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Nouvelle équipe de la Maison de la presse : Onze chantiers, quatre grands travaux

Le nouveau bureau du Comité de pilotage de la Maison de la presse (MP) a été mis en place le samedi 23 janvier dernier. Le comité est désormais dirigé par Bandiougou Danté. L’actuel président de l’Union des radios et télévisions libres (URTEL) et directeur de la radio Sanya de Ségou succède ainsi à Dramane Alou Koné (DAK), patron du groupe de médias «Renouveau».


En plus de Bandiougou Danté, le bureau comprend six membres, dont deux femmes : Fanta Diallo de l’Association des Professionnelles africaines de la communication (APAC-Mali) qui occupe le poste de rapporteur adjoint et Dado Camara de l’Association des journalistes professionnels du Mali (AJPM) qui se voit confier la responsabilité de trésorière générale. Les médias publics sont représentés, respectivement par Ibrahima Traoré dit ITRA de l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM) élu comme 2ème vice-président, et Souleymane Bobo Tounkara (SBT) de l’Agence malienne de presse et de Publicité (Amap) qui devient le rapporteur général. Le représentant de l’Association des éditeurs de la presse privée (ASSEP), Mamadou Dabo, occupe le poste de 1er vice-président, alors que le poste de trésorier général adjoint revient à Daouda Konaté, représentant de l’Union nationale des journalistes du Mali (UNAJOM).

Par sa composition, le bureau est donc globalement représentatif de la presse malienne. On peut cependant y noter une absence significative, celle de la presse en ligne. La prise en compte de celle-ci nécessitera la relecture des textes fondateurs de la Maison de la presse. Une Maison qui navigue désormais en eaux calmes. Ce qui ne fut pas toujours le cas depuis sa création dans les années 1990. La MP avait été notamment secouée par une crise sérieuse en 2006 et de fortes contradictions internes l’avaient contrainte à instaurer deux périodes intérimaires dirigées respectivement par Oumar Touré de l’ORTM (en 1991) et Gaoussou Traoré de l’Amap (en 2006).
La MP avait pu surmonter la crise de 2006 grâce à l’implication des autorités de l’époque, en l’occurrence le ministre de la Communication et des Nouvelles technologies, Gaoussou Drabo, et en s’appuyant sur la sagesse et la résilience des acteurs de la presse. Elle en est à son cinquième président, Bandiougou Danté ayant comme prédécesseurs (par ordre d’ancienneté) Lassana Traoré, Sadou Yattara, Makan Koné et Dramane Alou Koné. Parmi les urgences que doit gérer l’actuel bureau figure la relecture en profondeur des statuts et règlement intérieur de la faitière.

Le nouveau président a vu juste en plaçant son mandat sous le signe de la «refondation de la presse malienne» qui passe d’abord, à notre avis, par la mise à jour des textes. La situation de certaines associations moribondes qui composent la MP doit être revue sans détour et sans état d’âme pour faire de la place à des composantes plus crédibles et plus représentatives.
«Aujourd’hui, la presse malienne a besoin d’un examen de conscience de tous les acteurs. Nous devons être en mesure de nous regarder et de nous dire la triste réalité». Tel est le diagnostic clair délivré par Bandiougou Danté. Homme de terrain et homme d’expérience, le président sait que ses collègues devront s’armer de courage afin de poser les problèmes réels dont souffrent nos médias. Analyses, réflexions et propositions devront concourir à assurer la viabilité économique des entreprises de presse et à redorer l’image du journaliste malien.
Le nouveau président de la MP a égrené onze points autour desquels la refondation de la presse malienne va se construire. Parmi ces points, quatre ont retenu notre attention : la rénovation du bâtiment de la MP, la Convention collective, la formation et l’autorégulation.

LA RÉNOVATION DU BÂTIMENT DE LA MP
Disons-le tout net, nous ne sommes pas fiers de l’état actuel du bâtiment de notre maison commune. L’insalubrité des toilettes totalement dégradées, le délabrement de l’infrastructure, l’entretien insuffisant des salles de réunion et autres espaces de travail font de la Maison un repoussoir alors qu’elle aurait dû être un lieu où les journalistes auraient plaisir et fierté à se retrouver. La rénovation est moins une question de moyens à trouver que de volonté à déployer. Il est inconcevable que l’État mette à la disposition de la presse un si beau joyau architectural et que ce dernier se soit à ce point dégradé. Notre proposition serait de réfléchir à un nouveau mode de gestion de la MP qui impliquerait l’État, à l’image du modèle en vigueur à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. Pour souvenir, en 2008, une note d’orientation avait été produite dans ce sens par le ministre Drabo, à la demande, en son temps du ministre Mariam Flantié Diallo.

LA CONVENTION COLLECTIVE
L’instauration de celle-ci constitue plus qu’une nécessité aujourd’hui. La Convention collective de la presse sauverait les journalistes maliens de la précarité et – osons-le dire – de la mendicité. Elle seule peut largement contribuer à la professionnalisation et à la valorisation du métier de journaliste. Mais sa mise en place requiert deux éléments essentiels : une organisation syndicale crédible des journalistes et l’adhésion des patrons de presse qui doivent accepter que la formule à mettre en place se fera selon le principe gagnant-gagnant. Une première mouture du document avait été proposée par feu Ibrahim Famakan Coulibaly. Le texte doit cependant être revisité pour l’adapter aux réalités du moment.

LA FORMATION
Elle constitue un problème crucial de la presse malienne aujourd’hui, qu’elle soit publique ou privée. La presse est l’un des rares métiers ouverts au tout venant et qui accueille même ceux ne pouvant justifier d’une formation de base. Pis, ceux-ci parviennent à s’introduire par effraction dans le métier, et ne cherchent pas à s’instruire. Ils se lancent illico dans une course effrénée et éhontée au fameux «gombo».
La création, il y a quelques années, de l’école de journalisme au Mali est à saluer. Elle vient renforcer l’existant qui a besoin d’être encore plus performant. Le partenariat avec l’École de journalisme de Lille en France est à encourager, mais aussi à rénover. À notre avis, la Maison de la presse devrait avoir, en son sein, un centre de perfectionnement et de recyclage dans les différents domaines du métier de journaliste. Un centre qui pourrait être animé par les doyens de la profession et d’autres compétences.

L’AUTORÉGULATION
Dans une profession, la sanction des pairs est sans doute celle qui prête le moins à polémique. Mais son instauration exige deux préalables. Le premier est que les professionnels adhèrent unanimement et sans restriction à l’institution de ce mécanisme très particulier. Le second (qui complète le premier) réside dans la crédibilité des animateurs et responsables de l’instance d’autorégulation. L’Observatoire de déontologie et d’éthique de la presse (ODEP) était bien parti pour assurer l’autorégulation de la presse malienne. Mais les hésitations des uns et les contestations des autres l’ont malheureusement réduit à l’impuissance. Aujourd’hui, il est important de tirer les leçons de l’expérience ODEP pour repartir sur de nouvelles bases.
Parallèlement à ce travail, le plaidoyer pour la relecture de la loi sur la presse, avec en point de mire la dépénalisation des délits de presse, devrait se poursuivre.

Alfousseiny SIDIBÉ
Journaliste-Communicant

Source: L’Essor

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