De tous les acquis de la Transition, cette réalité est certainement la plus importante si tant est vrai qu’un pays, un peuple et une nation ne peuvent jamais être bien protégés et bien défendus que par leur propre Armée.
Une Armée nationale s’entend, en tant qu’institution militaire forte et consciente de ses missions régaliennes, entre les mains de militaires (officiers, sous-officiers, caporaux et hommes de rang) également conscients et professionnels, qui ne perdent jamais de vue la nécessité de s’aguerrir en permanence en s’adaptant avec hauteur de vision à l’évolution de l’art militaire dans le monde ; une Armée, par-dessus tout, soutenue à bras le corps, par la nation jalousie de sa grandeur et de sa pérennité car la vie d’une nation n’est jamais sans lien avec son armée.
Cette vérité d’airain se justifie complètement par l’histoire récente du Mali, notre pays, dont l’armée nationale, pourtant ayant bonne presse dans l’histoire africaine, a été méthodiquement malmenée, défigurée, désarticulée et désintégrée par une succession au pouvoir de politiciens plus aptes à servir les puissances étrangères, non sans s’enrichir illicitement eux-mêmes, qu’à prémunir la patrie de tous les manques évitables et de toutes les agressions potentielles que l’œil de prévenance ne manque pourtant jamais de voir profiler aux horizons. Gouverner, c’est prévoir, vieille maxime qui gardera toute sa charge d’alerte pour celui qui est choisi par les siens (ou même qui intervient pour stopper les dérives) afin de veiller sur leurs intérêts, le bien-être général, la sécurité et la quiétude pour tous. Il s’agit toujours, au départ comme dans le cours de l’évolution des affaires publiques, de serment pour servir avec honnêteté et volonté de réaliser des desseins nobles au bénéfice de tous. Servir, c’est le verbe fondamental de la gouvernance. Et chaque fois que le parjure prend le pas sur le serment, c’est le règne de la félonie, de la kleptomanie, des crimes nombreux et multiformes, qui provoquent immanquablement la décadence d’une nation, fût-elle la plus glorieuse, la plus prospère, la plus enviée.
Le Mali, vieux pays au passé glorieux, a eu le malheur, au nom d’on ne sait quelle démocratie, d’avoir été la cible, durant plus décennies, des trahisons de ses propres fils qui, contrairement à leurs prédécesseurs dans l’histoire ancienne et dans celle contemporaine, l’ont sans cesse « mitraillé » avec une inconscience qui a sans doute fait retourner plus d’une fois les ancêtres dans leurs tombes. Le serment de servir un peuple avec fidélité exige une conscience citoyenne élevée, l’honnêteté, la dignité. Ces qualités ont incontestablement manqué à ceux qui ont réussi à s’emparer des rênes de l’Etat du Mali durant les dernières décennies, grâce à la manipulation des esprits, à des élections truquées, à l’achat des consciences et autres abjectes manœuvres politiciennes. Leur méfait premier est sans doute d’avoir pris l’Armée nationale comme cible privilégiée en manquant de renouveler son outil de défense, en détruisant même ce qu’il y avait, le plus souvent avec des idées populistes aux accents pittoresques comme « Flamme de la paix », une opération d’autodafé de nos armées, ou en prétextant que le Mali n’avait pas besoin de tels ou tels moyens de sécurité et de guerre. Conséquences : nos radars ont été détruits ; notre aviation militaire, l’une des plus efficaces d’Afrique alors, liquidée ; nos blindés découpés au chalumeau pour être vendus comme ferraille, plusieurs de nos aéronefs bradés à des armées étrangères, loin de nous. Conséquences encore : le Mali est devenu un no man’s land pour les terroristes de tous poils, pour de séparatistes et autres indépendantistes alliés des puissance étrangères qui n’ont de motivations que mettre la main sur les richesses de notre sous-sol et, ce n’est plus niable, pour la partition de notre pays à cette fin. Conséquences malheureuses et fâcheuses, encore et encore : notre pays est devenu le lieu commun de villégiature pour des criminels, djihadistes et narcotrafiquants, entre autres, formés et financés pour perpétrer des génocides qui ne disent pas leurs noms. Au nord comme au centre du Mali, des tueries sont perpétrées avec une cruauté jamais connue sur nos terres depuis des temps immémoriaux, des villages incendiés, des greniers brûlés, du bétail calciné, des bombardements de cérémonies sociales par l’aviation militaire française (Bounty) qui a pourtant tout pour distinguer des civils, même savamment camouflés, des terroristes qui ne sont d’ailleurs jamais autres que des démons créés par la France et ses alliés européens. Les djihadistes, séparatistes, indépendantistes, narcotrafiquants, tous réunis dans le vocable de terroristes, attaquaient avec une audace toujours plus grande nos camps militaires grâce, non seulement à la trahison des puissances étrangères commanditaires, mais aussi grâce à la complicité de nos propres gouvernants et malheureusement aussi grâce à la félonie de certains officiers indignes de notre Armée nationale. Beaucoup de nos soldats tombés ainsi sur le champ d’honneur, faute d’armes appropriées et de munitions pour en découdre vaillamment avec les envahisseurs, n’ont pas eu de dignes sépultures ; d’autres, comme le Capitaine Sékou Traoré dit Bad et ses hommes, seront froidement égorgés à Aguel Hoc… Tous ces drames ont pu être parce que les dirigeants inconscients jusqu’à la moelle de leurs os, ont accepté d’être les porteurs des injonctions et des complots de l’ailleurs. Des soldats tchadiens, chevaux de Troie pourtant bien détectés, ont été ainsi, néanmoins, amenés dans l’Adrar des Ifoghas pour servir en lieu et place de l’Armée nationale du Mali mise hors de ses prérogatives régaliennes sur son propre territoire, et même perpétuellement délité. Serval, Barkhane, G5-Sahel étaient comme à perpétuelle demeure au pays de Soundjata, Firhoun… et pour l’accomplissement de la mission de faire disparaître le Mali de ses frontières originelles. Mais il était inscrit sur des tablettes gardées que ce Mali est éternel !
Aujourd’hui, le Mali, grâce à la vaillante Armée nationale malienne soutenue par le peuple conscient de tout le mal fait à la patrie, a recouvré, par la libération de Kidal le 14 novembre 2023, à quelques 45 jours de la fin de l’année, ce qui de son territoire demeurait depuis dix ans sous séquestre des hordes d’organisations du mal. Pour en arriver au recouvrement total de l’intégrité du territoire national, il a fallu des actions hardies empruntes du souci de la patrie. Le peuple malien s’est soulevé à partir du 05 juin 2020 à l’appel du désormais historique M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques) qui a acculé dans ses derniers retranchements le pouvoir de toutes les dérives, à pouvoir servile de l’étranger qui a finalement été écarté par l’intervention, le 18 août 2020,quelques 80 jours plus tard, de jeunes officiers qui ont souffert des trahisons des pouvoirs politiques pendant dix ans et qui ne pouvaient plus laisser le pays aller à vau-l’eau. La trahison instaurée alors a claudiqué pendant neuf mois et a même failli être récupérée par Emmanuel Macron, le président français. Les dieux de l’Olympe en ont décidé autrement sur les bords du Djoliba, une action rapide et vigoureuse action des officiers auteurs du pronunciamiento du 18 août 2020 a, en effet, empêché le coup de filet de la France, en mettant hors prérogative Ba N’Daw, le président de la Transition, son Premier ministre Moctar Ouane et tout le gouvernement, nouveau, furtivement mis en place. C’était le 24 mai 2021, date à partir de laquelle il a été question de la « trajectoire rectifiée de la Transition ». Le Colonel Assimi Goïta prêtera serment le 07 juin 2021 en tant que nouveau président de la Transition et nommera aussitôt Dr. Choguel Kokalla Maïga comme Premier ministre, Chef du gouvernement, ce qui sera perçu par les observateurs comme étant le scellement d’un pacte entre l’aile militaire et l’aile politique pour aller vers la refondation de l’Etat du Mali. Depuis, les choses se compliqueront pour le Mali, mais elles révèleront (à nouveau) au monde entier la grandeur historique du peuple, notamment sa forte résilience et ses capacités à renaître de ses cendres pour entamer une nouvelle marche en avant irrésistible. Les instruments sous régionaux de la France, la CEDEAO et l’UEMOA, actionnés depuis Paris, imposent le 09 janvier 2022, après avoir vainement tout tenté pour faire plier les nouvelles autorités maliennes, un embargo total (terrestre, aérien, diplomatique, rétorsions économiques, bancaires notamment, etc.), perfide au regard de leurs traités et de tous les traités internationaux, au Mali, pays sans littoral. L’U.A. (Union Africaine) et l’O.N.U. s’en accommodent avec une complicité criarde, alors que la France et l’Union Européenne s’en frottaient les mains. Les coalisés seront surpris par la réaction des Maliens qui, cinq jours seulement après l’imposition de l’embargo, sortent le 14 janvier 2022 à l’appel du Président Goïta, par millions, à travers l’ensemble du pays, pour témoigner leur soutien patriotique aux nouvelles autorités et signifier au monde entier leur acceptation pleine et entière de la nouvelle orientation prise par les autorités de la Transition. Cette mobilisation gigantesque motive le décret de la « JOURNEE DE LA SOUERAINETE RETROUVEE » au nom de laquelle, désormais, toutes les actions publiques et citoyennes obéiront dorénavant à trois exigences communément résumées comme étant le triptyque souverainiste du Mali : le respect de la souveraineté de l’État du Mali, le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires opérés par le Mali, la défense des intérêts du peuple malien dans les prises de décision ». Au nom de ce principe sacro-saint, notre pays se réserve le droit de ne pas accepter toutes les offres qui nous sont faites, si elles ne cadrent pas avec la vision que nous avons de l’avenir de notre pays, que ce soit pour la formation de notre capital humain ou que ce soit pour les questions économiques, sociales, développementales, partenariales… Ces trois principes édictés par le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, Chef de l’Etat, devront désormais guider l’action publique et les relations de coopération de notre pays avec le monde.
Tout compte fait, depuis dix ans, l’année nouvelle 2024 s’ouvre sur une nouvelle ère qui porte l’espoir de ne plus avoir d’armées étrangères s’implanter sur le sol national du Mali, en lieu et place des FAMAs qui, dans les conditions idoines, ne démériteront jamais de la nation malienne. Le nouvel an 2024 est, en effet, celui qui n’enregistre pas de présence de troupes militaires traîtresses sur la terre malienne, ce qui renoue avec la farouche volonté des pères fondateurs qui, dès le 20 janvier 1961, ont notifié à la France, en prenant à témoin la communauté internationale à travers les ambassadeurs accrédités auprès du gouvernement du Mali, leur décision de la voir évacuer toutes les bases militaires qu’elle occupait au Mali devenu indépendant quatre mois plus tôt, après que l’ex-puissance coloniale ait fait éclater la Fédération du Mali (Sénégal et Soudan français) dans la nuit du 19 au 20 août 1960. L’opération Serval a été renommée Barkhane, avec des objectifs plus criminels. Les autorités de la Transition malienne, au regard de plusieurs manquements à la bienséance, ont intimé à la France de faire plier bagage à Barkhane, sans délai et sous leur contrôle. Suite à cette injonction, après la rétrocession de plusieurs de ses emprises, cette force maléfique fait place nette définitivement le 15 mai 2022, sans procéder à la passation normale de son camp avec les forces maliennes, c’est qui a été vu comme une fuite dans la débandade qui la conduira au Niger où elle ne pourra pas prospérer, surprise par le changement de régime intervenu à Niamey le 26 juillet 2023. D’ailleurs, avant, le 9 novembre 2022, Emmanuel Macron avait été contraint de mettre fin à la mission Barkhane en prétextant que la France gardera désormais une présence militaire discrète en Afrique, dans le Sahel voulait-il dire en réalité. Impossible perspective d’autant le G5-Sahel et la Task Force Takuba avaient aussi essuyé des infortunes. Il ne restait à la France et à ses alliés comme seul fer au feu que la Minusma. De haute et sage lutte diplomatique, le Mali obtient des Nations Unies la fin de cette dernière mission criminelle et son retrait total et définitif au plus tard le 31 décembre 2023. Celle-ci profitera du temps qui lui restait pour porter plusieurs coups bas contre le Mali ; en particulier en cédant hâtivement ou par surprise les emprises qu’elle devrait rétrocéder aux forces maliennes, afin que les groupes armés terroristes puissent s’en emparer pour gêner, voire empêcher, l’armée malienne de réussir sa mission de reconquête du territoire national. Mais c’était sans compter avec la vigilance de cette dernière dont le professionnalisme s’avérait à chaque tournant. La Minusma comptait plus de 15 000 hommes au Mali dont des personnels civils au compte de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali. Elle laisse derrière elle 310 sacrifiés de nationalités différentes engagés dans une cause injuste, celle de couvrir des crimes contre un Etat souverain, d’en perpétrer ou d’en créer les conditions. Plus de 700 de ces barbouses sous parapluie onusien au n service de la France rentreront avec des blessures. C’est du moins des informations données le lundi, 11 décembre 2023 par El Ghasim Wane, chef de la MINUSMA au Mali, lors de la cérémonie adieu de la mission onusienne. C’est en effet ce jour qu’officiellement la Minusma a clos sa présence au Mali à la faveur d’une cérémonie qui s’est déroulée à son Quartier Général, sur la route de l’Aéroport de Bamako, en présence des autorités maliennes. « Après le retrait total de la mission, prévu pour le 31 décembre 2023, va débuter la phase de liquidation le 1er janvier 2024. Cette dernière étape devrait s’étendre sur 18 mois, mais ce délai pourrait être écourté », selon le premier responsable de la MINUSMA.
Ce qui importe aujourd’hui, c’est de réfléchir quelle sera l’attitude des Maliens après la douloureuse présence des armées étrangères sur le sol de leur pays, trahison certaine à la lumière de nombreux agissements criminels, dont se sont rendues coupables les élites maliennes qui ont eu la charge de l’Etat et qui ont été les complices actifs des puissances étrangères dans la perpétration de tant de forfaitures. La première règle de conduite à tenir est que les Maliens doivent être désormais vigilants et engagés pour que plus jamais des politiciens véreux, plus soucieux de s’enrichir illicitement, n’en viennent à s’emparer des rênes de l’Etat. La deuxième règle de conduite est que tout doit être mis en œuvre pour que s’éteigne à jamais la race des officiers félons, inconscients et aptes comme les politiciens crapuleux à abandonner l’Armée nationale au bon vouloir des destructeurs de tout acabit, qui n’ont cure du sous-équipement de nos forces, encore moins de la destruction de notre outil de défense, et pire qui sont des professionnels des concussions et des surfacturations chaque fois que la mission leur est confiée de pourvoir au renforcement de nos capacités de défense.
Sy Eric
Amadou N’Fa Diallo