Loin des trottoirs qui étaient autrefois le théâtre de ces échanges, cette forme de prostitution s’organise désormais en ligne (via les réseaux sociaux) ou par téléphone. Les tarifs sont négociés avant de convenir d’un rendez-vous dans des hôtels, des appartements ou des domiciles privés. Le problème est que ce métier attire des profils variés : il ne s’agit pas uniquement de professionnelles de la rue, mais parfois de jeunes étudiantes, élégantes et bien intégrées, que l’on ne soupçonnerait jamais de pratiquer cette activité.
Dans certains quartiers, on observe ainsi des jeunes femmes louer des appartements coûteux malgré l’absence d’emploi stable, ce qui soulève des questions sur la provenance de leurs moyens financiers. La frontière entre jeunes filles ordinaires et prostituées devient floue, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les rues ou dans les boîtes de nuit de la capitale.
À Bamako, ce phénomène prend une ampleur telle qu’il devient difficile de distinguer celles qui se livrent au « pâa » des autres, que ce soit sur TikTok, Tinder, Sweet Meet ou Instagram. Souvent, quelques échanges suffisent pour organiser des rendez-vous tarifés, avec des sommes variant entre 5 000 et 50 000 francs CFA.
Cette nouvelle génération de jeunes femmes, surnommée « pâa ke law », affiche souvent les derniers modèles de téléphones et des tenues élégantes sans emploi déclaré. On les aperçoit rarement en journée, mais l’apparition de gadgets coûteux comme l’iPhone 16, proche du million de francs CFA, est révélatrice d’un style de vie surprenant pour beaucoup. Il est vraiment temps pour nos sœurs de « garder raison ». Sinon, c’est un Mali bien différent de celui des héros historiques comme Soundjata, Babemba et Modibo Keita qui se profile pour les générations futures, marqué par un décalage profond entre tradition et modernité.
Fousseyni SISSOKO
Source : NOTRE VOIE