Kano (Nigeria) – Au moins 25 personnes ont été tuées dans des attaques de villages par des bandes armées dans le nord du Nigeria, où la situation sécuritaire se détériore depuis des mois, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
Selon le porte-parole de la police de l’Etat d’Adamawa (nord-est), Othman Abubakar, au moins 12 personnes sont mortes dans les attaques de six villages la nuit dernière par des hommes armés dans le district de Numan.
“Douze personnes ont été tuées dans les attaques et 150 maisons ont été détruites par des hommes armés non identifiés”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Nous enquêtons toujours et des policiers ont été déployés dans la zone”.
Le président du district, Arnold Jibila, a lui fait état d’un bilan plus lourd, affirmant que les assaillants étaient des éleveurs nomades “armés de fusils et de machettes”.
“Nous avons confirmé la mort de 30 personnes suite aux attaques nocturnes attribuées à des éleveurs peuls” dans les villages de Mega, Banj, Gong, Bolki, Nzumosu et Gozefan, a-t-il affirmé.
“Les équipes de secours fouillent encore la brousse et la rivière à la recherche d’autres corps”, a précisé M. Jibila, ajoutant que de nombreux villageois s’étaient jetés à l’eau pour fuir durant l’attaque.
Treize personnes ont par ailleurs été tuées mardi et mercredi dans des affrontements entre une milice d’autodéfense et un gang de voleurs de bétail qui a attaqué le village de Fankashi, dans l’Etat de Zamfara (nord-ouest), selon le porte-parole de la police locale, Mohammed Shehu.
“Nos hommes ont récupéré 13 cadavres du gang criminel et des miliciens après les affrontements”, a déclaré M. Shehu à l’AFP. “Les miliciens ont combattu le gang armé qui a pris d’assaut le village mardi soir jusqu’à mercredi matin”.
Les enlèvements contre rançon et les vols de bétail à grande échelle sont devenus courants dans les communautés rurales de l’Etat de Zamfara, où l’essentiel de la population, majoritairement musulmane, vit de l’élevage, de la chasse et de l’agriculture.
En avril, différentes attaques de bandes armées sur des villages ont fait plus de 50 morts dans cette région, selon des sources sécuritaires.
Outre la hausse de la criminalité, l’insurrection jihadiste de Boko Haram dans le nord-est et le conflit agropastoral dans le centre du pays ont fait des centaines de morts depuis le début de l’année, bien que l’armée soit déployée sur une grande partie du territoire pour endiguer la prolifération des violences.
Malgré les affirmations des autorités selon lesquelles Boko Haram est “vaincu”, les attaques sanglantes continent à un rythme quasi-quotidien. Un double attentat-suicide perpétré mardi par le groupe jihadiste a ainsi fait au moins 86 morts à Mubi, dans l’Adamawa, selon des témoignages recueillis par l’AFP – les autorités faisant état d’une trentaine de tués.
La “ceinture centrale” du Nigeria, point de rencontre entre un nord majoritairement musulman et un sud principalement chrétien, est également secouée par la multiplication des affrontements entre agriculteurs dits “autochtones” et éleveurs peuls nomades.
Ce conflit séculaire pour la terre et l’eau, aggravé par l’explosion démographique dans le pays le plus peuplé d’Afrique (180 millions d’habitants), a pris ces derniers mois une dangereuse tournure identitaire et religieuse.
AFP