L’ex-président de la Banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, a déclaré dimanche que le président Goodluck Jonathan, qui l’a démis de ses fonctions, était un homme voulant « faire de son mieux » mais déstabilisé par un entourage « malhonnête » et « incompétent ». « Lorsque vous vous trouvez avec le président Goodluck Jonathan, il a l’air d’une personne simple et aimable, qui essaie de faire de son mieux », a expliqué Lamido Sanusi à l’AFP. « Son plus grand échec est manifestement le fait qu’il soit entouré par des gens qui sont extrêmement incompétents, qui sont très malhonnêtes et en qui il a confiance. »
Lamido Sanusi, dont le mandat à la tête de la Banque centrale devait expirer en juin, a été suspendu jeudi par Goodluck Jonathan pour avoir commis des « imprudences » en matière de finances. Puis il s’est vu retirer son passeport vendredi à son arrivée à Lagos. Lamido Sanusi est plongé au coeur d’une controverse depuis qu’il a demandé des comptes à la Société pétrolière nationale nigériane (NNPC) au sujet de 20 milliards de dollars de fonds publics manquants.
L’action de Lamido Sanusi, qui a remis de l’ordre dans un secteur bancaire au bord de l’implosion et stabilisé la monnaie du pays le plus peuplé et plus gros producteur de pétrole d’Afrique, a été saluée par de nombreux économistes nigérians et étrangers. Mais cela lui a valu, également, de puissants ennemis politiques.
« Une atteinte aux droits humains fondamentaux »
« Je pense que me prendre mon passeport est le début d’une atteinte à mes droits humains fondamentaux », a déclaré Lamido Sanusi, expliquant qu’il a déjà demandé la protection de la justice.
Bien qu’aucune plainte n’a été déposée contre lui, Sanusi se considère exposé à des attaques.
« Le fait que nous soyons ensemble aujourd’hui signifie que j’ai pris la décision d’assumer les conséquences de mes actes », a-t-il ajouté. Selon lui, « sa fière indépendance » a indisposé le gouvernement depuis 2009, culminant au moment de son attaque contre la NNPC. « Si ma liberté ou ma vie sont sacrifiées (…) mais que cela entraîne une plus grande probité (dans les affaires publiques), cela aura été utile », a-t-il ajouté.
source : lepoint.fr