Le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, reçu vendredi dernier à Paris, par le chef d’Etat français, François Hollande, appelle toujours à dialoguer avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). La France continue de reconnaitre une légitimité à ces terroristes convertis sans se soucier de leur passé et de leur crédibilité.
De Paris où il a eu un entretien avec son homologue français, Dioncounda Traoré a posé un troisième acte prouvant la détermination des autorités maliennes à accorder une chance au dialogue. Le président de la République par intérim vient de tendre à nouveau la main au Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). Celui-ci doit en fait renoncer à l’autonomie et saisir la décentralisation.
« Dans la décentralisation que nous envisageons, qui prévoit des transferts importants de compétences, de responsabilités et de moyens, je suis certain que le Mnla trouvera son compte et que l’ensemble du Mali en tirera bénéfice », a affirmé Dioncounda Traoré, qui martèle d’un ton optimiste : « Je suis sûr qu’au moment où je vous parle, le Mnla est prêt à s’engager dans un dialogue sincère et profond avec le reste du Mali ».
Pour le président par intérim, la situation n’est pas bloquée avec le Mouvement national de libération de l’Azawad. Même si la date butoir (15 mai) donnée par le gouvernement afin que l’armée malienne s’empare de Kidal est révolue.
Le chef de l’Etat privilégie toujours le dialogue pour libérer Kidal et en organiser la Présidentielle de Juillet. « Le MNLA est constitué de Maliens, de compatriotes à nous, auxquels nous avons réservé un traitement différent de celui réservé aux djihadistes, et avec lesquels nous allons dialoguer, discuter», a assuré le président Traoré, appelant toutefois le mouvement touareg à ne « pas s’accrocher à des termes tels qu’autonomie ».
Second acte, Dioncounda Traoré a nommé Tiébilé Dramé, au poste de conseiller spécial, chargé d’engager des contacts avec les groupes armés du nord. L’ancien ministre aura la mission de négocier pour que les élections puissent se tenir dans le nord, notamment à Kidal.
En décidant de nommer un émissaire pour tenter de sortir de l’impasse avant les élections, le président Dioncounda Traoré envoie un signal, qui démontre que l’Etat malien veut s’investir dans le règlement de la question touarègue. Tiébilé Dramé devrait aboutir à un compromis avec les groupes armés et, en tout premier lieu, avec les rebelles touaregs du Mnla, pour permettre la tenue des élections sur tout le territoire.
Le tout premier acte fut l’installation dans leur fonction, le 25 avril dernier, des 33 membres de la Commission Dialogue et Réconciliation (Cdr) dirigée par Mohamed Salia Sokona. La Cdr a pour missions de proposer les moyens susceptibles de contribuer à surmonter les traumatismes subis par les victimes d’exactions, identifier et faire des propositions pour la réalisation des actions destinées à renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale. Elle est constituée de toutes les composantes du pays et tous les acteurs de la crise.
Quoi négocier ?
Après tous ces signaux forts des autorités maliennes, les responsables du Mnla n’ont pas encore posé un acte prouvant leur attachement à la République. Pis, ils continuent de harceler les Maliens et la communauté internationale par leur histoire d’« Azawad » dont le Mnla est le seul mouvement à en savoir les origines. Ce qui démontre la mauvaise foi de ce mouvement. Une mauvaise foi qui ne date pas d’aujourd’hui. Le Mnla est connu pour ses tromperies et ses voltefaces spectaculaires.
Le président de la République, qui pose autant d’actes en faveur de la paix, sait pertinemment que le Mnla est loin d’être un interlocuteur crédible. Alors, que peut-on attendre de ces apatrides qui n’ont pas hésité à comploter contre leur pays, en ouvrant ses frontières à des terroristes et autres criminels de tout acabit ? Les dirigeants du Mnla ne reconnaissent même pas le Mali comme leur propre pays, à fortiori accepter ses attributs. Quand les autorités maliennes parlent d’un Mali Un et indivisible, les responsables du Mnla répliquent par « autonomie ou statut spécial ». Aujourd’hui, les questions qui se posent sont : Quoi négocier ? Avec qui négocier ? La plupart des membres du Mnla sont des criminels et des narco trafiquants recherchés par la justice malienne.
Aussi, la communauté internationale doit se rappeler les nombreux accords signés par les responsables du Mnla en tant qu’acteurs d’autres mouvements touaregs. Tous ces accords signés, dont le Pacte national, avec différents gouvernements du Mali, ont été violés et foulés au pied par ces rebelles et terroristes cachés derrière le Mnla. Ceux-ci n’ont aucune légitimité et encore moins de crédibilité. Ils n’ont jamais tenu leurs engagements.
Donc, la France et la communauté internationale, qui imposent de dialoguer avec ces bandits, doivent donner des garanties que ceux-ci ne pourront plus impunément tromper le peuple malien.
Idrissa Maïga