Créée en janvier 2012, l’Université de Ségou est la première université régionale au Mali. De sa création à nos jours elle compte plusieurs facultés et un nombre extraordinaire d’étudiants issus de toutes les régions du pays. En licence le système exige à l’étudiant pour l’obtention de son diplôme la réalisation d’un stage et la rédaction d’un mémoire et c’est là que commence le cauchemar pour les étudiants.
La région de Ségou est dotée d’un établissement d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique: c’est la première université malienne, au niveau régional, et jeune à l’instar des universités de la capitale. Elle a été créée par le décret n° 09-PM-RM du 27 mars 2009, mais, a effectivement démarré ses activités, en janvier 2012. Elle est issue des recommandations du forum national sur l’éducation, tenu en novembre 2008, qui avaient préconisé la construction des pôles universitaires au niveau des régions.
L’université de Ségou est constituée de quatre Facultés et un Institut: la Faculté d’agronomie et de médecine animale (FAMA), la Faculté des sciences sociales(FASSO), l’Institut universitaire de formation professionnelle (IUFP), la Faculté des sciences de la santé (FASSA), la Faculté des génies et des sciences (FAGS). Cependant, les deux dernières facultés n’ont pas encore ouvert leurs portes.
Ouverte en novembre 2012, la Faculté des sciences sociales (FASSO), est dotée des trois filières suivantes : Communication des organisations, Sociologie et Aménagement du Territoire.
Le système LMD (Licence Master Doctorat) dans lequel l’organisation de la formation se fait en semestre et en unité d’enseignement transférable et capitalisable. On appelle aussi le system 3, 5,8 ; c’est-à-dire la licence est pour trois ans, le master pour 2 ans et le doctorat pour trois ans, le tout fait 8 ans.
En licence le système est reparti entre la formation en six semestres et cinq semestres de théorie. Après cela, lorsqu’il s’agit de la filière communication des organisations, le système exige à la fin du parcours la réalisation d’un stage et la rédaction d’un mémoire.
D’abord il est demandé à l’étudiant de choisir un thème et un lieu de stage pour parfaire son travail sans aucune forme d’encadrement ou d’autres formes d’accompagnement. L’étudiant est donc laissé à lui seul. Déboussolé, il se débrouille seul sans accompagnement. Si d’autres structures accompagnent leurs étudiants dans la recherche de stage, à l’Université de Ségou c’est « chacun pour soi, Dieu pour tous ».
« C’est extrêmement difficile de trouver un stage à Ségou, partout où vous partez, on vous demande de déposer les documents et qu’ils vont vous rappeler et après aucun signe de vie» témoigne Issa Tangara, étudiant finaliste en communication.
Dans ce désordre, les étudiants choisissent leur professeur favori comme Directeur de mémoire. Ce dernier accepte naturellement sachant qu’il ne pourra point suivre convenablement l’étudiant dans la préparation et la présentation de son mémoire. Etant donné que la plupart des professeurs sont domiciliés dans la capitale, une fois retourné à Bamako, ils oublient carrément qu’ils ont un étudiant à encadrer.
« Mon Directeur de mémoire, depuis qu’il est rentré à Bamako m’a carrément négligé, parfois je l’appelle une dizaine de fois dans la semaine il ne décroche même pas. Depuis début 2018 j’ai terminé avec la rédaction de mon mémoire mais il n’arrive toujours pas à corriger et à apporter ses observations pour que je puisse soutenir et je ne suis pas le seul à être dans cette situation, nous sommes vraiment très nombreux. Mais quand nous regardons au tour de nous, on se rend compte qu’ils ne font pas cela aux jeunes filles, ce sont nous les garçons qui en souffrons beaucoup» nous explique désespérément un étudiant de la L3 en Communication des organisations.
Si d’autres n’ont toujours pas eu la chance d’avoir un service pour leur stage, certains cherchent péniblement à voir leur Directeur de mémoire en vue de finaliser leurs travaux. Mais force est de reconnaitre que nombreux sont ceux-là qui attendent désespérément la programmation de leur soutenance, une étape décisive pour que l’étudiant puisse avoir son diplôme et prétendre à s’aventurer dans le marché de l’emploi qui s’avère très concurrentiel.
Comment oublier ceux-là qui ont soutenu depuis belle lurette mais qui n’arrivent toujours pas à obtenir leur diplôme ?
« J’ai soutenue depuis l’année dernière. A Tombouctou beaucoup d’ONG me demandent juste le diplôme pour décrocher un emploi, mais hélas je n’y arrive pas. La direction me fait s’avoir que le poste du doyen est vacant et sans la signature de ce dernier je dois toujours attendre. Combien de chances d’embauche vais-je encore rater, vraiment je n’en peux plus » déplore Kadidiatou Diallo, étudiante finaliste en Communication.
L’administration doit véritablement revoir sa politique pour le bien-être de ces étudiants dont le nombre ne fait que s’agrandir chaque année.
Dioro CISSE
Source: Le Sursaut