Le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, Mohamed Moustapha SIDIBE, accompagné de sa collègue de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, KEITA Aida M’BO, a visité, hier mardi, les flancs des collines longeant les quartiers de Taliko, Sébénicoro et Sibiribougou, en CIV du District de Bamako, dont les emprises sont occupées illicitement par des constructions anarchiques.
En plus des membres des cabinets, les ministres étaient accompagnés de certains responsables de la direction nationale de l’Urbanisme et de l’habitat (DNUH), du gouverneur du District de Bamako, le colonel Débérékoua SOARA ; des conseillers municipaux de la Commune IV ; du Commissaire de police du 5è arrondissement, etc.
Le constat est sans commentaire : des habitations de fortune dont certaines sur les collines, des garages et même une usine, sont construites tout le long du flanc de la colline, allant de Taliko jusqu’à Sibiribougou. On retrouve de même des exploitants de carrières en pleine activité d’extraction de pierres, préjudiciables à la stabilité géophysique de la zone et pouvant entrainer à tout moment des éboulements sur des habitations ou des glissements de terrains.
Pour le ministre, il s’agit à travers cette descente sur le terrain, d’informer et de sensibiliser les populations riveraines sur les méfaits et les risques liés à ces occupations illicites sur des sites, qui, a-t-il fait savoir, sont d’ailleurs destinés à d’autres vocations.
Le ministre Mohamed Moustapha SIDIBE reconnaît volontiers qu’aujourd’hui dans notre pays, la spéculation foncière a pris de l’ampleur conduisant certains compatriotes à des actes d’occupation illicite et réaliser des travaux de construction qui violent toutes les règles d’urbanisme et de construction.
D’ailleurs, déplore le Ministre SIDIBE, ces réalisations mettent à mal la mise en œuvre du schéma d’urbanisme et d’aménagement de nos villes.
Mohamed Moustapha SIDIBE a promis de prendre, dans les jours à venir, toutes les mesures idoines qui s’imposent pour faire respecter toutes les dispositions réglementaires en la matière pour que ces occupations illicites, notamment le long des flancs de colline à Bamako, cessent dans les meilleurs délais.
Pour le ministre de l’habitat et de l’urbanisme, il y a lieu de faire des concertations de tous les acteurs impliqués et de mettre en place un cadre global de concertation, car chacun a sa part de responsabilité. Ainsi, une bonne articulation des actions s’impose pour qu’il y ait une cohérence.
Le 3ème adjoint au maire de la CIV du District de Bamako, chargé du foncier, Assane SIDIBE, a qualifié de désastreuses les constructions illites.
« Les 80% des constructions illicites sur les emprises des chemins de fer, de hautes tensions électriques ne sont pas autorisées et ne disposent pas de documents fiables», a-t-il révélé.
A la question de savoir ce que la mairie fait pour empêcher ces constructions illicites, qui poussent comme des petits champignons au vu et de su de tout le monde, avec la complicité des agents de la maire et de l’urbanisme, M. SIDIBE soutient que les autorités communales essayent de faire de leur mieux, mais avoue qu’ils manquent de moyens et d’autorité pour faire appliquer les textes.
«Les populations, souvent en complicité avec les mairies et autres services de l’Etat s’arrogent le droit de construire illicitement sur les emprises ou le long des flancs des collines», déplore l’élu communal.
En tout cas, au regard de la gravité de l’occupation illicite des sites par certains citoyens, qui n’hésitent point à faire de tout espace un toit, sur les emprises et servitudes, le gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités pour la sécurité même de leurs occupants. Le plus souvent, cette occupation anarchique survient avec la complicité de certains agents de l’Etat et élus communaux, pourtant rémunérés pour assurer la protection et la sécurité des sites et empêcher des constructions illicites.
C’est le lieu de rappeler ces propos de cet ancien ministre : «Force doit rester à la loi ! Si on applique la loi, on ne les laissera pas construire. S’ils construisent, on doit démolir, car l’Etat ne doit pas laisser les vies humaines périr parce que certains citoyens pensent que leurs besoins de maison doivent faire courir des risques à toute une communauté».
Par ailleurs, une étude sociologique permettrait de comprendre les raisons qui amènent les citoyens à s’installer dans ces zones où non seulement l’accès est difficile, mais où également les réseaux d’eau et d’électricité font défaut.
En tout état de cause, avant d’entreprendre des opérations de déguerpissement de ces sites, il serait impératif de prévoir les futurs sites de recasement, au risque de faire face à des contestations, voire des émeutes.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin