A Bamako, dans les ruelles, devant les concessions, dans l’enceinte des services, des bœufs sont attachés, prêts à être abattus pour les besoins de la célébration de la fin du mois de jeûne des fidèles musulmans. C’est devenu une tradition et un signe de la fin du mois de pénitence : quand on voit les gens égorger des bœufs et se partager la viande, le lendemain sera la fête.
Ce vendredi, dernier jour de la période de la privation, marque, probablement, la fin du mois de jeûne pour les musulmans du Mali. Car, depuis plus de dix ans, la Commission d’observation e croissant lunaire scrute le ciel à partir du 29e jour du mois sacré.
Cette année, la fête de l’Eïd El Fitr intervient dans un contexte particulièrement difficile suite à la pandémie du Coronavirus qui sévit dans le pays et dans le monde. Ce qui complique sérieusement les préparatifs de la fête du Ramadan. Cependant, les Bamakois n’ont pas renoncé à la tradition de l’abattage de bœufs pour ravitailler en viande leur famille.
Les tontines de viande créés à cet effet sont au rendez-vous. Dans les services, les ‘grins’, les familles ou entre proches, les personnes de même profession, entre autres, cotisent pour acheter un ou des bœufs. La tradition est respectée au Mali cette année en dépit de la crise consécutive au Covid-19.
« Nous cotisons chaque dimanche 1000 Fcfa dès la première semaine qui suit la dernière fête de ramadan. C’est avec cet argent que notre groupe achète chaque année notre bœuf dont on partage la viande entre les membres de notre ‘grin’ », explique Seydou Traoré en train de donner à manger au ruminant à notre passage. L’animal est solidement attachement à côté du lieu où se réunit leur ‘grin’, à N’tomikorobougou. « Chacun de nous apporte ainsi de la viande dans sa famille sans sentir le coût », ajoute Moussa Bâ, un autre membre de la bande, au complet dans leur coin habituel de causerie.
« Il faut venir à l’heure, vers 08h du matin, pour assister à l’abattage de notre bœuf. Ça aura lieu le vendredi 22 mai 2020, au niveau du marche aux bétails, non loin de l’usine SOMAPIL, au quartier Sans-fil », c’est le message reçu par un confrère d’un journaliste. A l’en croire, leur groupe est au nombre de cinq. Ils ont reçu d’un partenaire un bœuf dans le cadre de la célébration de la fête de Ramadan. A l’image de ce groupe, des associations et autres organisations de la presse privée au Mali bénéficient d’aides venant de structures étatiques et/ou non gouvernementales. C’est ainsi que l’Association des éditeurs de la presse (ASSEP) distribue d la viande à ses membres à l’occasion de chaque de fête l’Eïd El Fitr.
A l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP), la direction finance l’achet de bœufs au profit des bénévoles et autres jeunes gens qui lavent les véhicules des travailleurs de l’entreprise. « Le chef du parc automobile nous a recensés, mardi dernier, dans le cadre de la distribution gratuite de la viande. Ce sont ces animaux qui sont au coin là-bas », se réjouit Mlle Doumbia, une stagiaire, tout en nous montrant les bœufs attachés vers l’entrée du service.
« Nous avons acheté un bœuf à 200 000 Fcfa que nous allons nous partager entre quatre personnes », signale Papa Diabaté, au parking de vente de véhicules d’occasion au quartier Badialan. Selon lui, chacun à contribuer 50 000 Fcfa.
Par contre, Souleymane Diakité n’apprécie pas la viande de tontines. « Moi, j’ai arrêté de participer aux tontines depuis trois ans. Je préfère me procurer de la viande au marché, dans les boucheries. C’est plus avantageux », dit M. Diakité, domicilié à Koulouba village, prétextant que les tontines ne sont pas intéressantes.
OD/MD
(AMAP)