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Moussa Mara : » Est-ce qu’une autorité malienne peut nous assurer qu’en reportant les élections nous aurons une situation sécuritaire meilleure ? »

L’ancien premier ministre est membre du Cadre d’échange des partis politiques pour une transition réussie, regroupement qui presse pour le respect du délai des 18 mois de la transition.  Organisation des élections dans un contexte particulier, prolongation de la transition,  assises nationales de la refondation, Moussa Mara livre à Journal du Mali le fond de sa pensée.

 

Dans une interview accordée à des médias français, le premier ministre de la transition a laissé entendre que la présidentielle prévue pour février 2022 pourrait être reportée. Quel est votre regard là-dessus ?

Que le Premier ministre est cohérent dans son intention de proroger la transition, intention qu’on pouvait deviner depuis les premiers jours de sa mission. Cela est malheureux à plusieurs titres pour notre pays. D’abord il consacre la violation de la parole donnée, ce qui n’est pas malien. Ensuite cela consacre un fait du principe, décidé sans concertation avec les acteurs politiques et de la société civile. Cela met enfin en évidence la contradiction entre les propos tenus par le même Premier ministre ces derniers mois car il a d’abord commencé par dire qu’il se tiendra au chronogramme initial qui consacre le respect des délais avant d’indiquer que c’est au assises de dire si le délais sera respecté ou pas pour ensuite indiquer lui-même, avant même la tenue des assises, que les délais ne seront pas respectés. C’est bien dommage tout cela ! Mais il ne faut pas se tenir à constater la tristesse, il faut travailler à sortir de l’impasse dans laquelle le Premier ministre est en train de progressivement mettre notre pays.

 Yelema est membre du Cadre des partis politiques qui presse pour le respect du délai de la transition. Aujourd’hui on constate que les élections ne sont pas la priorité de la transition, mais bien l’organisation des « Assises nationales de la refondation (ANR) ». Pensez-vous pouvoir faire barrage à ce dessein ?

Je ne raisonne pas en termes de faire barrage car cela est synonyme de confrontations. Notre pays est suffisamment affaibli aujourd’hui que nous devons tout faire pour éviter de l’enfoncer encore davantage dans le chaos. Je pense qu’il faut d’abord attirer l’attention du président de la transition sur la trajectoire dangereuse que le gouvernement est en train de faire prendre à la transition et au pays. Contrairement au premier ministre, le président de la transition est neutre et à équidistance des acteurs sociopolitiques et surtout il est le premier responsable de la situation. Il faut continuer à travailler et rencontrer le maximum d’acteurs, y compris du Gouvernement, pour discuter et essayer de trouver ensemble les moyens de mettre les Maliens ensemble pour la réussite de la transition. Je ne perds pas espoir.

Les autorités de la transition semblent avoir l’adhésion des citoyens. Pensez-vous avoir un poids suffisant pour ce faire ?

Je pense qu’il n’est dans l’intérêt de personne de se revendiquer comme ayant le soutien du peuple. Personne n’a consulté les Maliens dans leur diversité pour savoir ce qu’ils pensent. Le Mali n’est pas seulement la place de l’indépendance de Bamako. Et si on veut vraiment savoir ce que les Maliens veulent, le meilleur baromètre est d’organiser des élections générales. Je demande donc à tous les acteurs d’éviter de montrer les muscles et que chacun s’engage dans la voie de la raison, celle de l’inclusivité, en essayant de tout faire pour que nous arrivions à convenir de manière consensuelle de la suite et de la fin de la transition.

Vous n’avez pas pris part à la table ronde sur les réformes électorales et la validation de l’avant-projet des TDR des ANR. En quoi ce boycott peut impacter l’organisation des ANR? 

Je n’y ai pas été invité. Il est vrai que le cadre d’échange des partis auquel mon parti appartient a décliné la participation à ces exercices. Cependant moi je suis aussi ancien premier ministre et en tant que tel j’ai toujours été invité aux évènements nationaux comme les autres anciens premier ministres et autres responsables publics. Cela étant dit, je suis ce qui se passe. Nous verrons bien la suite des évènements. Il y a toujours de la marge pour les discussions et obtenir un consensus dynamique pour le pays. Si nous mettons les intérêts du pays au-dessus de nos avantages particuliers, on peut s’en sortir.

La situation sécuritaire s’enlise de jour en jour. Le cycle des violences s’est étendu aux sud du pays et les réformes électorales ne sont toujours pas engagées concrètement. Est-ce qu’aujourd’hui tenir la présidentielle en février prochain n’est pas risqué quand on sait que l’élection ne pourra pas se tenir dans de nombreuses localités et qu’une crise postélectorale aux conséquences incertaines pourrait replonger le pays dans le chao ?

Est-ce qu’une autorité malienne peut assurer les acteurs que nous sommes qu’en reportant les élections de quelques mois que nous aurons une situation sécuritaire meilleure ? Je pense que non. Alors ce qui nous reste à faire est de nous poser la question de comment organiser les meilleures élections possibles dans le contexte actuel. A ce titre, prenons simplement l’exemple sur le Burkina Faso qui vit les mêmes problèmes que le Mali et qui a pu organiser l’une des meilleures élections en Afrique sans aucune contestation profonde. Les autorités du Burkina et les acteurs politiques se sont simplement entendus sur les endroits où il est possible d’organiser les élections et les endroits où cela n’est pas possible. Dans un consensus constructif ils sont allés aux élections et ont accepté les résultats. Cela n’est pas au-dessus des forces du Mali. Le Consensus est le mot magique aujourd’hui. J’espère qu’il sera l’objectif de la transition.

Propos recueillis par Boubacar Diallo

Source :  Journal du Mali

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