En effet, l’Orange Mali a infligé une mise en pied de 3 jours à l’égard d’Issa Sogoba, membre de la synergie et secrétaire administratif de l’Ostom, pour avoir traité le DRH à plusieurs reprises ‘’d’injuste’’. La sanction a pris effet du mardi 2 mai au jeudi 4 mai, avec une retenue sur le salaire. Cela, malgré les explications données par l’accusé, qui estime que lui et ses camarades sont dans une logique de revendication active certes, mais extrêmement responsable. Donc pour lui, la répétition de ce mot est loin d’être une attaque personnelle, juste pédagogique. Cette situation continue davantage de polluer l’atmosphère déjà tendue entre les syndicats et la direction de l’entreprise qui menace d’appliquer à leur camarade une sanction de niveau supérieur en cas de récidive. Toute chose qui constitue pour eux une entrave à l’exercice du droit syndical.
« Nous, membres de l’intersyndical d’Orange Mali, tenons à contester la mise à pied de notre collègue Issa Sogoba, délégué syndical au sein de notre entreprise, Orange Mali. Cette décision, prise par le DRH, est totalement abusive et révèle une tentative flagrante d’entraver la liberté syndicale et un abus de pouvoir. Nous dénonçons également le harcèlement moral dont est victime Monsieur Sogoba, qui est également délégué syndical, dans un contexte social interne tendu qui ne laisse place à aucun doute quant à une entrave à la liberté syndicale. De plus, la mise à pied infligée à Monsieur Sogoba est injustifiée, car il n’a fait que défendre les intérêts des salariés, en qualité de délégué syndical »,
Selon eux, les faits reprochés remontent à la réunion du 07 avril 2023 portant sur les avancements du SAPER 2022. Réunion présidée par le DRH lui-même durant laquelle Issa Sogoba intervenait en sa qualité de délégué syndical. D’après eux, leur camarade Sogoba a simplement dénoncé la triple sanction qu’il vivait (baisse de note & non possibilité d’avancement due à cette baisse et refus catégorique de la part du DRH de fournir la procédure pouvant lui permettre de se défendre).
« Pour rappel, Issa Sogoba et 3 autres délégués syndicaux ont perdu une partie de leur salaire suite à une action punitive du DRH en complicité avec le directeur de ces trois délégués pour diminuer la note d’évaluation qui a entraîné la perte d’une partie de leurs revenus. Cette baisse de salaire des 4 délégués syndicaux tous de la même direction a entraîné pour eux une difficulté d’honorer leurs engagements auprès des institutions financières. Cela a fait l’objet d’une saisine de l’inspection du travail et nous attendons les convocations du Directeur régional du travail à ce propos. Le mot ‘injuste’ auquel le DRH fait référence, utilisé par Issa Sogoba, n’est nullement adressé à sa personne (intuitu personae), mais à une situation jugée ‘injuste’ par notre camarade au regard de ce qu’il subissait avec d’autres délégués syndicaux », ont-ils fait savoir dans ledit courrier.
A en croire l’intersyndical, cette réunion a eu lieu devant plusieurs témoins (3 délégués syndicaux) qui peuvent attester de la véracité du récit ci-dessus. Par ailleurs, ils ont également rappelé le contexte social tendu à Orange Mali. Il s’agit, dit-il, de la tenue d’une assemblée générale durant laquelle l’intersyndical a lancé une pétition pour le départ immédiat du DG, du DGA et du DRH suite à un ras-le-bol des salariés. A noter que ladite pétition a été suivie par plus de 75% du personnel en moins de 24h. Et ceux qui sont POUR à plus de 97%.
En effet, à la requête du Comité Synergie syndicat Orange Mali, représenté par Monsieur Eric Keïta, membre de la synergie et Secrétaire général adjoint d’Ostom, un constat d’huissier a été fait par Maître Harouna Sow, huissier-commissaire de justice près le ressort judiciaire de la Cour d’appel de Bamako, y demeurant. Selon le constat d’huissier, la pétition des employés par le biais d’un site web dénommé formulaire Google portant sur le départ du DG, DGA et DRH de l’Orange Mali a ainsi donné comme suit : sur 603 inscrits, 587 employés sont pour 15 employés sont contre.
Aux dires de l’intersyndical, c’est au lendemain de cette assemblée générale qu’Issa Sogoba a reçu sa demande d’explication à laquelle il a répondu dans les 2 jours suivants. « Il faut aussi noter que l’intersyndical a saisi le conseil d’administration pour déposer une plainte contre la gestion de cette direction, réclamant son départ immédiat (demande en cours d’analyse actuellement), à la suite de laquelle le DRH a envoyé à Issa Sogoba une mise à pied de 3 jours. Cette décision qui n’a jamais reçu ni avertissement, ni blâme auparavant est contraire au code du travail (article L.257) et à l’accord d’établissement (10.1 et 10.2) d’Orange Mali », ont-ils insisté.
Ils ont promis d’user tous leurs droits pour que toutes les mesures nécessaires soient prises afin de garantir le respect des droits des travailleurs, en particulier le droit de se syndiquer et de défendre leurs intérêts. « C’est une entrave que de vouloir bâillonner les délégués syndicaux et leur enlever leur liberté de juger convenablement les situations qui se dressent à eux. Nous vous demandons donc d’annuler la mise à pied de Monsieur Issa Sogoba et de prendre les mesures nécessaires pour assurer un climat social serein au sein de notre entreprise », ont-ils sollicité auprès du directeur de l’inspection du travail.
Moussa Sékou Diaby