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Négociations de Ouaga: Pourquoi l’Etat doit s’abstenir d’envoyer l’armée à Kidal avant un accord global et définitif

l’armée malie

Analyse des résultats et perspectives par le Bloc d’Intervention Populaire et pacifique pour la Réunification Entière du Mali  (BIPREM-FASOKO)

 

I/ ANALYSE

Les négociations de Ouaga entre l’Etat du Mali et le MNLA ont vécu. Nous disons bien entre l’Etat et le MNLA, parce que, selon nous, le HCUA est une excroissance du MNLA armé  qui a joué le rôle de branche politique dans ces négociations, malgré toute la comédie qui a entouré son accouchement pour qu’il paraisse douloureux. Il n’ya jamais eu de conflit entre ces deux organisations, mais seulement des simulacres de différends à servir à l’opinion.

 

 

A l’analyse objective du document, force est de constater que l’Etat a perdu la face sur le point essentiel qui constituait sa  principale préoccupation, annoncée et répétée plusieurs fois et à différentes occasions par le Président Dioncounda et certains de ses ministres devenus depuis, curieusement silencieux, à savoir : La libération de Kidal comme objectif, par les moyens du déploiement des Forces armées et de Sécurité du Mali et le désarmement des membres du MNLA.

 

L’Etat n’a eu ni l’un ni l’autre, parce qu’il était seul dans ces négociations; terriblement seul! L’Etat a pêché par amateurisme pour n’avoir réussi ni à avoir le soutien des différents acteurs dans ces négociations (CEDEAO, UA, UE, OCI, France, ONU) ni à bénéficier  de la couverture naturelle des populations maliennes qui lui était pourtant totalement acquise tout au long du processus, malgré sa communication confuse et troublante sur la question. Mais la chose la plus grave est que malgré tous ces manquements, l’Etat n’a pas constaté la nécessité de se faire assister par des experts en négociations pour relever les différentes incohérences contenues dans le document final et faire prévaloir, le cas échéant, ses intérêts. Le résultat est sans appel: un texte final décousu et au contenu inapplicable si on prend la présidentielle comme l’objectif premier de sa mise en œuvre, faisant toutefois la part belle au MNLA dont le lobbying a très bien fonctionné. La diplomatie malienne a montré ici toutes ses limites.

 

 

Si l’Accord Préliminaire de Ouaga signé par le ministre Sinko Coulibaly pour le compte du Président Dioncounda et de son gouvernement  fait foi, alors l’Etat n’a pas eu gain de cause.  En effet l’article 6 du présent accord dispose: « La première étape de ce désarmement est le cantonnement des éléments des groupes armés. Ce désarmement sera finalisé après la signature de l’accord global et définitif de paix dans le cadre du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) …..»

 

 

Ce même Accord préliminaire, en son article 11, stipule: « ….Le déploiement progressif des Forces de Défense et de Sécurité dans la région de Kidal dès la signature du présent accord, en étroite coopération avec la MISMA/MINUSMA et la force SERVAL.             Ce déploiement comprendra la mise en place sans délais des premiers éléments des Forces de Défense et de Sécurité, conjointement avec la MISMA/MINUSMA et la Force SERVAL… »

 

 

En termes clairs, simples et précis, il faut seulement retenir que Kidal est sous administration internationale qui y a instauré un cessez-le-feu (en vigueur depuis le 18/06/13, date de signature de l’Accord) entre l’Etat et le MNLA et confié sa supervision à une Commission Technique Mixte de Sécurité qui doit veiller à sa mise en œuvre effective jusqu’à la signature d’un  Accord définitif au plus tôt en Octobre 2013.

 

Mais dans le Préambule du même accord, le MNLA réaffirme son attachement  au principe d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, son attachement à la Constitution malienne du 25 Fèvrier 1992, son souci de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali, son engagement de lutter contre le terrorisme, l’économie criminelle et l’impunité sous toutes ses formes et enfin, de recourir au dialogue et à la négociation pour le règlement politique équitable et définitif de la crise. En réaffirmant tous ces principes et engagements, le MNLA a en même temps réintégré la République et la nation maliennes.

 

Donc même si l’Etat a failli, la République, elle, est sauve.

II/ PERSPECTIVES

LE BIPREM,

Constatant que la signature de l’Etat engage tous les citoyens sans exclusive, malgré les réserves émises quant à la démarche entreprise depuis le début,

 

 

Constatant que le MNLA, par ses engagements et la réaffirmation de principes de respect de la République et de la Constitution maliennes, dans le cadre de l’Accord préliminaire de  Ouagadougou, a réintégré de fait la République du Mali et accepté ses règles de fonctionnement, même s’il a obtenu de ne pas désarmer,

 

 

Constatant que l’armée doit respecter le cessez-le-feu signé par l’Etat avec le MNLA et n’a plus, par conséquent, aucune obligation à libèrer Kidal, reconnue désormais comme une région à part entière du Mali comme toutes les autres,

 

 

Constatant que la MISMA/MINUSMA et l’opération SERVAL sont désormais chargées de la sécurisation des populations, des institutions et de la Présidentielle à Kidal comme dans les autres régions nord du Mali,

 

Constatant que l’Accord définitif sera signé dans le cadre de nouvelles négociations qui seront entreprises par le prochain Président de la République et son gouvernement après la présidentielle,

 

 

Constatant que le principe du déploiement progressif et encadré de l’armée malienne à Kidal sans que les éléments armés du MNLA ne soient désarmés, obéit plus à un souci de l’Etat de se donner bonne conscience qu’à une quelconque pertinence opérationnelle,

 

Constatant le désir ardent du peuple malien à construire la paix et la réconciliation dans la vérité, la Justice et le pardon,

 

Constatant que l’Accord préliminaire prévoit, en son article 18, la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide, les crimes de violence sexuelle, le trafic de drogue, les prises d’otages, etc…dont le rôle consistera à établir la vérité pour éviter l’injustice,

 

Constatant les considérations générales et vagues (arrangements sécuritaires, dans les meilleurs délais, cantonnement armé, déploiement progressif, etc…) trop nombreuses dans l’Accord préliminaire et l’absence d’un chronogramme précis pour faciliter sa mise en œuvre correcte de la part de la Commission Technique Mixte de Sécurité dans un délai très court (avant le 28 Juillet),

 

Constatant que l’existence d’un climat de confiance entre les parties est nécessaire et que leur présence avec leurs armes (armée malienne et le MNLA) dans le même espace géographique n’y aide pas et participe de l’entretien d’un climat de méfiance défavorable à la détente et à la paix,

 

Recommande la suspension du processus de déploiement progressif encadré à Kidal des Forces de Défense et de Sécurité jusqu’à signature de l’Accord définitif par le prochain Président de la République et son gouvernement,

 

Recommande au MNLA de changer de nom pour être en phase et en cohérence avec l’Accord préliminaire qu’il a signé (je lui suggère MLDA: Mouvement Local de Développement de l’Azawad) pour montrer sa bonne foi à l’image de l’Etat malien qui a reporté le déploiement de l’armée nationale par souci d’apaisement. Le MNLA (avec son nouveau nom) se chargera de sécuriser les populations, les institutions de la République et l’élection, en coopération avec la police et la gendarmerie maliennes et sous la supervision de la MISMA/MINUSMA et de l’opération SERVAL.

 

AVANTAGES :

1/ Soulagement des populations autochtones qui n’auront plus à craindre une confrontation armée entre les parties. Le prochain Président et sont gouvernement bénéficieront alors, de la  part de ces populations, de préjugés favorables nécessaires à la restauration de la paix

 

 

2/  Expérimentation pratique du respect des termes de l’Accord préliminaire signé, de la part des deux parties

 

3/ Aucun incident ne sera plus imputé aux Forces de Défense et de Sécurité, ce qui évitera au futur gouvernement de devoir gérer de nouvelles tensions durant les prochaines négociations qui bénéficieront, par conséquent, d’un climat apaisé propice au succès d’une paix véritable

 

4/ Les candidats pourront faire tranquillement leur campagne électorale et prêcher la paix  entre maliens à Kidal, dans un environnement dépollué de tensions et de conflits

 

5/ Le travail de la MISMA/MINUSMA ainsi que celui de la Commission Technique Mixte de Sécurité se verront facilités par la visibilité apportée par l’Etat qui aura pris sur lui d’agir sans contrainte dans le sens d’un apaisement global

 

6/ Crédibilité renforcée de l’Etat malien et des Forces de Défense et de Sécurité, tandis que le MNLA est rassuré

Fait à Bamako, le 21 Juin 2013

Aliou Badara Diarra, secrétaire à l’information du BIPREM

Contact : 00223 65 88 40 01/ 63 15 14 13

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