« La non-invitation de la Turquie au sommet est plus liée à la géopolitique et au poids déclinant du pays dans la stratégie diplomatique américaine qu’aux droits de l’homme et à la démocratie, estime Gönül Tol, directrice du centre d’études turques au Middle East Institute. L’intérêt américain pour le Moyen-Orient a décliné, et Erdogan conduit une politique trop imprévisible. »

Normalisation avec la Syrie

Les Etats-Unis sont engagés avec la Turquie dans une diplomatie à dents serrées. Il s’agit de ravaler une frustration, croissante depuis des années, face à cet allié au sein de l’OTAN, incontournable sur le flanc sud de l’Alliance mais diversifiant ses relations d’intérêts avec des régimes de toutes natures. Un allié qui n’en donne pas toutes les garanties, bloquant l’accession de la Suède (et jusqu’à récemment celle de la Finlande) à l’OTAN et servant de plate-forme à la Russie pour contourner une bonne partie des sanctions occidentales prises à son encontre.

En sens inverse, Ankara continue de dénoncer le soutien américain aux combattants kurdes de Syrie (YPG) – liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) –, qu’ils veulent empêcher de consolider une zone autonome dans le nord du pays. Recep Tayyip Erdogan est engagé dans un effort de normalisation bilatérale avec son homologue syrien Bachar Al-Assad, avec la médiation du Kremlin. Un double motif de contrariété pour Washington.