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Nationalisme, populisme ou encore instrumentalisation inconsciente : Dire la vérité, Oui ! Mais surtout, toute la vérité !

De nos jours au Mali, l’on se veut à l’aube d’un jour nouveau, débarrassé des tares du passé et surtout de l’impérialisme occidentale qui aura été à la base de tous les maux. Si oui, les erreurs de l’ex puissance colonisatrice sont indéniables, il ne faut surtout pas occulter, pour les gouvernants actuels, la partie osseuse de la chose, comme l’on a l’habitude de le dire en langue nationale Bamanankan. Car l’essentiel pour tout Etat qui veut aller de l’avant, c’est de pouvoir se reposer sur ses propres fils avec fierté et dignité. Et lorsque l’on sait que le Malien d’aujourd’hui a tout à envier à celui d’hier, l’on est en droit de s’inquiéter d’une certaine occultation de l’essentiel pour un autre argument, certes d’une importance capitale, mais d’une relativité à prendre en compte.

Un souffle nouveau parcourrait le Mali qui serait, à force de courage et d’abnégation, le vent qui balaiera des années paternalisme de la part de l’ex puissance colonisatrice. Très vite, l’on est passé à « Vive la France » à « mort à la France » en plus d’autres slogans tout aussi hostile à l’Hexagone. Une hostilité légitime puisque la présence militaire française au Sahel s’est, dès le départ, tirer une balle dans le pied après le fameux épisode de Kidal. Le reste appartient au mauvais côté de l’histoire. La disgrâce colle depuis à la France. Elle qui aura pris les Maliens et les Sahéliens de haut, et s’est crue toute permise en jetant dans les sables mouvants du désert, des succès militaires qu’elle-même avait engrangés. En plus d’être un Etat failli, le Mali était aussi devenue un Etat sous tutelle, faisant remonter à la surface le sentiment des Maliens d’être à nouveau recolonisés. Un blasphème pour le Mali qui était le chantre de l’indépendance en Afrique et de l’éveil de la conscience africaine.

La France est absolument à blâmer pour la situation chaotique dans laquelle se trouve le Mali aujourd’hui, notamment sur le plan sécuritaire. Mais peut-on l’accuser de tous les maux qui minent le pays ? Même si de manière officielle, la communication gouvernementale semble se borner au seul domaine sécuritaire, l’impression généralement ressentie au sein de la masse populaire est que si la France s’en va, les problèmes s’en iront aussi, et le Mali serait enfin celui qu’il aurait dû être, un pays debout sur les remparts. Car le gouvernement n’aborde pas assez, voire pas du tout, le coté interne de la crise malienne.

Ce qui serait bénéfique au Mali actuel, c’est de dire la vérité au peuple. Celle qui, bien que connue de tous, semble souvent logé dans le côté négligé de la mémoire commune. Ce qui urge à faire, c’est la refondation du Mali par le formatage de l’Homme malien. La corruption, le vol des deniers publics, le népotisme, l’impunité, la dépravation des valeurs morales, tous ces maux et bien d’autres, j’en oublie volontiers, sont la faute de l’ensemble des Maliens, à de degrés diverses, certes. Aucune autre puissance étrangère ne saurait être coupable de nos propres turpitudes. Il faudra le dire, le redire, le marteler s’il le faut, afin que l’on prenne pleinement conscience de la gravité de notre situation et non, jouer la carte de « c’est la faute de l’autre » à outrance. De ce fait, les craintes d’une instrumentalisation des sentiments négatifs ambiants ont lieu d’être.

Concernant l’indépendance totale prônée par beaucoup, il faudra que l’on sache raison gardé. Bien que l’on soit à des années lumières de l’indépendance voulue par nos pères fondateurs, il est tout de même de notoriété qu’elle ne peut être acquise de manière totale. Même les super puissances de ce monde, à certains égards, voient leur indépendance réduite, car tout simplement, il y a une inter dépendance entre elles. Aussi, chaque région du monde a aussi sa puissance et c’est elle qui se nourrit des autres. Hélas, de nos jours encore, en relations inter étatiques, la raison du plus fort est toujours la meilleure.

Et quand bien même, l’on se rapprocherait d’une indépendance acquise ne serait-ce qu’à 50%, cela ne servirait à rien si le Malien qui peuple le pays n’est pas à la hauteur. Le remodelage du citoyen malien, la moralisation de la gouvernance et la montée en puissance de notre appareil sécuritaire ne peuvent être accomplis en quelques années. Il s’agit d’une lutte de longue haleine car il est bien connu que détruire est plus facile que reconstruire.

Ahmed M. Thiam

Source L’Alternance

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