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Nomination au grade de général des tombeurs D’IBK: Le coup de canif de trop !

Après avoir jalousement gardé les budgets des institutions dissoutes lors du coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en 2020, mis en place un gouvernement d’exclusion, choisi des membres du Conseil national de transition (CNT) en fonction des relations, prolongé la transition pour se maintenir au pouvoir, un autre coup de massue vient d’achever le peuple malien. En effet, depuis mercredi dernier, les tombeurs d’IBK, se sont auto-proclamés généraux sans se soucieux de la grande misère du peuple malien. Ça n’est de trop pour une transition qui ne songe qu’à elle-même.


Si être auteur de coup de force signifie nomination au grade de général, le Mali n’arrivera jamais au bout de ses peines.

La transition militaire en cours au Mali respecte la tradition. En effet, depuis le coup d’État du 19 novembre 1968 contre le régime progressiste du premier président du Mali indépendant, Modibo Keïta, les «hommes forts» de la scène politique, avides d’argent et de promotion, n’hésitent pas à affranchir allègrement le pas de l’auto- promotion. Le lieutenant Moussa Traoré et son Comité militaire de libération nationale (CMNL) ouvrent la boîte de Pandore des récompenses sans méritent. Il s’est promu général d’armée, devenant ainsi le plus gradé de l’armée malienne jusqu’à a sa retraite.

En 2012, pour avoir les coudées franches, le président de la transition d’alors, le Pr Dioncounda Traoré bombarde au grand de général de corps d’armée, le capitaine Amadou Haya Sanogo, tombeur du président Amadou Toumani Touré (ATT), à deux (02) mois de la fin de son mandat. Rebelote en 2020.
Depuis mercredi 16 octobre 2024, les putschistes, qui jusque-là n’ont pas encore assumé leur part dans la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), viennent de se servir eux-mêmes. Ils se sont promus généraux à titre exceptionnel, selon le communiqué du Conseil des ministres. La part du loin revient au président de la transition, Assimi Goïta. Ainsi, il devient le plus gradé de l’armée malienne avec le grade de général d’armée.

Dans ce tableau sinistre, on peut dire que seul ATT et son Conseil de réconciliation nationale (CRN), auteurs du coup d’État contre le général Moussa Traoré en 1991, échappent à cette règle non écrite depuis 1968. Ils se sont consacrés à leur mission, à savoir poser les jalons de la construction d’une société démocratique (organisation duréférendumdes élections communales, législatives et présidentielle, adoption d’autres textes régissant la vie de la Nation). Ce n’est qu’après avoir passé le pouvoir au président élu, Alpha Oumar Konaré, en juin 1992, que ce dernier le nomme général. Cette promotion, contrairement à celle de 2024 qui divise les Maliens, a été hautement saluée par le peuple.
La nomination des membres du Comité national du salut du peuple (CNSP) au grade de général est le coup de canif de trop contre le peuple malien, qui a donné le meilleur de lui- même en acceptant tout : les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la vie chère, le pilotage à vue des affaires publiques, l’attribution opaque des marchés, dégradation de la situation sociopolitique. Il faisait cela, pensantque le jeu était sincère. Mais à chaque tournant de la transition, il se rend compte qu’il est floué au détriment de la préservation des acquis d’un clan, sorti de nulle part, comme à l’époque des vrais faux démocrates. Elle sera certainement la dernière quiassiègela citadelle des avantages et privilèges indûment accordés aux hommes qui tiennent le pays par le bout du fusil.
Cette auto-promotion au grade de général intervient après que les tombeurs d’IBK ont jalousement gardé les budgets des institutions dissoutes lors du coup de force de 2020. Ce qui était contraire aux revendications du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), dont les ténors et militants exigeaient du président IBK de réduire le train de vie de l’État, qui consistait à leurs yeux à diminuer les budgets des institutions.

Autre fait dans l’auto- satisfaction, c’est le choix des membres du Conseil national de transition (CNT). Ils, (les militaires) ont mis en avant un seul critère de sélection: les relations. Et au moment où le peuple s’attendait qu’on accorde des indemnités forfaitaires aux membres du CNT, ils les ont accordés tous les avantages qu’un député percevait sous l’ère IBK. La composition du gouvernement est passée par là. Ce qui fait qu’il est empêtré dans des contradictions qui minent aujourd’hui la cohésion sociale.
On nous rétorquera que tout cela émane des conclusions des Assises nationales de la refondation (ANR), tenues en décembre 2021 et du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale (DIM), mai 2024. Certes, mais il n’a jamais été question dans leur application de favoriser une couche aux dépens de la majorité. Mais, le constat est que chaque fois qu’il s’agit des militaires au pouvoir et leurs soutiens, la machine se met en branle. Pour preuve, la transition a été prolongée pour eux, le CNT a été compété à 147 pour eux et leurs soutiens.

Pourtant, on n’a pas touché aux autres recommandations des ANR qui soulagent plus les Maliens si elles avaient été appliquées. Mais on préfère satisfaire une partie du peuple. Et en ce qui concerne la nomination des putschistes au grade de général, on nous dira encore que c’est le DIM. Nous disons que s’il y a urgence dans l’application des conclusions du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, c’est surtout le dialogue prôné avec nos frères égaréset non une auto- promotion. Malheureusement, pour tenants de ce courant, dans le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 16 octobre 2024, il est écrit qu’ils sont promus généraux à titre exceptionnel. Même à ce niveau, il y a violation de texte. À titre exceptionnel ne donne pas droit de piétiner les autres échelons, mais de passer au supérieur.
Que de gâchis !

Yoro SOW

Source: L’Inter de Bamako

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