C’est le moins que l’on puisse dire au regard de ce qui s’est passé le 29 septembre 2024, à la 79e Assemblée générale de cette instance.
En effet, au cours de son discours livré au nom du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement, s’en est pris à l’Algérie qu’il accuse d’héberger des terroristes. Le représentant du Mali ne s’est pas limité là. « Nous constatons une grave ingérence dans les affaires intérieures du Mali », ajoutant que l’accord d’Alger est bel et bien mort et que les incantations du ministre algérien des Affaires étrangères ne serviront pas à le ressusciter.
On se rappelle que le 30 août 2024 à New-York, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, sur la fourniture des armes par les pays occidentaux, les ambassadeurs des deux pays voisins s’étaient offerts en spectacle à travers une passe d’armes. Tout est parti des accusations d’Alger, selon lesquelles un drone malien a tué une vingtaine de civils dans le Nord-Mali. « Accusation aussi grave qu’infondée », a répondu Bamako qui reproche à son voisin de colporter « à la légère, des informations de presse non vérifiées ». De quoi jeter de nouveau un froid glacial sur les relations entre les deux voisins déjà mal en point depuis la mise à mort par Bamako de l’accord de paix d’Alger signé entre le Mali et les rebelles. Et ce n’est pas tout. Le fossé s’est davantage creusé entre les deux capitales depuis qu’Alger a accepté d’offrir le gîte et le couvert aux rebelles chassés de Kidal en fin 2023. A cela s’ajoute l’exil doré accordé à l’imam Mahamoud Dicko présenté comme le poil à gratter du président Assimi Goïta et ses frères d’armes qu’il n’a eu de cesse de clouer au pilori. Cela dit, comment donc restaurer la confiance entre l’Algérie et le Mali ? Difficile de répondre à cette question dans la mesure où pour Bamako, Alger ne joue pas franc-jeu.
Si elles ne se blairent pas, Alger et Bamako ne pourront pas collaborer
Or, au regard du contexte régional, il est dans l’intérêt des deux voisins de travailler à se donner la main au risque de jouer le jeu des terroristes qui se moquent des frontières. Car, on ne le dira jamais assez, la lutte contre le terrorisme, pour être efficace, doit se mener dans la mutualisation des efforts, notamment à travers le partage de renseignements et des opérations conjointes. Inutile donc de dire que si elles ne se blairent pas, Alger et Bamako ne pourront pas collaborer en vue de porter l’estocade aux groupes armés terroristes qui continuent de semer la mort et la désolation sur leur chemin. Surtout que, dans le même temps, on sait aussi que les relations entre le Mali et certains de ses voisins, en l’occurrence la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, ne sont pas au beau fixe. C’est dire qu’à l’allure où vont les choses, ce ne serait pas demain la veille la fin du terrorisme. A moins que prenant toute la mesure du péril, les uns et les autres acceptent de descendre de leur piédestal en vue d’une collaboration franche, sincère et durable. Peut-être faudrait-il que l’Union africaine (UA) et les Nations unies, s’il y a lieu, s’impliquent davantage afin d’aplanir les divergences de vues qui opposent le Mali et ses voisins. Ce n’est pas trop demandé ; tant il y va de l’intérêt supérieur du peuple malien qui a longtemps souffert le martyre. En tout cas, quand on suit de très près l’évolution de la situation, on a parfois envie de dire que Bamako tire un peu sur la corde. Pour autant, on ne saurait absoudre aussi l’Algérie qui, il faut le dire, joue au clair-obscur si elle ne donne pas la fâcheuse impression de vouloir faire chanter son voisin.
A.Diallo
Source : Le Nouveau Réveil