précise qu’il n’appartient pas au gouvernement de valider ou de rejeter des groupes armés. Les combattants des groupes armés seront-ils réintégrés dans les rangs de l’Armée nationale ? « Je ne peux présager du contenu des futurs accords » répond-t-il précisant que les résultats des pourparlers seront largement diffusés et partagés avec tous nos compatriotes. A. M. C

source : essor

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