Un tribunal nigérian a acquitté jeudi 10 partisans du Mouvement islamique du Nigeria (IMN), un groupe chiite pro-iranien, détenus depuis près de deux ans après des affrontements avec l’armée, selon un communiqué officiel.
Ils font partie des centaines de personnes arrêtées avec leur chef spirituel, Ibrahim Zakzaky, lors des troubles qui se sont déroulés en décembre 2015 dans la ville de Zaria, dans le nord du pays, où l’armée est accusée d’avoir tué plus de 300 membres du groupe religieux.
La juge Esther Lolo a estimé que l’accusation n’avait pas réussi à démontrer l’implication personnelle d’un seul des 10 inculpés jugés par la Haute cour de Kaduna (nord) pour « complot criminel », « rassemblement illégal », « émeute » et « trouble à l’ordre public », et ordonné leur libération immédiate.
Le sort des centaines d’autres personnes en détention depuis deux ans reste toutefois inconnu.
Plus tôt jeudi, l’avocat du chef religieux Zakzaky a exhorté le président nigérian Muhammadu Buhari à ordonner sa libération et celle de son épouse pour des raisons de santé.
Le dignitaire a perdu l’usage de son oeil gauche lors du massacre de Zaria, et risque aujourd’hui de perdre son oeil droit « à la suite du traitement brutal infligé par des soldats », a affirmé Me Femi Falana dans une lettre ouverte au chef de l’Etat.
Concernant sa femme, Zainab, « certaines des balles reçues lors de la brutale attaque du 14 décembre 2015 n’ont pas été extraites de son corps », a-t-il dit, estimant que sa vie était en danger.
Le gouvernement nigérian a par le passé ignoré une demande de la justice réclamant la libération du couple.
En décembre 2015, plusieurs jours de violence avaient opposé les forces de l’ordre aux partisans de l’IMN dans leur fief de Zaria, dans l’Etat de Kaduna. Selon des organisations de défense des droits de l’Homme, ces violences avaient fait près de 350 morts parmi les militants chiites, un bilan rejeté par l’armée nigériane.
Ibrahim Zakzaky et l’IMN souhaitent établir un Etat islamique chiite à l’iranienne et ne reconnaissent pas l’autorité d’Abuja. Le mouvement a été interdit dans l’Etat de Kaduna en octobre.
Dimanche, au moins trois personnes ont été tuées dans la ville de Kano, dans le nord du Nigeria à majorité sunnite, où la police a tiré sur une procession de l’IMN lors du deuil chiite de l’Achoura. La marche est régulièrement le théâtre d’incidents. L’an dernier, l’IMN avait accusé la police d’y avoir tué au moins une trentaine de personnes.
La rédaction