De toute évidence, le président de la République, président-fondateur du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, n’a pas souhaité une répétition de l’histoire concernant l’élection du président de l’Assemblée nationale. On se rappelle qu’en 2013, il avait choisi Abderhamane Niang pour le perchoir. Mais le parti en avait décidé autrement en lui « imposant » Issiaka Sidibé. Cette année, le parti a, semble-t-il, voulu lui jouer le même coup. En effet, IBK aurait porté son choix, dès le départ, sur Moussa Tembiné pour diriger l’Assemblée nationale pour le récompenser de sa fidélité à toute épreuve et également pour respecter sa volonté de placer son second mandat sous le signe de la jeunesse. Pour cela, rien n’a été laissé au hasard : victoire aux forceps en commune V après un arrêt de la Cour constitutionnelle contesté ; travail au corps des députés, tous bords confondus, avec des arguments pour le moins convaincant ; renoncement dans la salle de Mamadou Diarrassouba désigné par le RPM comme son candidat, etc. La suite est connue : Moussa Tembiné a été élu, sans suspense, haut la main par 134 voix.
Assemblée nationale (2) : L’URD, fidèle à son alliance avec le RPM
Le fait, n’est pas passé inaperçu et a même soulevé l’indignation de certaines personnes dont des responsables du parti de Soumaïla Cissé : le fait que les députés de l’URD votent pour Moussa Tembiné. Ainsi, Abdrahamane Diarra, président des Jeunes de l’URD, contient difficilement son amertume sur les réseaux sociaux : « Pour nous à l’URD, l’acte de nos députés de ce jour est triste, mais notre priorité est la libération de Soumaïla Cissé » écrivait-il comme une sorte de mise en jambe. Dans un autre post, il se fait plus rageur et fait moins dans la dentelle : « C’est un engagement collectif qui fait des candidats, des députés. Triste acte posé par les nôtres. Une trahison envers l’URD ». C’est sur le même mode de trahison que réagit Awa Sylla, elle aussi de l’URD : « Le président Soumaïla Cissé ne mérite pas votre trahison. Mais comme vous avez fini de le poignarder, ayez le courage et l’honnêteté d’assumer vos actes devant le peuple ». Il semble que les députés avaient pour consigne de voter Blanc, comme en 2013.
En regardant de près, les députés de l’URD méritent-ils le courroux des responsables du parti qui les vouent aux gémonies ? Toute émotion mise de côté, il faudrait rappeler que c’est à l’occasion de ces élections législatives que nous avons vu des alliances qualifiées de contre-nature entre l’URD et le RPM. L’exemple le plus révélateur est la liste constituée à Koulikoro par le président de l’Assemblée nationale sortant Issiaka Sidibé et le maire URD de la ville Ely Diarra. Donc, il n’y a vraiment pas de quoi blâmer les députés qui sont restés fidèles à des alliances tissées avant le jour du scrutin.
Remaniement ministériel : dégraisser le mammouth
Depuis quelques jours, les pronostics vont bon train. C’est à celui qui va annoncer la date exacte de la démission du gouvernement. Ce qui semble sûr par contre, c’est qu’il y aura une véritable opération de dégraissage. Faut-il rappeler que le gouvernement a des dimensions de mammouth avec 36 ministres et deux Secrétaires d’Etat. En l’état, il est clair que le Président de la République ne le reconduira pas. On parle d’un gouvernement de taille raisonnable, entre 24 et 26 ministres. Le but recherché est d’avoir un gouvernement resserré pour plus d’efficacité et qui permettrait de réduire le train de vie de l’Etat.
Covid 19 : la crainte de la pénurie
Le Covid 19 a pris tout le monde de court : les pays pauvres comme les pays nantis. Les faiblesses et les manques sont vite apparus dans les systèmes de santé. Notre pays a connu ses moments de forte fièvre avec le personnel médical qui a donné de la voix ici et là, n’hésitant pas à battre le pavé comme à Kayes. Le ministre de la Santé, Michel Sidibé, se démène comme un beau diable. Mais il est hanté par la pénurie de certains consommables comme les tests (il y a eu un apport de 5000 grâce aux Emirats Arabes Unis), les respirateurs, etc.
Covid 19 (2) : Les mesures du Président mises à mal.
Afin d’alléger les difficultés des populations les plus vulnérables, le Président de la République avait annoncé une batterie de mesures. Parmi celles-ci, il y a la gratuité de l’eau et de l’électricité pour les tranches sociales. Les responsables de l’EDM et de la SOMAGEP ont défilé dans les médias pour expliquer. Mais la réalité est toute autre. En effet certains quartiers de Bamako peuvent faire des heures, voire des jours sans eau ni électricité. Les couches vulnérables en sont les principales victimes. Dans certaines régions c’est pire. Si on ne connaissait pas les difficultés de ces deux sociétés, on aurait crié au sabotage.
Nouvelle République