Le 17 avril 2019, l’ex-ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Pr. Tiémoko Sangaré, répondait aux questions de l’honorable Oumar Mariko, député à l’Assemblée nationale. Face à la dégradation de la situation sécuritaire du pays, l’honorable Oumar Mariko a dû cracher ses vérités au Gouvernement sortant, particulièrement au ministre Tiémoko Sangaré. Du coup, ces propos réduisent la chance du Président de l’Adema d’être reconduit dans la nouvelle équipe gouvernementale dont la liste ne tardera pas à être publiée.
Lors de ces questions orales adressées à l’ex-ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Pr. Tiémoko Sangaré, l’on a assisté à un réel duel entre deux hommes politiques de missions différentes, mais qui se connaissent bien. Après le premier passage de l’ex-ministre Tièmoko Sangaré pour tenter de donner des éléments de réponses à ses premières préoccupations, le député élu à Kolondiéba, l’honorable Oumar Mariko, est revenu à la charge. « Monsieur le ministre, dans votre réponse concernant l’armée de terre, vous avez oublié deux composantes extrêmement importantes, à savoir : la santé et la transmission. Justement, c’est là le problème de l’armée malienne. Monsieur le ministre à quel moment exactement vous avez appris l’attaque d’Ogossagou ? Confirmez-vous qu’il y a une base militaire à Gossi ? Monsieur le ministre, depuis le début de cette guerre en 2011, le gouvernement n’a jamais tenu de conseil de guerre. Ne serait-ce que convoquer les anciens militaires qui étaient sur le front en 2012 et qui ont échoué, pour au moins les écouter. Vous ne l’avez pas fait. On se demande d’ailleurs aujourd’hui comment les forces étrangères collaborent avec nos militaires. Ils ont de puissants réseaux d’information, mais nos FAMA manquent d’information. Comment expliquer cela ? »
Parlant du conflit au centre du Mali, Oumar Mariko a déclaré : « Monsieur le ministre, les conflits armés qui se passent au centre du pays, témoignent à suffisance votre incapacité à protéger les Maliens et leurs biens. C’est un phénomène qui est d’ailleurs à l’origine de la multiplication des milices partout au Mali et la mauvaise justice rendue dans les différentes circonscriptions. Lors du Conseil des ministres extraordinaire tenu suite aux drames de Dioura et d’Ogossagou, ce n’était pas le chef d’État major Général des Armées qui devait sauter, mais plutôt vous qui deviez démissionner. Mais malheureusement, on n’est pas là au service de l’État, mais plutôt se servir de lui. Sinon, il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées suite auxquelles vous auriez dû prendre vos responsabilités, mais vous ne l’avez pas fait. »
« Notre pays a besoin des responsables à la hauteur des missions »
Selon l’honorable Oumar Mariko, l’échec de l’armée malienne sur les théâtres des opérations est dû à un manque de matériels. « On sait que chaque militaire à droit à 250 cartouches, mais on leur en donne 90. Souvent les militaires se déplacent avant les munitions et quand ils tombent dans des embuscades, c’est un problème. Les avions de chasse qu’on nous a présentés sont incomplets, parce qu’ils ne sont pas armés. Donc, ils ne peuvent pas combattre, car le ministre de l’Economie et des Finances (Dr. Boubou Cissé devenu Premier ministre) n’a pas honoré le contrat jusqu’au bout. Ce à quoi nous assistons chaque semaine est très grave. Notre pays a besoin des responsables à la hauteur des missions. Malheureusement, nous assistons au contraire », a-t-il ajouté.
Le ministre Tiémoko Sangaré, dans ses réponses, a tenté de rassurer quant à la bonne volonté du gouvernement pour redresser la barre tordue depuis 2012 avant de répondre à l’honorable Mariko : « Nous avons mené beaucoup d’actions jusqu’ici, allant justement dans le sens de la refondation de notre armée. Mais, je veux quand même qu’on évite de distiller des affirmations mensongères. Concernant les dotations militaires, je m’inscris en faux contre les révélations mensongères de l’honorable Mariko. Honorable Mariko n’a jamais été militaire, il n’est pas issu d’aucun contingent. Donc, en aucun cas cela ne peut-être considéré comme réalité. D’où il sort ses chiffres? En tous cas, si c’est chez nous, je vais dire que ses chiffres ne sont pas corrects. »
Amadou Basso
Source: Ziré-hebdo