Dix ans après avoir raccroché les baskets, l’héritage de la légende congolaise Dikembe Mutombo reste toujours intact. À 53 ans, son impact et son influence dans le basket africain en NBA et sur son continent natal reste unique.
Son fameux « not in my house », sa célébration où il remuait son doigt pour dire non à ses adversaires à qui il venait de contrer le tir, a beau faire partie intégrante de la culture basket – et être la « marque de fabrique » de Dikembe Mutombo partout où il passe, mais limiter l’influence du natif de Kinshasa à ce simple geste serait un véritable faux pas.
Première légende africaine de la NBA
Dix-huit saisons durant, aux quatre coins des États-Unis et en se frottant aux Michael Jordan, Hakeem Olajuwon et autres Magic Johnson, Mutombo a été l’un des premiers joueurs africains à impacter le jeu de la meilleure ligue du monde, à un moment où la NBA n’ouvrait que très peu ses frontières aux basketteurs venus du continent.
« À l’époque, c’était un rêve quasiment impossible, quelque chose qu’on ne pensait jamais pouvoir atteindre. Mais avec mes frères Hakeem Olajuwon (Nigeria) et Manute Bol (Soudan), on a réussi à ouvrir la voie pour l’Afrique », se souvient l’ancien étudiant de l’université de Georgetown, qui se voyait, à son arrivée aux États-Unis, devenir médecin ou diplomate, avant de se découvrir une véritable passion pour le basket.
Sur les parquets, le pivot faisait la différence par ses bras tentaculaires et sa défense de guerrier. Au long d’une immense carrière couronnée par plusieurs sélections au All Star Game (à huit reprises) et de titres de meilleur défenseur de la saison (quatre fois, record NBA), l’intérieur a marqué quasiment deux décennies de basket de son empreinte. Lui qui a dû stopper sa carrière un soir de match de playoffs avec les Houston Rockets, en avril 2009, pour cause de rupture des ligaments croisés, à 43 ans ! « Je n’oublierai jamais ce moment-là, mais je savais aussi que ma vie dans le basket allait continuer, avec mon continent en tête de toutes mes initiatives. »
Conseiller incontournable et second père
Aujourd’hui, il vit dans une philosophie qui le poursuit depuis toujours : « Donner et rendre à l’Afrique, aider la jeunesse de mon continent, quelles que soient les circonstances. C’est ce qui me fait avancer et vivre avec une telle passion. » Après avoir été nommé ambassadeur de la NBA en Afrique en 2011, Dikembe Mutombo n’a aucunement perdu de son influence depuis la fin de sa carrière, pour le plus grand bonheur de ses successeurs qui font les beaux jours des franchises nord-américaines et qui font briller le Cameroun, la République démocratique du Congo, et le Sénégal sur les parquets d’Amérique du Nord.
De Joël Embiid, à Pascal Siakam, en passant par ses compatriotes Bismack Biyombo et Emmanuel Mudiay, la légende africaine est un conseiller incontournable, une sorte de second père toujours présent. « Ils savent que je suis là pour eux, qu’ils peuvent compter sur moi tout le temps. J’ai vécu ce qu’ils vivent bien avant eux », précise-t-il. Avant d’avouer « être fier de ce qu’ils font ».
« Ils suivent mes conseils, à savoir être exemplaire, appliqué, travailler dur et ne jamais baisser les bras, continueDikembe Mutombo. Ça paraît simple, mais la vie de joueur NBA est très difficile, surtout pour les jeunes d’aujourd’hui qui sont encore plus exposés, avec les médias et les réseaux sociaux. Un gars comme Joël Embiid est scruté sur tous les angles chaque soir, et il est attendu comme le messie en permanence. Je suis aussi là pour l’aider à gérer cela, pour qu’il continue à avancer et à inspirer la jeunesse africaine. »
« L’avenir de la NBA, c’est l’Afrique »
Pas une semaine ne se passe pour Mutombo sans qu’il ne se déplace à travers le continent nord-américain pour suivre de près les performances des basketteurs venus de l’autre côté de l’Atlantique. Il décroche volontiers son téléphone pour échanger avec ceux qui rêvent de devenir les nouveaux Pascal Siakam ou Serge Ibaka.
Témoin privilégié de l’explosion du basket en Afrique, et conscient du potentiel énorme de celui-ci, Dikembe Mutombo est aussi totalement investi dans un autre projet qui pourrait révolutionner son sport sur le continent : le lancement de la Basketball Africa League (BAL). Sur ce projet financé en grande partie par la NBA, le Congolais est impliqué à plusieurs niveaux, tant sur le côté sportif que sur le plan du développement de la première ligue transcontinentale de basket professionnel.
« L’avenir de la NBA, c’est l’Afrique », affirme-t-il. « Le continent est gorgé de trésors, de talents qui ne demandent qu’à être aidés et formés pour pouvoir réaliser leurs rêves. Je veux les aider, et avec la NBA, leur donner les outils et les moyens de les atteindre. C’est plus qu’un engagement pour moi, ça dépasse le cadre du basket. La jeunesse africaine, j’ai envie de tout lui donner, d’aider autant que possible mon magnifique continent. C’est un peu ma raison d’être. »
BBC