Avec 71 morts et des disparus, l’attaque d’Inates au Niger, une des plus meurtrières jamais menées contre les armées du Sahel, ébranle les pays de la région et les relations avec la France. Elle remet notamment en cause la stratégie de lutte contre des groupes jihadistes toujours plus audacieux.
Des centaines d’assaillants jihadistes ont mené mardi un assaut de plusieurs heures contre le camp militaire d’Inates, dans l’ouest du Niger, infligeant un revers sans précédent à l’armée du pays.
Le président Mahamadou Issoufou est rentré en catastrophe dans la nuit d’une conférence internationale en Egypte sur “la paix durable, la sécurité et le développement”, pour présider à Niamey hier matin une réunion du Conseil national de sécurité. Après l’annonce de cette attaque, le président français Emmanuel Macron a décidé dans la nuit le report à janvier du sommet consacré à l’opération Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel, qui était programmé le 16 décembre à Pau.
Des combats d’une rare violence
Passé le choc et la colère, l’attaque d’Inates met clairement en lumière les difficultés des forces armées à lutter contre les jihadistes. Elle est la plus meurtrière depuis le début de l’offensive jihadiste en 2015 au Niger, pays pauvre mais disposant d’importantes ressources en uranium. Au-delà, c’est tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina –, qui est visé par les assauts de plus en plus déterminés de groupes islamistes armés, en dépit de la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane.
Le Mali a été frappé par une série d’assauts sanglants, lors desquels plus de 140 soldats ont été tués, provoquant un véritable traumatisme. Le Burkina avait perdu 24 militaires en août, dans un assaut contre la base de Koutougou.
Les groupes jihadistes n’hésitent donc plus à attaquer de front des postes militaireset l’attaque de mardi est emblématique : elle était l’œuvre de “plusieurs centaines” de combattants “lourdement armés” selon le ministère de la Défense nigérien, et les combats ont été d’une “rare violence”. Les assaillants étaient organisés tactiquement, bien équipés avec des mortiers et des “véhicules kamikazes”.