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« Ni le coran ni la tradition ne l’exigent…»

Depuis des siècles au Mali, l’excision est une pratique qui existe, malgré qu’elle ne soit liée à aucune religion. D’ailleurs, on estime que des centaines de jeunes filles sont victimes de cette pratique qui touche presque toutes les cultures. Ces jeunes filles font face à des conséquences telles que : des saignements pouvant entraîner une hémorragie ou même la mort ; des infections, des problèmes urinaires et menstruels, des problèmes sur la vie sexuelle comme la dyspareunie (fortes douleurs lors de la pénétration), le vaginisme (impossibilité de pénétration), la baisse du plaisir etc.

 Cependant avec toutes les conventions signées par les autorités, les campagnes de formation et sensibilisation sur la pratique, elle reste toujours d’actualité. Aujourd’hui qu’en pensent les religieux et les traditionalistes sur la problématique ?  Enquête.

« De nos jours, l’excision devient moins tabou, les mères commencent à s’exprimer, les pères à écouter, et les filles se sentent plus libres de prendre la parole en public pour aborder le sujet, témoigner de leur expérience ou s’opposer. Malgré les différentes luttes, elle est toujours pratiquée dans notre pays surtout dans certaines communautés notamment les Peulhs, les Bambaras, les Malinkés et les Soninkés ». Explique Adama Traoré, Traditionaliste

Généralement dans les villages, ajoute- t-il, ce sont les filles de 9 à 14 ans qui sont excisées. Mais à Bamako, c’est tout le contraire. Les filles sont excisées dès le bas âge.  Il souligne que certains parents, le font pour diminuer le risque de vagabondage sexuel n’importe où et n’importe quand. Par contre, pour d’autres ils l’interdisent à cause des dangers liés à la pratique. Ainsi, notre traditionaliste précise que la tradition n’empêche pas l’excision. Concernant la pratique, aujourd’hui chacun est libre de son choix.

S’agissant de la religion, l’imam Keita avoue que cette pratique se faisait avant l’avènement de l’islam. Au Mali, aucune des différentes religions révélées, c’est-à-dire les religions musulmane et chrétienne n’ont su s’affirmer sur ce sujet. Notre interlocuteur souligne : « l’excision de la femme est pratiquée pour aider celle-ci à contrôler son désir ou son comportement sexuel ».  Dans le Coran, il n’y a aucun texte faisant allusion, ni de près ni de loin, à l’excision des filles.  En effet, c’est dans la Sunna que cette question puise sa légitimité basée sur une interprétation de certains hadiths attribués au Prophète (PBSL). Toutefois, il n’existe aucun texte authentique justifiant un arrêt légal sur une question aussi importante concernant la vie humaine. Et la religion ne condamne pas. Elle ne favorise pas non plus l’excision en raison de la nuisance qu’elle cause à la femme.

A noter que l’islam ne fait l’objet ni d’une obligation ni d’une recommandation. Par conséquent, l’intérêt pour cette question est d’ordre humanitaire avant tout. « Je me demande comment un père conscient ou une mère consciente des conséquences aujourd’hui peuvent l’accepter. Alors, craignons Dieu en mettant fin à la pratique de l’excision de nos filles et rappelons-nous le conseil du Prophète ». Conclut l’Imam

Fatoumata Koita

Source: Bamakonews

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