Par Moïse Gomis Elles ont entre 16 et 20 ans et sont Nigérianes. Elles viennent des quatre coins du pays et vivent toutes à Lagos. Pour ces femmes de demain, impossible ne rime absolument pas avec Nigériane.
Du haut de ses 17 ans, Patience croit en son étoile. Même si elle n’a pas eu la chance de pouvoir suivre une longue scolarité, Patience est convaincue que tôt au tard la roue tournera dans le bon sens pour elle.
Aujourd’hui, elle travaille dans la blanchisserie tenue par son frère, à Ajah dans la périphérie de Lagos : « Dans les 5 à 10 prochaines années, j’espère que les choses vont s’améliorer pour moi. Que je puisse atteindre mes rêves. Quand je serai adulte, de ne plus avoir les mêmes problèmes. Et surtout je veux éviter à mes enfants de vivre les choses que j’ai vécues dans ma vie de jeune fille ». En attendant, elle reprend son ouvrage le sourire aux lèvres et les yeux pétillants.
Aider les autres
Osegbo est née dans l’est du Nigeria, mais a grandi à Lagos. À presque 20 ans, elle effectue en ce moment un service civique. Elle se projette à terme dans le monde médical. Pour rien au monde Osegbo ne quitterait le Nigeria : « J’aimerais contribuer à l’amélioration des conditions de la médecine ici. Il n’y a pas de raison de chercher à aller à l’étranger pour être bien pris en charge par un médecin. Cela doit devenir possible aussi au Nigeria. »
À 16 ans, Saratu, elle, a connu déjà plusieurs vies. Une enfance paisible à Chibok dans le Borno. Mais brutalement Saratu a dû fuir son village à cause d’une attaque des Boko Haram. Terrée plusieurs jours et nuits en brousse, elle a parcouru au pas de course une centaine de kilomètres pour sauver sa vie. Aujourd’hui à Lagos, Saratu a intégré une école et peut aller en cours sans craindre d’être enlevée. Elle se reconstruit et se projette : « Je veux une belle vie. J’aimerais devenir une avocate. Si cela se réalise, ce sera une bonne chose pour moi et j’aiderai mes parents de ma communauté. Par la grâce de Dieu, j’aiderai toute personne dans le besoin. »
Changer de conditions sociales
Adueke étudie le droit à Unilag, l’université de Lagos. Issue de la classe moyenne, elle vit à Surulere. Choquée par le côté inégalitaire de la société nigériane où l’argent achète parfois les consciences, la jeune fille âgée de 19 ans souhaite devenir avocate : « Vous savez au Nigeria, beaucoup de gens pauvres se retrouvent incarcérés, car ils n’ont pas de bons avocats pour les défendre. C’est pourquoi je veux aider les démunis et consacrer du temps pour eux en faisant du bénévolat notamment en travaillant au sein du bureau du Défenseur de droits. »
Toujours sur le campus d’Unilag, Ngozi vit ses 20 ans avec la certitude de changer de conditions sociales. Elle habite toujours Alaba chez ses parents et passe beaucoup de temps dans les transports en commun informels pour rejoindre sa fac. Pleine de détermination et le regard droit, elle se voit devenir « enseignante. En particulier auprès des adolescents délinquants autour d’ici à Lagos. Peut-être à partir des erreurs qu’ils ont pu faire dans la vie, juste leur proposer des solutions alternatives. »
Le présent et l’avenir du Nigeria
À 20 ans Tolani est originaire d’Ibadan dans l’État d’Oyo dans le sud-ouest. Elle vit et travaille à Lagos dans la communication. Elle veut reprendre des études. Et devenir une journaliste « pour parcourir le globe » et aussi son pays. Pour Tolani, les femmes sont le présent et l’avenir du Nigeria… « Bien que je ne sois pas à première vue intéressée par la politique, néanmoins si au bout du compte je suis active et que les gens s’en rendent compte en se disant : ‘Ok on a donné le pouvoir à cet homme, mais on pense que tu peux nous diriger. Que tu peux réfléchir et faire mieux qu’un homme’. Eh bien franchement je ne me défilerai pas. Je m’en sens capable ».
Source: RFI