Alors que le Mali s’achemine vers des lendemains politiques incertains, alternance ou 2ème mandat présidentiel en 2018, une seule question taraude les partenaires internationaux et les Maliens, quel leader politique pour succéder à Ibrahim Boubacar Keita (IBK) ?
À l’heure où le peuple malien croupit dans la misère et la pauvreté, ne sachant à quel Saint se vouer, mené en bateau par un régime politique rompu dans la manipulation, la torpeur des acteurs de l’opposition laisse une large manœuvre aux hommes du système qui ne se privent plus, spoliant les biens de l’État, se partageant le gâteau national, les prébendes, les marchés de gré-à-gré, les postes administratifs et les postes électifs, contrôlant le Patronat, muselant les syndicats vindicatifs et la presse indépendante.
Vaincue, la rue malienne est devenue un large cimetière de silence et de soumission où seuls dansent et chantent les loups garous jamais rassasiés, jamais une pointe de pitié pour les affamés de la République. Pire, ils se sont enhardis au milieu de ce désert des vaincus. Ils veulent plus que ce qu’ils espéraient, la poursuite de la politique de sape et le maintien ad aeternam de leur homme-providence, puisque le terrain de la contestation a été abandonné par une opposition vieillissante, aplatie et dont les dirigeants cherchent à éviter le contact dans l’implacable combat politique que le régime mène, presqu’en solitaire.
Qui relèvera le défi politique
Aujourd’hui la situation est si dramatique, que la question principale que tout le monde se pose, les Maliens comme les partenaires internationaux, est de savoir qui sera l’homme du Mali post-2018 ? Sur quel président futur reposer l’avenir de ce pays, après IBK? Le leader providentiel semble en ce moment introuvable.
Doit-on le dénicher dans le camp de la majorité présidentielle actuelle ? Qui ? Un gradé à la retraite ou un civil assez conscient des enjeux nationaux et internationaux ? Des noms ont été brandis, comme Hamadoun Touré, Kalifa Sanogo, Moussa Sinko Koulibaly…
Doit-on le chercher dans le rang de l’opposition dite modérée ou dans celui de l’opposition dite démocratique ?
Selon des confidences, les partenaires du Mali sont très inquiets de ce manque de leadership politique actuel au Mali pour la relève après 2018. Certains leaders politiques ne pourront plus se présenter aux élections pour limite d’âge et ont toujours refusé d’annoncer leur retraite politique, ce qui aurait permis peut-être de faire émerger de jeunes leaders.
Moussa Mara aurait pu faire un bon candidat. Mais son parti Yéléma devenu Sirakura manque d’audience et n’a jamais pu engranger des scores significatifs lors de la présidentielle, bien que son parti soit le creuset de cadres aux expériences politiques avérées.
Les Ademistes ? Après le départ d’Alpha, aucun candidat potentiel de ce grand parti n’a assez de punch, ni de passé politique pour convaincre les Maliens, et les partenaires internationaux s’en méfient.
L’opposition possède-t-elle l’homme providence ?
Reste peut-être Soumaïla Cissé. Un candidat qui ferait bien l’affaire de la communauté internationale, mais il risque d’être handicapé sur le front intérieur. La frange bambara, celle qui détient tous les leviers du pays, ne voudrait certainement pas d’un leader politique qu’elle considère hostile à leur communauté.
Et une grande frange des Sonrhaïs dont la cause fonde pourtant le combat de l’URD qu’il pilote, ne voterait pas pour lui, pour plusieurs considérations. D’abord, beaucoup de Songhaïs plombés encore par des siècles de complexe et de soumission préféreraient se courber devant un bambara que devant un sonrhaï comme eux. Et une large frange des Nordistes, pour des raisons historiques, ne voudraient pas également être dirigés par un Cissé.
Conscient de cette absence de leadership dans les rangs de l’opposition qui risque de laisser libre-court à un candidat qui pourrait sortir des rangs de l’actuel pouvoir, qu’il soit le président sortant dans un hara-kiri électoral pour un 2ème mandat ou un homme de paille auquel les moyens de l’État, aussi bien financiers qu’humains seront mis à disposition, le Gl Moussa Sinko Coulibaly tente depuis sa démission de l’armée de susciter un large front unique oppositionnel.
C’est dans ce cadre qu’il a lancé, le 20 janvier 2018, la Plateforme pour le changement. Il tente aussi de rallier une bonne frange de l’élite religieuse et sociale de la frange militaire pour corriger l’image de cette couche à son égard.
En attendant que l’opposition malienne sorte des bois, Sinko poursuit en solitaire son défi face au régime d’IBK. Sa plateforme pour le changement occupe présentement seul ou presque le terrain de la contestation sociale et politique.
Jamais, militants de parti politique ou de mouvement des droits de l’homme au Mali ne se sont autant sacrifiés que ceux de la Plateforme pour le changement, où les hommes et les femmes font face, tous les jours ou presque, à des menaces…
Arouna Traoré
Le Nouveau Réveil