Ibrahim Boubacar Keita (IBK), dont la candidature pour un second mandat à la tête d’un pays dit souverain a reçu l’onction du peuple, est vu par certains comme un maillon de l’éternelle « chaos du Mali ». Ou, concept plus en vogue, de « la Famille d’abord », du nom du slogan « le Mali d’abord » qu’il a créé et qui dit souhaiter rétablir les principes d’équité entre les maliens.
Mais dans la présidentielle malienne de 2018, IBK n’a manifestement pas une opposition à sa hauteur intellectuelle, encore moins à la hauteur des défis urgents du pays. Depuis son élection pour un premier quinquennat en juillet 2018 à la tête du Mali, le « Kankélétigui » (homme à poigne) est la cible d’attaques fantaisistes inacceptables.
Au sein de l’opposition malienne et en occident en général, les attaques contre IBK sont quotidiennes. Qu’elles soient relatives à son orientation politique, ses propositions concrètes et sa capacité à diriger le Mali, soit. Mais qu’elles aient pour seul ressort la délation et le sabotage est indigne d’un Mali qui souffre, depuis des années, d’une vision abjecte basée sur l’inégalité entre les hommes. Au fond, on reproche à IBK d’être incapable à gérer le Mali et à le sortir de la crise. Mais depuis l’année 2013 où IBK a pris le pouvoir, l’opposition malienne manque d’objectivité, roulant de sorte que le Chef de l’État ne puise pas réussir ses projets. Est-ce en réalité, l’opposition politique malienne à un visage ? La première faiblesse de cette opposition, c’est qu’elle est affaiblie, désorganisée et sans stratégie. Une opposition à la croisée des chemins En un mot, comme en cent mots, l’opposition malienne est sans stratégie. C’est un manque d’objectivité de l’opposition démocratique malienne qu’il faut dénoncer, sans équivoque. Une indignation sélective consisterait à ignorer ou banaliser un mal qui risque de gangrener notre pays déjà affaiblie par la pauvreté et le déficit de vision démocratique de l’opposition. Par manque d’idées ou de véritables propositions pertinentes, une partie de la classe politique malienne (à savoir l’opposition) brille par des réflexes de destruction pathologique du régime IBK. Le député Soumaïla Cissé, lors de sa présentation de vœux à la presse a ainsi affirmé : « Le président sortant doit sortir ». Depuis, le bilan du président IBK, un homme comme en rêvent parfois les Africains parce qu’il est issu du sérail des hommes politiques à poigne, est décevant. Avec cette vision de destruction, l’homme finit même par devenir aux yeux des opposants, une affligeante caricature de dirigeant usé, dépossédé de sa lucidité, et dont les pitreries alimentent les réseaux sociaux. Mais en face, quelle alternative ? L’opposition malienne est souvent critiquée. Elle peut se révéler pires que ceux-là qui nous gouvernent sans vertu, sans efficacité, sans probité. Et parfois, les alternances– quand elles surviennent – nous font tomber de Charybde en Scylla. Elles ne représentent souvent que des changements de personnes, sans alternative programmatique ni transformation sociale.
Nonobstant, on ne peut plus s’empêcher de se poser la lancinante question sur l’avenir de l’opposition dans notre pays. L’égoïsme ou la boulimie du pouvoir des leaders de l’opposition les empêche de fédérer leurs énergies pour une action commune. « Mieux vaut être la tête du rat que d’être la queue du lion » semble être leur credo.
Tout porte à croire que la compétition électorale est un marché et l’offre et la demande s’évaluent par rapport à la personne qui appelle à consommer. Dommage !
Une opposition dépourvue d’idées ?
De fait, l’opposition malienne semble évoluer dans une terrible vacuité idéologique et programmatique. Ses membres ne proposent aucun projet alternatif et s’en tiennent à de stériles invectives. Elle se complaît dans un minimalisme renversant, ponctué par des salves de propos répugnants sur l’identité d’IBK, la couleur de peau ou le nombre d’années passées dans la construction du pays. Et cela alors que le Mali est considéré comme un cas exceptionnel de crise en Afrique…
Il est immoral de faire subir à un peuple déjà martyrisé par la crise ce niveau de débat au sujet de qui est plus bon dirigeant que l’autre parmi ceux qui se présentent au suffrage universel 2018. On nie décidément tout au peuple malien : à l’indignité de leur situation économique, ils doivent ajouter le manque de respect de ceux qui sollicitent, pourtant, leur confiance.
L’irresponsabilité politique n’a décidément pas de limite. Si IBK fait aujourd’hui figure de favori à la présidentielle de 2018 après un mandat de cinq ans, c’est grâce aux alliances qu’il a nouées, aux idées qu’il a lancées mais aussi grâce au désert politique qui règne dans ce pays. Malgré une multitude de candidats en lice, aucune alternative sérieuse et crédible ne semble sortir du lot.
L’opposition malienne semble se tromper de combat. Si elle persiste dans cette voie de ne débattre que de l’identité du favori, elle ne récoltera que défaite et déshonneur. Une défaite électorale certaine, et une abomination politique. Qu’est-ce que son attitude raconte de l’avenir de la jeunesse malienne dans la construction du Mali ?
Aujourd’hui au Mali, les grandes figures et leaders dont les voix sont encore crédibles ne sont pas au front car il s’agit d’utiliser les armes démocratiques traditionnelles pour faire pression sur les gouvernants généralement enclins à piétiner les fondamentaux de la bonne gouvernance. Dans son organisation actuelle, l’opposition malienne n’est pas encore une machine de pression pour ébranler le régime au pouvoir.
Jean Pierre James
Par Nouveau Réveil