La grève prévue du 29 au 31 Octobre 2014 par le principal mouvement syndical du Mali appartient au passé. Car, à la suite d’âpres longues négociations, le gouvernement et l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) accordent leur arc. C’est à l’arrachée que l’Untm met à genoux son antagoniste sur les 5 points de revendication restant sur un total de 17 requêtes. Le ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les institutions, Bocar Moussa Diarra, sans doute pour sauver sa tête lors du prochain remaniement ministériel, s’engage à respecter et faire respecter l’accord. Un happy end pour les pauvres travailleurs de la République du Mali !
Le reliquat de leurs récriminations porte sur la réduction du coût de l’électricité, l’augmentation des salaires et la règlementation du cadre immobilier au vu de la hausse excessive des loyers bafouant la surface corrigée.
En tout cas, l’année prochaine, le taux de la valeur du point d’indice passe à 20 %. Dès le 1er Juillet 2015, avec effet rétroactif sur la période de Janvier à Juin 2015, bien sûr, le travailleur palpe un surplus de 10 %, soit 364 Fcfa, plus 3 % à partir du 1er janvier 2016, soit 375 Fcfa, davantage 7 % à compter du 1er janvier 2017, soit 400 Fcfa. Le salaire minimal interprofessionnel garanti (Smig) passe à 35 000 Fcfa dès le 1er Janvier 2015 et à 40 000 Fcfa à compter du 1er Janvier 2016.
Pour l’énergie du mal, la récente augmentation entre au frigo à partir de Décembre 2014. Cette baisse ne concerne que la basse tension. C’est-à-dire, l’énergie domestique. Mais, la réduction globale de l’électricité ne revient sur la table qu’en 2015.
Pour les droits des travailleurs indésirables d’Huicoma, hôtel Azalaï, hôtel Tombouctou, Comatex et Itema, les deux parties acceptent de rétablir les commissions avant fin Novembre 2014. Le dossier Huicoma sera-t-il enfin traité après avoir fait couler beaucoup de larmes pendant plus de huit ans et décimé de nombreuses familles ?
Pour le reste, n’eût été l’entêtement du ministre de la Fonction publique, loin d’être un bougre d’âne, alors simple travailleur rouspéteur, l’Untm et le gouvernement se passeraient d’un bras de fer qui coûte, rien qu’en deux jours de grève des milliards de perte au Trésor public du Mali. Pourtant, il sait, pertinemment, en âme et conscience, que les points d’achoppement avaient été validés avant l’arrivée IKB à Koulouba. Il offre ainsi au secrétaire général adjoint, fin négociateur en chef des syndicalistes, l’opportunité d’obtenir gain de cause sur sa tête et, auparavant, d’être reçu par le président IBK avec ses camarades, pour baisser la tension. De fait, Bocar Diarra apporte la preuve tangible que le chef d’Etat diverge avec son système de fonctionnement. Il s’y ajoute que la médiation du Pm, Moussa Mara, n’affecte en rien la détermination des représentants des travailleurs du Mali. Bref, M. Diarra digère mal l’os dur de la nation, la grogne sociale. Sans compter que le dossier des « exclus » de la Fonction publique l’attend au tournant.
A partir de ses avatars, l’opinion comprend maintenant que le nouveau bureau de l’Untm piloté par Katilé sait secouer le cocotier au moment de la cueillette.
Un ministre averti en vaut deux.
Idrissa KEITA