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Mossa Attaher à propos de Kidal : “la CMA ne cherche aucunement à se substituer aux représentants de l’Etat”

Vice-président de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Mossa Ag Attaher est désormais membre du Comité de suivi (CSA). Il faisait partie des artisans de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger. “La CMA ne cherche aucunement à se substituer aux représentants de l’Etat”, lance-t-il.

Dans un entretien accordé au journal “Le Radar”, Mossa Ag Attaher évoque des questions liées à l’accord et surtout le retour de la paix. Est-t-il revenu dans le giron de la paix ? Il répond sans ambages : “Mon arrivée au niveau du CSA n’est pas un retour car je suis de retour depuis l’apposition de la signature par la CMA du document pour la paix et la réconciliation au Mali signé le 15 mai 2015 et parachevé le 20 juin de la même année”.

Doctorant en science po, Ag Attaher fait cas de son retour au CSA. “Je suis acteur du processus depuis 2011. J’ai participé aussi bien à la rédaction de la plateforme des revendications du MNLA en prélude à l’accord de Ouagadougou qu’à celle de la CMA pour l’amorce des négociations à Alger. Je suis arrivé au CSA à la demande du président de la CMA qui a souhaité bien avant la mise en place du CSA, un bureau permanent de la CMA à Bamako afin de coordonner les actions qui engagent la CMA, conformément à ses engagements avec l’Etat du Mali, la communauté internationale et à sa lutte politique”, explique-t-il.

Donner à la paix toute ses chances

Interrogé sur ce sentiment après la sociopolitique du Mali, Mossa Ag Attaher dit être animé par le souci de bien servir : “Je m’incline devant la mémoire de toutes les victimes de la crise. Je suis plus ou moins animé de satisfaction de retrouvailles surtout quand on regagne la famille, les amis, les camarades de lutte et de promotion. Je suis également animé aussi et surtout du souci de concrétiser sur le terrain pratique, toutes les ambitions de lutte politique et de fortes convictions”.

Plus loin, l’un des rédacteurs du projet politique du MNLA, affiche son engagement pour la paix. “Je compte à présent m’investir avec énergie pour capitaliser les acquis de l’accord dans l’intérêt supérieur des populations. Je pense que le moment est venu pour donner à la paix toutes ses chances et aux populations le droit de vivre dignement sur leurs terroirs. Cela ne peut se réaliser que par une mise en œuvre efficiente et intégrale de l’accord de paix”, lance-t-il.

L’instauration de la confiance

Mossa Ag Attaher a-t-il une lecture particulière de la situation après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation ? Il répond que l’accord de paix a connu énormément de retard dans sa mise en œuvre. “Malheureusement, quatre ans après sa signature ses points essentiels ne sont pas encore épuisés. La responsabilité de ce retard est partagée et entre-temps, une dynamique d’accélération de la mise en œuvre de l’accord est à présent enclenchée”, précise-t-il.

Et d’apporter cette autre précision : “Depuis la dernière élection présidentielle, suite à la réélection du président IBK, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en homme de dialogue, affiche une réelle volonté d’aller de l’avant et une grande capacité à trouver des compromis. Ses visites à Kidal ont largement participé à l’instauration d’une certaine confiance qui a cruellement manqué les premières années de la signature de l’accord. Je constate avec satisfaction des dispositions positives prises par lui pour trouver des consensus allant dans le sens d’accélérer l’accord”.

Mieux, Mossa Ag Attaher estime que des actions concrètes sont visibles sur le terrain. “Il y a l’effectivité du cantonnement via le screening des ex-combattants dans les sites de Gao, Tombouctou et Kidal, le parachèvement des mécanismes opérationnels de coordination (Moc), l’appel au retour des anciens FAMa en vue de leur réintégration et les dispositions en cours aux fins de finaliser pour une armée reconstituée”.

“Cependant, pour ce qui est des anciens FAMa, membres de l’état-major de la CMA, nous avons soumis des propositions concrètes à l’Etat afin que leur retour se fasse dans la prise en compte d’un certain nombre de dispositions préalablement nécessaires. Parmi lesquelles figurent en bonne place la question de leurs grades, le règlement des aspects liés à leurs carrières”, indique-t-il.

Le vice-président de la délégation de la CMA au niveau du CSA reconnait qu’il y a une forte pression. “Nous sommes à une période cruciale de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Il y a déjà une forte pression sur toutes les parties (le gouvernement, les mouvements signataires, la médiation, la Minusma, le CSA) pour qu’au plus tard en milieu d’année 2019, nous ayons mis en œuvre l’essentiel des points prioritaires de l’accord”, souligne-t-il.

Nécessaire révision constitutionnelle

Réagissant au projet de révision constitutionnelle, Mossa Ag Attaher laisse entendre que bien qu’elle soit nécessaire pour prendre en compte certaines dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, n’est pas que l’exigence des seuls mouvements.

“Une administration, ici au Mali ou ailleurs, à un certain moment, a besoin d’audit, de bilan et de plan pour se conformer aux défis. Dans un passé récent, les autorités de la IIIe République avec à leur tête le président Alpha Oumar Konaré avaient tenté de réviser la constitution. Quelques années plus tard, le nouveau locataire de Koulouba, notamment ATT avait tenté le même exercice. Après, ce fut le président IBK lors de son 1er mandat qui avait emboité le pas sans succès et aujourd’hui, le même projet revient sur la table. A ma connaissance, sous le mandat d’AOK, comme sous celui de ATT, il n’y avait ni CMA, ni CSA, ni accord pour la paix”, réplique-t-il à ceux qui pensent que cette nécessité de révision constitutionnelle est une revendication des seuls mouvements signataires de l’accord.

Mécanisme de veille à Kidal

Mossa Ag Attaher se prononce également sur l’instauration des nouvelles mesures par la CMA à Kidal. “Vous savez, Kidal dans le sillage d’une récente mais forte exploitation artisanale d’or a connu une arrivée massive de populations subsahariennes étrangères (Soudanais, Tchadiens, Nigérians et autres) qui, souvent, s’opposent et s’affrontent avec des armes de guerre à cause des intérêts liés à l’orpaillage ! La population a exprimé ses vives inquiétudes face à cette insécurité et c’est dans ce sens qu’on a parlé d’un mécanisme de veille. Quant aux questions de cadis et d’alcool, je pense sincèrement que les commentateurs y sont allés à cœur joie et chacun a enfoncé le clou là où ça lui paraissait pouvoir faire plus mal”, rétorque-t-il.

Mossa Ag Attaher affirme que la CMA a pris acte des interprétations et des lectures diverses et variées suscitées par cette décision. “Nous avons fait un communiqué qui ne laisse plus aucune place aux interprétations négatives de cette décision. Dans ce communiqué que la CMA ne cherche aucunement à se substituer aux représentants de l’Etat à Kidal et demeure dans un esprit de dialogue et de concertation avec eux pour toutes ces questions en attendant le redéploiement de l’Etat dans le format prévu par l’accord de paix”, laisse entendre Mossa Ag Attaher.

A. M. C

L’Indicateur du Renouveau

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