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OUGANDA : Museveni s’enfonce dans l’autocratie

Yoweri Museveni, le président ougandais, rejoint le camp des leaders africains qui se pervertissent avec l’âge. Alors même qu’en Afrique, le grand âge rime avec sagesse. Du haut de ses 73 ans dont 31 passés à la tête de son pays, il aurait pu invoquer son bilan pour revendiquer tous les honneurs. Mais en lieu et place, cédant sans cesse à sa boulimie du pouvoir, il cumule désormais cinq mandats obtenus au prix d’élections à la transparence toujours douteuse et du musellement de son opposition. Convaincu d’être l’unique garant de la stabilité du pays, il vient ainsi d’avaliser une seconde modification constitutionnelle et fait ainsi sauter la limite d’âge qui lui interdisait un sixième mandat. Aussi, il s’offre virtuellement le pouvoir à vie. Au grand dam d’une opposition qui n’existe que de nom, mais grâce à une tacite complicité de la communauté internationale, qui fait dans le deux poids, deux mesures.

un passé pourtant élogieux

De toute évidence, Yoweri Museveni marche sur les traces de Robert Mugabé. Comme le vieux Bob, le président ougandais ne traine pas que des casseroles. Aux yeux de nombreux de ses compatriotes, il est celui qui a aidé à tourner les pages douloureuses  des dictatures qu’Idi Amin Dada et Milton Oboté avaient successivement instaurées dans ce pays des Grands Lacs. Jusqu’à tout récemment, la longue stabilité que le pays a connue ces dernières années lui était également associée. Marxiste à son arrivée au pouvoir en janvier 1986, il s’était empressé de virer vers le libéralisme. Choyé par les institutions de Breton Woods (FMI et Banque mondiale) ainsi que par les chancelleries occidentales en général et Washington en particulier, il avait aussi réussi en peu de temps à faire de l’économie ougandaise, une référence, avec des taux de croissance variant entre 6 et 7 %. Mais comme on l’a constaté avec Robert Mugabé, ce passé élogieux est aujourd’hui écorné par les velléités dictatoriales que manifeste le même Museveni.

Objectif 2021

Des velléités dont les raisons se trouvent exclusivement dans le goût immodéré du président ougandais pour la pouvoir. Une boulimie qui s’est manifestée la première fois en 2005 quand le président a décidé de faire sauter le verrou limitant le nombre de mandats à deux. Une manœuvre qui, depuis, lui a permis de se faire réélire à trois reprises. Ce qui lui fait un total de cinq mandats. Et c’est en prévision d’un sixième mandat qu’il vient d’opérer une autre modification constitutionnelle. En effet, s’il lui était loisible de postuler autant de fois qu’il le souhaitait, il y a que les dispositions de la constitutionnelle fixaient une limite d’âge de 75 ans pour briguer le fauteuil présidentiel. En 2021, Museveni en aura 76. Ce qui l’excluait de facto de la course. D’où le tripatouillage qu’il a entériné le 2 janvier et qui supprime cette autre entrave à sa future candidature.

 

un mauvais exemple

Outre l’acte lui-même, c’est la manière dont s’est pris le président pour modifier la constitution qui est inquiétante. En effet, bien que le parlement étant largement acquis à sa cause, le président ougandais a dû offrir une rondelette prime de 8000 dollars américains à chacun des députés s’étant prononcé en faveur de la modification. De même, la durée du mandat des parlementaires a été rehaussée de 2 ans, passant de 5 à 7 ans. C’est ce caractère à la fois flagrant et arrogant qui est le plus blâmable. C’est un effet là une attitude qui, d’une part, symbolise le peu de respect que le président a pour ses compatriotes, et de l’autre, est révélatrice de la prédisposition de la classe politique à se laisser manipuler par le démon argent. Ce qui n’est pas de bon augure pour le futur de l’Ouganda. D’autant que l’exemple doit venir d’en haut et l’imitation d’en bas.

Boubacar Sanso Barry   

Source: ledjely

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