Après une première grève de 48 heures (du 21 au 22 août 2014), suivie à 100%, l’UNTM vient de déposer un nouveau préavis de grève: ce mouvement, qui durera 72 heures, commencera le 29 octobre 2014. Nous nous sommes entretenus avec Aguibou Bouaré, trésorier général de la centrale syndicale, afin qu’il nous donne les raisons de ce nouveau mouvement.
Après la mise en place de son nouveau bureau dirigeant, lors issu du 12ème congrès tenu en mars 2014, l’UNTM a envoyé un courrier au président IBK et au Premier Ministre Moussa Mara, afin de leur présenter ledit bureau et leur transmettre les résolutions du congrès. « 6 mois plus tard, rappelle Bouaré, l’UNTM n’a pas eu la moindre réaction de la part des deux autorités. C’est lorsque l’UNTM a exécuté sa grève d’août 2014 que la chef de l’Etat a pris les choses au sérieux en décidant de recevoir les dirigeants syndicaux. Lors de la rencontre, IBK nous a signifié qu’il n’avait pas recu les correspondances à lui adressées par l’UNTM et a, là-dessus, présenté ses excuses.Excuses acceptées par l’UNTM. Le chef de l’Etat a alors affirmé avoir donné des instructions fermes au gouvernement pour trouver un accord définitif avec l’UNTM. ». Or, à ce jour, le gouvernement n’a donné aucune réponse concrète aux 5 doléances restées en souffrance, ce qui a poussé l’UNTM a déposer un nouveau préavis de grève pour les 29, 30 et 31 octobre 2014.
Bouaré voit dans l’inertie gouvernementale la preuve que l’UNTM n’est pas prise au sérieux en haut lieu. Il déplore aussi l’attitude de certains ministres lors des négociations. « Lors des négociations,relate-t-il, nous nous sommes rendu compte de la cacophonie qui règne au sein du gouvernement. Certains ministres venaient avec 45 mn de retard, d’autres se retiraient de la salle pendant les débats. Parfois, on nous demandait de reporter les négociations pour cause de voyage d’un ministre. Nous avons compris que le gouvernement utilisait une stratégie dilatoire que nous ne pouvions accepter ». Notre interlocuteur pense que les choses n’évolueront pas si IBK ne s’en mêle pas: « Tout notre espoir repose sur l’intervention du président IBK ». En tout cas, assure Bouaré, l’UNTM mettra tout en œuvre pour la satisfaction des 5 points de revendication restés en souffrance car elle considère qu’ils sont à la portée des moyens du gouvernement. Ces doléances sont les suivantes:
– baisse du prix de l’électricité et de l’eau;
– baisse de l’ITS (Impôt sur les Traitements et Salaires);
– hausse des allocations familiales de 6000 FCFA par enfant;
– Hausse de la grille indiciaire des salaires à 600 FCFA;
– Hausse du SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) de 28. 447 à 40.000 FCFA.
Le gouvernement, pour l’heure, propose de réduire l’ITS de 5%, de porter le SMIG à 35.000 FCFA et d’augmenter l’allocation familiale de 1500 FCFA par enfant; il n’a fait aucune proposition par rapport à la hausse de la grille indiciaire et refuse catégoriquement d’annuler les dernières augmentations du prix de l’eau et de l’électricité.
Aguibou Bouaré déplore les tentatives de dénigrement engagées par les pouvoirs publics contre l’UNTM: « L’UNTM mène un combat au nom et pour le compte des masses laborieuses du Mali. Ce n’est pas un combat contre un homme ou un régime comme certains tentent de le faire croire. Les revendications de l’UNTM sont légitimes que l’Etat a les moyens de satisfaire. Nous en avons la preuve car ce sont nos militants qui travaillent dans l’administration à tous les niveaux. Dans tous les pays du monde, l’énergie est subventionnée par les pouvoirs publics: le Mali ne peut faire exception à la règle. Quant à l’ITS, il doit être diminué: la preuve a été rapportée par tous les experts que les salaires maliens sont les plus lourdement taxés dans l’UEMOA. L’allocation familiale, le gouvernement lui-même reconnaît qu’il y a lieu de l’augmenter mais il ne veut pas consentir les efforts utiles. L’UNTM invite les travailleurs à rester unis pour la réussite de la grève des 29, 30 et 31 octobre engagée pour l’honneur du Mali et le bonheur des travailleurs maliens ».
Abdoulaye Koné