Les parents de lycéennes enlevées par Boko Haram à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, et toujours portées disparues, ont lancé de nouveaux appels samedi pour leur libération et celle des milliers d’autres personnes encore retenues, à l’occasion du quatrième anniversaire de cet événement qui avait suscité l’indignation mondiale.
Aux côtés de plusieurs milliers de personnes, ces mères et pères ont participé à une marche jusqu’à l’école secondaire pour filles où 276 lycéennes avaient été enlevées dans la soirée du 14 avril 2014.
Cinquante-sept d’entre elles avaient réussi à s’échapper immédiatement après leur rapt, mais 112 sont toujours détenues.
Cet enlèvement de masse était devenu le symbole des exactions commises par le groupe jihadiste, qui a fait 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés dans le Nord-Est depuis 2009. La tragédie avait déclenché une vague d’émotion mondiale avec le mouvement “Bring Back Our Girls” relayée jusqu’à la Maison Blanche par Michelle Obama.
Les parents dont les filles ont été relâchées portaient des tuniques blanches sur leurs vêtements durant la cérémonie, d’une durée de deux heures, qui s’est tenue à Chibok (Etat de Borno). Ceux dont les filles sont toujours détenues portaient des tuniques noires.
“Nous prions seulement pour que nos filles soient libérées et nous reviennent”, a déclaré à la foule Hannatu Daudu, dont la fille Saratu figure parmi les captives.
“Nous avons besoin de savoir si elles sont vivantes ou mortes. Si elle sont en vie, laissez-les revenir auprès de nous. Si elles sont mortes, dites-le nous pour que nous puissions au moins prier pour elles, puis surmonter ce chagrin”, a-t-elle ajouté. “Il vaut mieux savoir si nos filles sont mortes, plutôt que d’être laissé dans l’incertitude. Cela aggrave notre chagrin”.
Outre la cérémonie à Chibok, au cours de laquelle ont été dites des prières chrétiennes et musulmanes, une série de manifestations et de veilles étaient prévues dans l’ensemble du Nigeria.
– “Tout espoir n’est pas perdu” –
Le président du Nigeria en 2014, Goodluck Jonathan, avait été vivement critiqué pour sa réaction à l’enlèvement des lycéennes de Chibok, mais son successeur Muhammadu Buhari a eu plus de succès.
Depuis 2016, 107 filles ont été retrouvées. Elles ont été libérées ou se sont échappées dans le cadre d’un accord du gouvernement avec Boko Haram. Les autorités ont indiqué que des pourparlers se poursuivaient discrètement pour obtenir des libérations supplémentaires et parvenir à mettre fin au conflit.
“Nous prions pour chaque Nigerian détenu par Boko Haram”, a déclaré à l’AFP Yakubu Nkeki, qui dirige l’association des parents des filles de Chibok. “Laissons le gouvernement faire de son mieux de manière à ce que chaque citoyen nigérian aux mains de Boko Haram soit libéré cette année”.
Le président Buhari, qui a annoncé son intention de briguer un second mandat en février 2019, a assuré aux parents des jeunes filles de Chibok que leurs filles ne seraient “jamais oubliées ou abandonnées à leur sort”.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, il ne cesse de répéter que Boko Haram est “techniquement défait”. Mais, même s’il est affaibli, le groupe conserve la capacité de mener des opérations de grande envergure.
Ainsi, en février, des combattants d’une faction de Boko Haram dirigée par Abu Mossad Al Barnaoui ont enlevé 112 écolières et un garçon à Dapchi, dans l’Etat de Yobe (nord-est). Cent sept de ces otages ont été libérés à la mi-mars, cinq sont morts et une fille – la seule chrétienne – est toujours détenue.
Le retour chez eux d’un nombre aussi important d’écoliers enlevés à Dapchi et à Chibok montre que “tout espoir n’est pas perdu” et que le gouvernement “fait de son mieux”, a estimé le président Buhari.
Plusieurs parents d’écolières de Dapchi étaient à Chibok samedi, en signe de solidarité.
Selon l’Unicef, plus de 1.000 enfants ont été enlevés depuis 2013 par Boko Haram au Nigeria.
Slate Afrique