Le comité des experts, mis en place unilatéralement par la Junte au pouvoir pour faire la synthèse des propositions et dégager une ligne directrice suite aux travaux de validation des Termes de références des concertations nationales, a remis son rapport à qui de droit hier. Ce document retrace les grands axes qui feront l’objet de discussions lors des assises qui s’ouvrent aujourd’hui au CICB sous la présidence du Colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire.
De sources bien introduites, ce rapport élaboré par plusieurs experts a été reçu par le conseiller juridique de la junte, Youssouf Z Coulibaly. Il y retrace la feuille de route et une charte de la transition, fait des propositions sur les organes de la transition, futures institutions, les principes et les qualités de ces institutions. Les concertations qui démarrent ce jeudi devraient être l’occasion pour les délégués venus de divers horizons de débattre sur les questions cruciales relatives à la durée de la transition, le choix des personnalités consensuelles qui vont diriger cette transition, à savoir les civils ou militaires qui vont occuper les postes de président de la Transition, du chef et les membres du gouvernement de transition. A ces discussions s’ajoutent, le choix des organes de la transition ; son mandat ; les réformes structurelles et constitutionnelles, etc.
Les délégués des partis politiques, des organisations de la presse, syndicales, de la société civile et de l’armée devront prendre part aux travaux desdites concertations nationales. Elles seront l’occasion indiquée par le M5-RFP qui a conduit les contestations pendant trois mois contre le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta de révéler au grand public les axes de sa stratégie et ses propositions sur la transition.
D’ores et déjà, Dr. Choguel Kokala Maïga a indiqué que le M5-RFP opte pour une transition politique civile dont la durée pourrait varier entre 10 et 24 mois. « Le M5-RFP a été clair avec les membres du CNSP, en leur disant qu’ils ne peuvent pas gérer la présidence de la transition, car leur mission n’est pas de faire la politique, mais plutôt de défendre le Mali et de sécuriser sa population », ajoute ce cadre du comité stratégique du M5-RFP.
Plusieurs partis politiques de l’ex-majorité présidentielle ont fait également des propositions, où ils réclament une transition civile. Lors de la phase régionale des concertations de la semaine dernière sur l’ensemble du territoire, les régions de Gao, Kayes, Koulikoro et Ségou ont recommandé que la transition soit dirigée par un civil. La Cédéao est également favorable à cette logique. Elle a même donné un ultimatum au CNSP de mettre en place les organes de la transition et de rendre le pouvoir aux plus tard le 15 septembre. Pour maintenir la pression, l’organisation sous-régionale a refusé de lever les sanctions économiques qu’elle a infligées au Mali et aux membres du Comité National pour le Salut du Peuple.
Contrairement aux positions susmentionnées, certaines régions comme Mopti, Tombouctou et Ménaka, ont porté leur choix sur un militaire pour la présidence de la transition. La région de Tombouctou est allée plus loin en demandant que l’organe législatif de la transition soit composé de 50% de militaires et de 50% de civils, pareil pour les membres du gouvernement. Un sondage rendu public cette semaine par la Fondation Twindi et réalisé sur l’ensemble du territoire du Mali indique que plus de 60% des personnes sondées voudraient que la transition soit présidée par un militaire. S’y ajoute à la position de la manifestation populaire du mercredi dernier, initiée par le Mouvement populaire du 4 septembre, et qui scandait que la transition soit placée sous la direction des militaires.
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