Sur les réseaux sociaux maliens, des posts viraux affirment, photographies à l’appui, que l’armée française aurait livré des motos à des groupes jihadistes au Mali, contre lesquels ils sont pourtant engagés depuis six ans. Cette rumeur a été démentie par les armées maliennes et françaises, qui, toutes deux, ont indiqué que ces photographies documentaient la réception par la force Barkhane de 60 motos destinées à être transmises dans les prochains jours aux Forces armées maliennes (FAMa).
“L’armée malienne risque des attaques terroristes dans les jours avenirs (sic). Voilà comment les terroristes sont #Ravitailler en moyens de #déplacement par la France. Si c’est pas vrai, est-ce que on a déjà vu un militaire français se déplacer avec des motos de cette marque ? La population doit réagir au plus vite possible”. Ce post alarmiste, publié le 2 décembre par la page Facebook malienne Mali Info, a recueilli plus de 1.200 partages depuis sa mise en ligne. Il est accompagné de quatre photographies sur lesquelles on voit un avion militaire français déchargeant des dizaines de motos. L’AFP l’a archivé ici.
Sur son compte Twitter officiel, l’ambassade de France au Mali a démenti cette rumeur le 3 décembre. “Ces motos ont bel et bien été transportées par Barkhane le 2 décembre, et délivrées aux Famas afin d’équiper de nouvelles unités mobiles”, lit-on.
Le même jour, le compte Twitter officiel des Forces armées maliennes a également démenti cette rumeur. “Des informations circulent sur les réseaux relatives à des motos payées par #Barkhane. La #DIRPA confirme que lesdites motos sont effectivement destinées aux #FAMa”, ont affirmé les Forces armées maliennes.
L’AFP a interrogé l’état-major de l’armée française afin d’obtenir des éléments de contexte sur les photos circulant sur les réseaux sociaux au Mali. “Dans le cadre du projet d’équipement des forces armées maliennes, la force Barkhane a reçu 60 motos, 120 pneus, 60 casques, 60 cadenas, 2 compresseurs et de l’outillage qui seront transmis dans les prochains jours à l’armée malienne”, explique l’état-major français dans un communiqué daté du 4 décembre.
“La France finance un certain nombre d’équipements, en particulier des motos, destinées à équiper les forces armées maliennes. Barkhane assure le transport aérien de ces équipements depuis Bamako vers les théâtres d’opérations : ainsi, le 2 décembre, les premières motos ont été embarquées à l’aéroport Modibo Keita”, lit-on également.
Selon l’état-major français, “les 60 motos ainsi que l’équipement associé se trouvent désormais à Gao et seront prochainement donnés aux forces armées maliennes. Ces motos permettront aux FAMa de gagner en mobilité et de renforcer leur lutte contre les groupes armés terroristes”. Le communiqué précise également que d’autres moyens seront donnés aux forces armées maliennes dans les prochains mois pour persévérer dans ce sens.
L’état-major des armées françaises nous a également fourni une photographie montrant les 60 motos et l’avion ayant servi à les transporter. Ces engins s’avèrent être strictement identiques à ceux présentés comme étant “un ravitaillement des terroristes par la France”. On distingue, sur les photographies de l’état-major comme sur les photographies présentées, à tort, comme étant une preuve de la fourniture de motos à des jihadistes, la même immatriculation sur la carlingue de l’avion : F-RBAO.
Cette rumeur intervient quelques jours après la mort de treize soldats français lors de la collision de deux hélicoptères alors qu’ils appuyaient des commandos parachutistes qui avaient repéré des pick-up suspects dans la zone frontalière avec le Niger et le Burkina Faso, une région servant de repaire à des groupes jihadistes affiliés à l’Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda.
L’opération française Barkhane mobilise 4.500 hommes dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l’Europe, pour lutter contre les groupes armés. Mais, après six ans de présence ininterrompue, et 41 morts côté français, l’horizon est de plus en plus plombé. Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu’au Burkina et au Niger voisins. De nombreuses attaques sont commises par des assaillants à moto.
AFP