L’école malienne est paralysée depuis un certain moment par des mouvements de grève par l’entremise des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, et à la surprise générale par l’AEEM (Association des Elèves et Etudiants du Mali) qui s’est mêlée à la danse. Le ministre Housseni Amion Guindo dit ‘’Poulo’’ nommé à la tête du ministère de l’Education Nationale à la faveur du remaniement du 30 décembre n’aura pas de repos face à ces actions de débrayage. Accueilli avec une telle ‘’patate chaude’’, Poulo a un grand défi à relever pour débuter sa mission.
La question que nous ne cesserons de se poser est de savoir où va l’école malienne ?
A chaque jour suffit sa peine. Au moment où les esprits sont toujours marqués par la dernière scène de barbarie entre les protagonistes de l’AEEM au campus du Badala, nous voilà face à un nouveau mouvement de grève qui se métastase de jour en jour.
Le droit à la grève est un principe sacré dans tout Etat de droit. Mais si cela devient un phénomène de mode, il y a bien lieu de s’inquiéter, surtout lorsqu’il s’agit d’un secteur sensible comme l’éducation.
L’on peut bien comprendre la grogne des syndicats de l’éducation, signataires du 15 octobre 2016 (SYLDEF, SYNEB, SYNESEC, SYNEFCT, FENAREC, SYPESCO) qui luttent pour la satisfaction d’un seul point d’ordre de revendication : l’adoption du statut particulier du corps des enseignants pour une meilleure condition de travail et de vie de celui-ci. Surtout que l’année scolaire passée fut perturbée par des grèves répétitives au sujet de la même revendication. Mais ce qui fait grincer les dents c’est bien la position radicale des syndicalistes, à telle enseigne que l’AEEM s’est mêlée à la danse pour impliquer des écoles dont le corps enseignant n’est concerné ni de près ni de loin par le mot d’ordre.
Pour rappel, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre ont observé un premier mot d’ordre de grève de neuf (09) jours qui s’est terminé le vendredi 4 janvier.
Dans la même foulée ces syndicats de l’éducation (SYLDEF, SYNEB, SYNESEC, SYNEFCT, FENAREC, SYPESCO) ont projeté une nouvelle grève, avec le dépôt sur la table du Gouvernement, d’un préavis de grève de 408 heures soient 17 jours avec rétention des notes allant du mardi 9 au mercredi 31 janvier 2018 inclus. Ce préavis est accompagné d’une lettre circulaire invitant leurs comités de l’intérieur à organiser des assemblées d’information et de sensibilisation au niveau de leur base respective le lundi 8 janvier afin d’informer les militants sur le bienfondé du préavis de grève.
Les grévistes exigent l’adoption immédiate de la loi portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale et la promulgation et l’application de ladite loi.
Ces mouvements de grève surviennent en un moment crucial. Car le ministère de l’Education vient de changer de chef de département, l’ancien ministre Mohamed Ag Erlaf a cédé son portefeuille à Housseni Amion Guindo, un ancien professeur d’Histoire et Géographie au Lycée Mgr Didier Monclos de Sikasso et promoteur de lycées à Sikasso.
Les syndicalistes vont-ils continuer à servir leur collègue ministre de la ‘’patate chaude’ à moins d’une semaine de sa prise des fonctions ? Comme disait l’ancien ministre français, Xavier Bertrand : « Il y a le temps de la pédagogie, de la concertation, du dialogue, et à un moment donné il y a le temps de la décision ».
Par Jean Joseph Konaté
Le Sursaut-Mali