Aménagement d’un dépôt d’ordures, achèvement des travaux du CSREF,
réhabilitation des bâtiments administratifs, opérationnalisation de la région, subvention aux collectivités, distribution gratuite de vivres… les Niorois ont égrené un chapelet de besoins devant le Premier ministre.
Jeudi 29 août. Le soleil s’achemine vers sa couchette, cédant la place à la nuit qui commence à s’installer. Les boutiques et autres magasins, implantés le long du carrefour, ont déjà allumé leurs ampoules. Des bâtiments modernes trônent un peu partout dans cette ville qui continue de s’étendre. Une foule nombreuse est massée des deux côtés de la route goudronnée, en formant un demi-cercle autour de la tribune. Les pionniers, fouloirs de couleurs rouge et jaune autour du cou, sont aussi là. Le Premier ministre arrive à Nioro, en provenance de Diéma. Jeunes, femmes et vieux l’accueillent devant l’estrade de la Cité religieuse. Dr Boubou Cissé prend un bain de foule. La musique de la fanfare nationale résonne à fond. Le chef du gouvernement fait le tour de la foule, avant de s’installer dans sa résidence.
Vendredi, le lendemain, le patron de l’exécutif national rencontre les cadres et les forces vices du cercle. L’objectif de la visite ? S’enquérir des préoccupations et difficultés de la population, afin de trouver des solutions urgentes adaptées en fonction des priorités et en tenant compte des moyens disponibles ou mobilisables à cet effet. A l’occasion, les entrées de la salle de conférences où se déroulera la réunion, sont parées aux couleurs nationales. De gros nuages masquent le soleil. Les eaux de ruissellement des dernières pluies obligent à la prudence, en marchant. La ville s’est réveillée sous un temps quelque peu clément.
C’est ainsi que des délégués du cercle vont se succéder au pupitre pour égrener inquiétudes et besoins de leurs circonscriptions. Invité à intervenir à ce propos, le maire de Nioro plaide pour l’aménagement d’un dépôt d’ordures, l’achèvement des travaux du CSREF, la réhabilitation des bâtiments administratifs qui sont presque «tous en ruine». Il ne manque pas d’insister sur le caractère urgent de ces besoins, tout en reconnaissant les efforts du président de la République en faveur de sa population.
INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE – A sa suite, le président de l’Association des municipalités du cercle, Bakary Cissé attire l’attention de l’hôte de marque sur les lenteurs constatées dans la mise à disposition des fonds d’investissement, de la subvention aux collectivités. Il alerte aussi sur l’insécurité alimentaire qui risque d’être aggravée par l’installation tardive de l’hivernage. Pour s’en prémunir, l’élu local propose la distribution gratuite de vivres aux populations, l’aménagement de la plaine agricole. Bakary Cissé demande aussi l’affectation des enseignants de qualité en nombre suffisant et la création de deux nouveaux lycées pour faire face aux besoins. L’élu local plaidera ensuite pour la constriction de routes, «facteur de développement», dont celle reliant Nioro à Sandaré. Pour terminer, il demande l’opérationnalisation de la Région de Nioro.
Quant au Conseil local de la société civile, il déplore les conditions de vie et de travail des représentants de l’Etat : préfets et sous-préfets. Qui, estime Bouna Bathily, doivent être logés décemment, afin de «mériter le respect et la considération des administrés». La présidente locale de la Cafo, Fatoumata Nimaga, souhaite, au nom des femmes, l’équipement du Centre multifonctionnel, opérationnel depuis 2017.
Le président du Conseil local de la jeunesse bouclera la liste des intervenants. Cheick Coulibaly attirera l’attention sur le chômage des jeunes et la finition de la Maison des jeunes, en chantier depuis deux ans, ainsi que l’aménagement du stade municipal de Nioro.
En réponse aux besoins et préoccupations soulevés, le Premier ministre, l’air serein et sincère, rassure : «Certaines de vos préoccupations seront prises en charge dans les meilleurs délais», après avoir fait observer une minute de silence pour le repos de l’âme de tous les soldats tombés sur le champ d’honneur. «Le développement se construit dans la paix, la cohésion nationale. C’est la mission que le président de la République nous a demandé de faire dans un bref délai». D’où la signature d’un Accord politique de gouvernance, qui a permis la mise en place d’un gouvernement composé de partis politiques de la majoritaire et de l’opposition, a rappelé le chef du gouvernement.
Dr Boubou Cissé révèle ensuite que le financement de la route Sandaré-Nioro, stratégique en termes économique et sécuritaire, a été acquis dans le cadre du G5 Sahel. «Nous sommes en train d’aller vers la sélection de l’entreprise devant la réaliser», a révélé le Premier ministre qui a, pour la prise en charge immédiate des besoins en vivres, procédé à la remise symbolique de 50 tonnes de vivres à l’ensemble du cercle.
TAISONS LES CONFLITS – Le chef du gouvernement sonnera ensuite la mobilisation autour du Dialogue politique inclusif en préparation. «Nous ne le réussirons que si nous avons la ferme conviction que c’est de notre présent et notre futur dont il s’agit, car il permettra de trouver des solutions durables et définitives à la crise multidimensionnelle que nous traversons», a souligné Dr Boubou Cissé, invitant à l’union et l’accompagnement de tous les fils du Mali. «Donnons-nous la main, parlons entre nous, taisons les conflits et les divisions. Si nous restons unis, rien n’est impossible», insiste le Premier ministre, d’un ton humble et rassembleur.
C’est sur cette note d’espoir que le séjour a pris fin à Nioro. La délégation a mis le cap sur Kayes. Le long du trajet, des arbres épineux rabougris verdissent partout dans ce vaste espace sablonneux et caillouteux ceinturé par des montagnes. Le soleil clément depuis le matin, pique progressivement. Le ciel est bleu clair et nuageux par endroits. L’hivernage bat son plein. Les plaines sont inondées d’eau de pluie. Les cultures poussent, dans certaines zones. Dans d’autres, elles atteignent la taille d’une brebis. Le pré, lui, pousse généreusement dans cette zone d’élevage par excellence. Les habitants des hameaux et des villages (petits comme grands) débout le long du bitume, munis du drapeau national, ovationnent le passage du cortège du Premier ministre. Dr Boubou Cissé y observe des escales spontanées, descend de son véhicule pour serrer les mains, quel que soit le nombre de personnes à l’accueil. Une considération que l’on n’oubliera jamais dans le Mali profond.
Cheick M. TRAORé
Source: L’Essor-Mali