C’est le mardi 6 février 2018 que s’est tenu à Niamey dans la capitale Nigérienne le sommet du G5 Sahel. Ce sommet a été non seulement l’occasion pour le président en exercice de l’organisation sous régionale, IBK, de passer le témoin à son homologue Nigérien Mamadou Issoufou, mais aussi et surtout l’opportunité de passer au peigne fin les difficultés qui jalonnent le périlleux chemin de la lutte contre le terrorisme.
Le Président Malien a reçu tous les honneurs et toutes les félicitations de ses homologues et de la communauté internationale, dont la France, pour les inlassables efforts qu’il a déployés et les tangibles résultats qu’il a engrangés, en si peu de temps. S’agissant de son bilan, on peut noter la mise en place à Sévaré (Mopti, Mali) du poste de commandement opérationnel dirigé par notre compatriote le général de division Didier Dacko. A cela, il faudrait ajouter les deux opérations sur le terrain, dont l’« opération Pagnali » (tonnerre, en peul), qui a concerné les deux zones frontalières du Mali et du Burkina Faso. Pour la conduite de cette opération il a fallu deux bataillons, fournis par les deux pays voisins et déployés sur une zone de près de 8 000 m2. Sur le plan diplomatique, il a été mobilisé durant le semestre 294 millions d’euros sur les 423 dont la Force conjointe a besoin, en espérant que la conférence des donateurs, prévue à Bruxelles ce 23 février, trouvera d’autres soutiens financiers. Il faut tirer un grand chapeau au Président de la République, même si les effets escomptés sur le terrain de la lutte contre le jihadistes ne sont pas encore visibles. Nous pouvons l’applaudir pour avoir passé le témoin avec le sentiment du devoir accompli, à six mois du grand rendez-vous électoral dans son propre pays, où il est attendu de lui, à l’issue des élections, la même sortie honorable en passant encore le témoin à celui que les Maliens choisiront. Le Président IBK, à défaut de renoncer à se représenter pour un second mandat, ce qui aurait été l’idéal, doit réunir les conditions d’une élection transparente, crédible pour la réalisation de l’alternance tant souhaitée par la grande majorité des Maliens. Comme la présidence du G5 Sahel, où son leadership a été reconnu et salué par ses pairs et par la communauté internationale, les Maliens espèrent encore de leur Président un autre acte de grandeur, lui permettant de sortir par la porte d’honneur. Cet acte serait d’abord de reconnaitre n’avoir pas réussi à redonner espoir aux Maliens et, par conséquent, abandonner l’ambition de briguer un second mandat à la tête du pays. Pour ce faire, une adresse solennelle à la nation au moment opportun serait indiquée pour annoncer le renoncement à se représenter et l’engagement devant le peuple à organiser des élections nickel. Après quoi il ne lui restera qu’à remettre le flambeau à son successeur le mardi 4 septembre 2018.
Youssouf Sissoko
Source: infosepte