La confirmation, par la Cour constitutionnelle des résultats contestés du second tour de la présidentielle par l’opposition, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase au Mali. Pour l’opposition, ces chiffres ne reflètent pas la réalité des votes et ne sauraient être l’expression de la volonté du peuple malien.
Et par conséquent, elle a usé des droits que lui confère la Constitution, celui de manifester, pour protester contre ce qu’elle a qualifié de bourrage d’urnes, d’achat de conscience, de falsification des procès-verbaux de dépouillement ; en un mot, une mascarade électorale, selon elle. Ainsi, pour prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, elle a organisé deux grandes marches à Bamako, Kayes, Ségou, Sikasso, Mopti, Tombouctou, Gao et à l’extérieur, pour rejeter les résultats qualifiés de service de reconnaissance rendu par la Cour constitutionnelle à IBK. Après la deuxième marche, la chasse aux sorcières a commencé avec l’arrestation de deux militants de l’opposition, avec à l’appui les menaces et intimidations dont les leaders des contestataires font l’objet. Par ces arrestations, le Mali va-t-il droit vers une escalade de la violence politique. IBK n’est-il pas en train de mettre en exécution la menace qu’il a proférée dans son discours en bambara : « abattre le feu sur tous ceux qui s’aventureraient à mettre le feu au pays » ?
Ses propos, loin de calmer la situation, ont plutôt contribué à attiser le feu. Oui, sans nul doute que cette situation n’a d’autre appellation qu’une crise post-électorale, et elle fait désormais planer sur le Mali les risques d’une escalade certaine de la violence. Sinon, après avoir tendu sa main fraternelle à son cadet Soumaila Cissé, n’aurait-il pas dû tenir des propos plus apaisants et plus rassembleurs faisant croire en sa volonté d’aller vers l’entente et la désescalade ?
IBK est malheureusement épaulé dans son aventure sans issue par son Premier ministre ; celui-ci est plus obnubilé par les dividendes politiques qu’il pourrait tirer du service qu’il a rendu au Président de la République, en lui permettant de se maintenir au pouvoir, contre vents et marées.
L’apaisement de cette crise post-électorale semble être le cadet des soucis de Soumeylou Boubèye Maiga ; sinon, face à cette contestation qui ne fait que s’amplifier, il n’allait pas se précipiter pour fixer la date des législatives, en faisant fi du feu qui couve. SBM et son gouvernement devraient adopter une autre posture, plus conciliante avec des propositions idoines de sortie de crise.
Quant à IBK, il doit comprendre que ni le soutien de la communauté internationale, ni les sorties tonitruantes de ses sbires pour dénigrer l’opposant Soumaila Cissé, encore moins les conseils belliqueux de son entourage, ne pourront résoudre cette crise. Alors qu’il est encore grand temps, il doit descendre de son fauteuil royal pour redevenir républicain, en engageant un dialogue direct avec son cadet pour trouver une issue heureuse à cette situation.
Youssouf Sissoko
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