Pour bien sucer le sang des jeunes maliens désespérés, des voleurs à col blanc tapis dans les bureaux entre la police des frontières et d’autres services ont savamment établi un système de soustraction de l’argent aux demandeurs du précieux sésame. Au fil des ans, le passeport malien est devenu un fonds de commerce pour certains hauts fonctionnaires. Leur dernière trouvaille est la fixation de deux prix pour le même document de voyage.
Au cœur de ce commerce honteux se trouve ECOBANK, une banque panafricaine où des fonctionnaires chargés de la délivrance du passeport ont ouvert un compte. Au lieu du prix légal de 50 000 FCFA du passeport, ce compte d’ECOBANK permet à ceux qui sont pressés d’avoir leur document de voyage en un ou deux jours en versant un pot de vin de 100 000FCFA.
En toute impunité, les organisateurs de ce braquage en plein jour exploitent la souffrance des demandeurs du passeport malien. On voit bien que les officiers de police chargés de l’établissement du document entretiennent une fausse pénurie de passeport à la police des frontières où il faut attendre un mois de délai pour obtenir son passeport. C’est à la limite un crime organisé autour duquel il y a un silence étonnant des autorités.
Rompus dans la fabrication d’obstacles de parcours aux demandeurs de passeport, les responsables de cette situation ont conditionné l’attribution du passeport à la carte NINA. Là aussi, il fallait débourser 5 000F CFA pour se faire enrôler. Ainsi, ils ont multiplié les poches de soustraction d’argent en créant un centre unique d’obtention du NINA dans le quartier de Korofina pour plus de 17 millions de Maliens.
Il n’y a qu’au Mali qu’une telle aberration puisse prospérer sans le gouvernement ne prenne l’initiative d’abréger la souffrance des citoyens au nom desquels ils gouvernent. L’obtention d’un document de voyage dans un délai raisonnable d’un ou de jours est un droit inaliénable de la population. Comment admettre que dans un pays où le chômage est endémique on ne puisse même pas donner l’opportunité à des jeunes d’être recrutés pour faire ce travail ?
Comment accepter que Bamako soit encore le seul endroit où le passeport est délivré aux citoyens alors que la police des frontières peut avoir des bureaux ailleurs ? Il y a une part de vérité dans ce problème qui est bien cachée aux Maliens dont le fort est de souffrir en silence face aux atrocités morales imposées par leurs concitoyens qui gouvernent. Les jeunes maliens qui n’ont d’autres choix que de migrer devraient avoir ne serait-ce que le passeport comme cadeaux de la part des pouvoirs publics.
Source: La Sirène