Le gouvernement a versé sur les comptes bancaires des entreprises concernées les montants dus au titre des exercices 2019 et celui allant du 1er janvier au 30 avril 2020
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, s’adressant le 10 avril dernier à la nation, avait promis l’apurement de «l’ensemble de la dette intérieure due au 31 décembre 2019 et le paiement des mandats au titre de l’exercice 2020 à hauteur de 100 milliards de Fcfa.» Cela pour aider les entreprises à renforcer leur résilience face aux impacts économiques de la Covid-19 qui n’épargne aucun secteur d’activité.
Comme pour réaffirmer cette volonté présidentielle à s’acquitter de ce devoir envers les entreprises, le Premier ministre Dr Boubou Cissé avait, dans son adresse du 9 mai dernier, rassuré les créanciers de l’État. «L’apurement de la dette intérieure dont le montant s’élève à plus de 110 milliards de nos francs, commencera à partir de la semaine prochaine, les mandats de 2019 s’élevant à un peu moins de 66 milliards Fcfa, contre près de 45 milliards pour ceux admis du 1er janvier au 30 avril 2020.
Cela permettra d’améliorer la trésorerie de nos entreprises, en plus des autres mesures de soutien à l’activité économique», avait promis le ministre de l’Économie et des Finances, au sortir du Conseil national de défense sur la Covid-19.
Cette annonce qui sonne comme une bouffée d’oxygène, surtout en cette veille de fête de ramadan, a été concrétisée. En effet, sur instruction du chef du gouvernement, les services du ministère de l’Économie et des Finances ont procédé à l’apurement de la dette intérieure due par l’État aux opérateurs économiques, apprend-on de source sûre à l’hôtel des finances. Depuis le 11 mai 2020, rappelle notre source, la mise en œuvre de cette mesure a été enclenchée. «Il s’agit de l’ensemble des créances détenues par les agents économiques résidents au Mali sur l’État.
D’un montant global de 110,471 milliards de Fcfa, la mise en application de cette mesure présidentielle permet d’atténuer les effets de la Covid19 sur l’activité des entreprises par l’amélioration de leur trésorerie tout en préservant leurs activités », explique notre interlocuteur. Et d’ajouter que l’ensemble des opérations de paiements a été effectué sur les comptes bancaires des entreprises concernées.
Il s’agit, à en croire notre informateur, du paiement des arriérés et des instances de paiement d’un montant de 110,471 milliards de Fcfa aux opérateurs économiques.
Cela au titre de l’exercice 2019 et sur la période allant du 1er janvier au 30 avril 2020, comme il avait été annoncé par le Premier ministre, Dr Boubou Cissé. À préciser que les mandats admis restant au titre de l’exercice 2019 représentaient 65,781 milliards de Fcfa. Ceux allant du 1er janvier au 30 avril 2020 sont estimés à 44,690 milliards de Fcfa.
Contacté au téléphone à cet effet, le directeur national du trésor et de la comptabilité publique a confirmé l’information. « Bien sûr. C’est déjà payé », a répondu Sidi Almoctar Oumar. Ce paiement intervient à un moment où tous conviennent de l’importance qu’il y a à rembourser les crédits contractés auprès des opérateurs économiques locaux.
La question de la dette intérieure est au cœur des décisions à l’Union africaine (UA), soulignait Ibrahim Assane Mayaki, lors d’une conférence virtuelle organisée la semaine dernière par le Réseau des entreprises en Afrique de l’Ouest (REAO). «Il n’y aura pas de décollage économique réel souhaité s’il n’y a pas de remboursement des arriérés intérieurs. Ne négligez pas vos dettes intérieures», avait plaidé le CEO Nepad de l’UA.
L’apurement de la dette intérieure donnera à coup sûr un souffle nouveau à l’activité économique de notre pays. Surtout que les entreprises, bénéficiaires de ces fonds, voyaient leurs chiffres d’affaire dégringolés jour après jour à cause des effets de la maladie à coronavirus. Tous les secteurs d’activités, tous les pans de l’économie sont touchés par cette pandémie. L’hôtellerie, le tourisme, les banques, la santé, l’industrie, le transport, etc. sont sinistrés.
Le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) estime très importantes les pertes des entreprises. Ce geste salvateur du gouvernement pourrait aider les acteurs économiques à mieux résister aux effets de la pandémie. Et le risque de les voir mettre au chômage 50% de leurs employés s’éloigne en même temps.
C. M. T.
Source : L’ESSOR