La session d’avril du Conseil National de Transition s’est ouverte ce lundi 3 avril 2023 dans la salle Djeli Baba Sissoko du Centre International de Conférence de Bamako. Dans son discours d’ouverture, le président du CNT, le Colonel Malick Diaw est revenu sur le maintien des sanctions de la CEDEAO malgré toutes les démarches effectuées auparavant par les Ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. ” La CEDEAO a décidé de maintenir ses sanctions contre les trois pays et d’imposer, en plus, une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires. En outre, elle a appelé l’ONU, l’Union Africaine et tous les partenaires internationaux à soutenir la mise en œuvre de ces décisions sur le Mali, le Burkina Faso et la Guinée”. Saluant la résilience dont ces Etats ont fait preuve, le président du CNT tranche avec satisfaction. “Nous pouvons même dire Grand Merci à la CEDEAO pour nous avoir démontré, à travers ses agissements, que nous ne devons compter exclusivement que sur nous-mêmes”.
Le président Diaw a également salué les excellents résultats déjà obtenus et encourage davantage le gouvernement dans la mise en œuvre effective et diligente de toutes actions en lien avec l’amélioration des conditions de vie et de travail des Maliens. Ci-dessous le discours intégral du président du CNT.
Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement,
Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Chers collègues membres du Conseil National de Transition,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Excellences, Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique,
Madame et Messieurs les Présidents des Autorités Administratives Indépendantes,
Monsieur le Chef d’Etat-major Général des Armées,
Messieurs les Chefs d’Etat-major et Directeurs de Services,
Monsieur le Gouverneur du District de Bamako,
Madame le maire de la Commune III du District de Bamako,
Mesdames et Messieurs les représentants des partis politiques,
Messieurs les représentants des familles fondatrices de Bamako et des autorités traditionnelles et religieuses,
Distingués invités, en vos rangs, qualités et grades, tous protocoles observés,
Mesdames et Messieurs,
Au Conseil national de Transition, nous aurons toujours une pensée pieuse pour les victimes civiles et militaires, maliennes et étrangères, tombées sur le sol malien du fait du terrorisme. En leur hommage, je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence.
Que leur âme repose en paix ! Je vous remercie.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
En ce premier lundi du mois d’avril, je vous souhaite la chaleureuse bienvenue à la cérémonie d’ouverture solennelle de la session ordinaire d’avril 2023 du Conseil national de Transition. Conformément à l’article 65 de notre Constitution, nous voici donc répartis pour 90 jours d’intenses travaux parlementaires.
A vous tous qui nous avez fait l’honneur d’être présents ici cet après-midi, malgré vos agendas chargés, je vous exprime la déférente reconnaissance de l’ensemble des membres du CNT. Votre intérêt ainsi renouvelé à notre Institution dénote l’attachement que vous lui portez en tant qu’organe législatif de la transition chargé de voter les lois de la République, de contrôler l’action gouvernementale, d’orienter, de suivre et d’évaluer la feuille de route de la transition. Ce signal fort que vous donnez au CNT, et par ricochet au peuple malien, nous motive de jour en jour dans la poursuite de notre mission parlementaire pour le renouveau du Mali.
Je voudrais, Mesdames et Messieurs, saluer très chaleureusement la présence de Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement qui, malgré ses nombreuses occupations et préoccupations, nous fait toujours l’honneur de participer à nos rentrées parlementaires. Les mêmes salutations vont à l’endroit de tous les membres du Gouvernement auxquels je réitère nos compliments pour les efforts fournis dans la conduite de la transition, sous le leadership éclairé du Président de la Transition, Chef de l’Etat, S.E Le Colonel Assimi GOITA.
Je vous rappelle, Monsieur le Premier ministre, que même silencieux, les maliens de tous bords, du fond de leurs cases, sur leurs lieux de travail, dans les villes et campagnes, nous regardent et nous suivent de très près. Ils scrutent nos moindres faits et gestes car espèrent toujours sur les gouvernants que nous sommes pour satisfaire leurs besoins essentiels et combler leurs attentes légitimes. A cet égard, tout en saluant les excellents résultats déjà obtenus, j’encourage davantage le gouvernement dans la mise en œuvre effective et diligente de toutes actions en lien avec l’amélioration des conditions de vie et de travail de nos concitoyens. Sur ce chapitre, je vous donne l’assurance que vous pourrez toujours compter sur le CNT pour vous accompagner dans vos efforts.
Chers Collègues, Distingués invités,
L’ouverture de cette session intervient à un moment où notre pays cherche à se doter d’une nouvelle Constitution. Nous avons suivi avec un intérêt singulier les travaux de la Commission de finalisation du projet de Constitution de la République du Mali dont les résultats entérinés par le Chef de l’Etat, ont été déjà présentés aux forces vives de la nation ainsi qu’aux autorités et légitimités traditionnelles. Après plusieurs tentatives antérieures de modification effectuées par les précédentes autorités, nous osons espérer fortement que celle-ci sera la bonne. Elle le sera sûrement au regard de son substrat tiré des conclusions des Assises Nationales de la Refondation et surtout au regard de son caractère inclusif tant prôné par le Président de la Transition lors des différentes étapes de son élaboration.
Nous invitons, par conséquent, toutes les forces vives du pays, toutes les couches sociopolitiques, tous les maliens de l’intérieur et ceux établis à l’extérieur, à s’approprier le document et à participer activement et massivement au reste du processus de validation. Je veux parler notamment du référendum constitutionnel dont la nouvelle date sera bientôt fixée après concertation avec l’AIGE et tous les autres acteurs électoraux.
Pour sa part, le CNT se fera l’agréable devoir d’accompagner le Président de la Transition et le Gouvernement jusqu’au terme du processus, c’est-à-dire jusqu’à l’adoption de la nouvelle Constitution consacrant la 4ème République du Mali. A cette fin, dès demain, une copie du projet de Constitution sera remise à chaque membre du CNT afin que chacun de nous puisse s’imprégner davantage de son contenu en vue de jouer pleinement sa partition citoyenne. Je me dois cependant de signaler que toute la stratégie de vulgarisation de la Constitution devrait se faire sous l’autorité exclusive du Président de la Transition, seul porteur du projet.
Chers Collègues, Distingués invités,
Comme vous le savez, la CEDEAO dotée d’une témérité hors norme, est toujours en froid avec notre pays. En effet, à l’issue de son sommet extraordinaire du 19 février 2023, la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, malgré toutes les démarches effectuées auparavant par les Ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, a décidé de maintenir ses sanctions contre les trois pays et d’imposer, en plus, une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires. En outre, elle a appelé l’ONU, l’Union Africaine et tous les partenaires internationaux à soutenir la mise en œuvre de ces décisions sur le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. Mesdames et Messieurs, nous n’avons point besoin de microscope pour savoir que la finalité obscure desdites mesures est de continuer à nuire gravement à nos Etats. Heureusement que nous sommes déjà vaccinés contre ce type de virus, pire que la covid 19.
Par ailleurs, ces sanctions illicites et malveillantes infligées à nos pays et à nos populations, au mépris des causes profondes ayant conduit aux transitions respectives, nous ont donné sérieusement à réfléchir. Au final, j’estime que nous pouvons même dire Grand Merci à la CEDEAO pour nous avoir démontré, à travers ses agissements, que nous ne devons compter exclusivement que sur nous-mêmes. C’est pourquoi, nous suivons avec toute l’attention requise l’évolution des relations de coopération entre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. La nouvelle ambition des autorités des trois pays visant à fédérer leurs efforts pour raffermir davantage l’axe Bamako-Conakry-Ouagadougou est hautement salutaire. Aucun sacrifice ne sera vain pour conforter cet élan commun vers le bonheur, la stabilité et l’émergence. Nous y croyons fermement, nous y travaillons ardemment et nous le réussirons sûrement.
J’en profite pour exprimer solennellement notre gratitude à tous les pays frères et amis, à tous les partenaires sincères, à tous ceux qui de par l’Afrique et le reste du monde continuent à nous témoigner leur admiration, leur solidarité et leur soutien.
Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
S’agissant de l’évolution de la situation sécuritaire de notre pays, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale reste toujours une préoccupation majeure. Nous notons toutefois avec bonheur que les Forces Armées Maliennes poursuivent allègrement leur rythme offensif contre les groupes armés terroristes. L’initiative sur le terrain avec la recherche, la neutralisation des combattants et la destruction des sanctuaires terroristes et criminogènes sont devenues le quotidien de nos forces. Malgré que certains endroits fassent encore l’objet de tentatives d’attaques désespérées des terroristes, nul doute que les FAMas ne leur laisseront aucun répit. Elles les traqueront sans état d’âme comme elles l’ont déjà fait au cours des dernières semaines dans plusieurs localités de Ségou, Mopti, Douentza, Bandiagara, Ansongo, Nara, Niono, Tenenkou, Kita, Djenné, etc.
Il reste entendu qu’avec les nouvelles acquisitions d’équipements militaires, l’amélioration continue du vecteur aérien ainsi que la poursuite du réarmement humain, matériel et moral des troupes, nous sommes sûrs que la victoire finale sera nôtre. Je saisis cette opportunité pour réitérer nos félicitations et encouragements à l’ensemble des forces de défense et de sécurité maliennes dans l’accomplissement de leur mission républicaine. C’est aussi l’occasion de leur signifier que le CNT travaillera toujours étroitement avec les plus hautes autorités de la transition pour doter notre pays de forces armées professionnelles, performantes et engagées sans relâche pour la défense de la patrie.
Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Conduire une transition politique n’est jamais chose aisée. Cependant, malgré les diverses turbulences de parcours que connaît notre pays, il y a lieu de reconnaître que la transition malienne évolue sereinement vers son objectif originel, celui de refonder le Mali et redonner confiance aux maliens. Tête haute, marchant fièrement comme leurs ancêtres, les autorités de la transition progresseront toujours courageusement et avec responsabilité vers ce but ultime qui guide toutes leurs actions depuis le 18 août 2020. Elles le feront avec l’ensemble des maliens, et à l’unisson nous reconstruirons le Mali pour en faire un pays florissant et respecté dans le concert des nations. Il faudrait simplement que toutes nos actions aussi bien individuelles que collectives ainsi que nos relations de coopération soient désormais marquées du sceau des trois principes cardinaux et sacro saints édictés par le Président de la Transition à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires opérés par le Mali et la défense des intérêts du Mali dans les prises de décision.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Notre session d’avril s’ouvre après une intersession très laborieuse mais très prolifique marquée notamment par deux sessions extraordinaires. La première, convoquée à la demande du Gouvernement, nous a permis d’adopter les textes relatifs à la réorganisation territoriale et d’apporter quelques modifications à la loi électorale notamment le délai de mise en place des coordinations de l’AIGE, le vote par anticipation des forces armées et de sécurité, la prise en compte de la nouvelle réorganisation territoriale dans l’organisation des élection ainsi que l’institution de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée comme carte d’électeur. Ces changements importants effectués sur la loi électorale méritent d’être largement expliqués aux populations. Quant à la deuxième session extraordinaire convoquée à notre propre initiative, elle a permis au CNT de parfaire son Règlement intérieur en tenant compte notamment de l’arrivée des membres additifs et de l’amélioration du fonctionnement de l’Institution. Le règlement intérieur modifié a été aussitôt soumis au contrôle du juge constitutionnel dont nous attendons la réaction.
L’intersession a été également l’occasion pour le CNT de participer à certaines activités statutaires des organisations interparlementaires et de renforcer sa diplomatie parlementaire avec les amis et partenaires du Mali, tant sur le plan bilatéral que multilatéral. Rentrent dans ce cadre, les missions que j’ai conduites dans certains pays notamment au TOGO, pour prendre part à la conférence de haut niveau sur l’engagement de la jeunesse dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en République de GUINEE, pour participer à la célébration de l’an I du CNT de la Guinée et en RUSSIE pour répondre à l’invitation du Président de la Douma d’Etat de la Fédération de Russie relative à la 2ème Conférence parlementaire Internationale « Russie-Afrique ».
Rentrent en outre dans ce cadre notre participation à la 17ème conférence de l’UPCI à Alger, à la 62ème session et réunions de l’Assemblée Paritaire ACP-UE à Bruxelles, à la 2ème réunion thématique de l’Appel du Sahel à Alger, à la 14ème réunion des réseaux des commissions parlementaires sur la santé à Kampala, à la 5ème Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins Avancés au Qatar, ainsi qu’à la 146ème session de l’UIP et ses réunions connexes à Manama au Bahreïn.
Je voudrais ici remercier le Président de la Transition pour toutes les facilités logistiques dont le CNT a bénéficié pour la réussite de certaines de ces activités diplomatiques et interparlementaires.
Chers collègues,
La présente session d’avril est la troisième que connaît le CNT depuis sa mise en place le 5 décembre 2020. Elle s’étendra sur une période de 3 mois et compte déjà une trentaine de projets et de propositions de loi inscrits dans son tableau de saisines. D’autres dépôts viendront certainement enrichir le menu des travaux en cours de session. En tout état de cause, le CNT reste largement disposé à examiner avec toute l’attention et la diligence requises, tout projet ou proposition de loi visant la réussite de la transition, le bon fonctionnement de l’Etat et l’amélioration des conditions de vie et de travail des maliens.
En plus, il est à retenir que diverses activités de contrôle de l’action gouvernementale, des missions de terrain des Commissions ainsi que des séances de renforcement des capacités feront partie de notre agenda parlementaire. Je reste toutefois convaincu qu’avec votre engagement patriotique habituel doublé de votre sens élevé du devoir, la présente session connaîtra autant de bons résultats que les sessions précédentes.
Chers Collègues, Distingués invités,
L’ouverture de notre session d’avril coïncide avec le mois sacré de ramadan, mois de solidarité, de prières et de pardon pour la communauté islamique. Je voudrais, à cet effet, souhaiter à tous les musulmans d’excellents moments de dévotion. A la communauté chrétienne qui observe ses derniers jours de jeûne, je lui souhaite une bonne fin de carême.
Je profite de cette occasion pour décrier fortement les comportements de certains de nos compatriotes qui exploitent ces moments particuliers de piété pour s’adonner à la spéculation sur les produits de première nécessité dans les marchés. Les nombreux sacrifices régulièrement consentis par l’Etat et les faitières des opérateurs économiques que nous apprécions à leur juste valeur visent exclusivement à soulager nos populations. Par conséquent, ils ne doivent nullement être récupérés voire exploités par d’autres concitoyens à des fins de surenchère ou d’enrichissement illicite. Nous nous réjouissons des initiatives déjà prises par le Gouvernement dans ce sens, néanmoins, nous lui demandons de continuer à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour enrayer définitivement ce fléau.
Que Dieu dans sa miséricorde nous couvre de sa grâce infinie. Que le Tout Puissant veille sur nos populations et procure à notre pays une paix durable et une prospérité à la hauteur de nos ambitions.
Sur ce, je déclare ouverte la session ordinaire d’avril 2023 du Conseil national de Transition.
Je vous remercie. LA SEANCE EST LEVEE !!!