De qui se fout-on encore ? Du peuple malien sûrement. Ce peuple, sorti massivement pour élire l’ancien président de la ruche et non moins ancien Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré, n’aura que ses yeux pour pleurer en apprenant la composition du gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly. Au lieu du changement demandé par les électeurs, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, reprend les délinquants financiers de l’Adema dont la plupart ont laissé des ardoises salées dans leurs départements respectifs.
Le retour de Moustapha Dicko (ancien ministre ADEMA), de Mme Bouaré Fily SissoKo (ancien ministre ADEMA), du colonel Sada Samaké (ancien ministre ADEMA), de Cheickna Seydina Diawara (ancien ministre ADEMA), Soumeylou Boubèye Maïga (ancien ministre ADEMA), Mme Berthé Aïssata Bengaly (ancien ministre UDD sous ATT), Mohamed Diarra (ancien ministre ADEMA) dans le nouveau gouvernement formé le 8 septembre 2013 n’augure rien de bon. Sauf, le renforcement de la délinquance financière.
Moustapha Dicko, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : Deux fois ministre de l’Education sous l’ancien président Alpha Oumar Konaré, M. Dicko signe son retour dans le gouvernement au même département. Son passage au département de l’Education est émaillé de scandales financiers. C’est lors de son passage qu’il y a eu d’énormes détournements de fonds avec une ardoise salée de plus de 3 milliards de FCFA. En son temps, le président ATT avait transmis son dossier au procureur de la commune III, chargé du Pôle économique ; dossier qui reste à ce jour pendant devant les tribunaux.
Le retour de cet homme dans ce gouvernement, auquel on veut insuffler le changement voulu par les Maliens, n’augure rien de bon.
Cheickna Seydina Diawara, ministre du Plan et de la Prospective : Ancien ministre des Mines de IBK alors Premier ministre, qui le sortira du gouvernement suite à un scandale autour d’un permis de recherche minière d’une société minière canadienne installée à Ségala (Kéniéba). Bénéficiant toujours d’une estime de IBK, qui frisait la complicité, il sera, malgré tout, nommé Haut Commissaire de l’OMVS.
Mme Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Economie et des Finances : Anciennement chargée des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, sa gestion de ce département n’a pas été du tout reluisante ni au niveau des finances ni au niveau du foncier. Un rapport de contrôle, qui retrace tous les contours de cette gestion, a pourtant été transmis au procureur de la commune III, chargé du Pôle économique.
Colonel Sada Samaké, ministre de la Sécurité : Ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité intérieure durant la longue période de IBK à la primature (6 ans), sa gestion scandaleuse, à l’instar des autres ministres ADEMA, y compris celle au niveau de notre représentation diplomatique à Abidjan, ont été également consignées dans des rapports de contrôle.
Son retour à la Sécurité correspond sans nul doute à un renvoi d’ascenseur pour sa méthode musclée face aux nombreuses défiances vis-à-vis de la gouvernance IBK. Entre autres, la marche réprimée des islamistes, des élèves et étudiants et de l’arrestation de tous leaders du COPPO ; tout comme les journalistes (au siège du MIRIA) et la fermeture de la radio privée Kayira.
Soumeylou Boubèye Maïga, ministère de la Défense et des Anciens combattants :Ancien ministre ADEMA au même département, il est sans nul doute responsable, ne serait- ce qu’en partie, de la déconfiture de l’armée nationale, car ce département a toujours souffert de la mauvaise gestion de ses ressources financières. Aucune réforme ou restructuration ne sera possible tant que ce département avec sa spécificité sera confié à des civils surtout ceux qui ont déjà imprimé leur passage.
Mme Berthé Aïssata Bengaly, ministre de l’Artisanat et du Tourisme : Ancienne ministre, chargée de la Promotion de la Femme, elle a été sortie du gouvernement par ATT à cause de la mauvaise gestion des fonds affectés par l’ACBF, dans le cadre de la promotion et de la vulgarisation du beurre de karité.
Les slogans forts de la campagne du candidat Ibrahim Boubacar Keïta pourront- ils avoir un sens lors qu’il veut se servir du vieux pour faire du neuf.
Tout indique que le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, débute sa mission les mains presque liées, avec l’arrivée de tous ces anciens ministres qui traînent des casseroles, mais également les proches parents et amis du président.
Yoro SOW
Source: Inter de Bamako