JUSTICE – La famille d’un proche d’Adama Traoré, mort en septembre dans des circonstances controversées alors qu’il était poursuivi par la police dans les Yvelines, a porté plainte pour “faux en écriture publique”, a-t-on appris ce samedi 10 octobre auprès de son avocat.

La plainte contre X avec constitution de partie civile, que l’AFP a pu consulter, a été transmise vendredi au doyen des juges d’instruction de Versailles, a indiqué Me Yassine Bouzrou, confirmant une information de franceinfo.

Mahamadou Fofana, présenté par la famille comme un cousin d’Adama Traoré -jeune homme mort lui aussi dans des circonstances troubles après son arrestation par des gendarmes dans le Val-d’Oise en 2016-, est décédé le 14 septembre alors que des policiers tentaient de l’interpeller.

Son corps avait été retrouvé dans la Seine à Bougival, sorti de l’eau par les policiers qui le poursuivaient.

Une information judiciaire avait ensuite été ouverte en recherche des causes de la mort par le parquet de Versailles.

Selon la version des policiers, aucune violence n’a été commise et l’homme serait mort noyé alors qu’il tentait de regagner la rive après avoir voulu leur échapper.

Cependant, la plainte de la famille mentionne que le rapport final d’autopsie révèle “vingt lésions” sur le corps du trentenaire, et “des traces de sang (…) sur le sol à proximité du corps” et sur son T-shirt, ce que ne mentionnait pas un rapport préliminaire, rendu le même jour pourtant, selon Me Bouzrou.

“Tentative d’escroquerie au jugement”

La procureure de la République de Versailles Maryvonne Caillibotte s’était basée sur le pré-rapport pour indiquer à la presse deux jours après les faits que “tous les signes concluent à une noyade”, ce que la famille, qui a pu voir le corps à la morgue, conteste.

La procureure avait parlé d’“abrasions cutanées sur le crâne”, alors qu’Assa Traoré, la soeur d’Adama Traoré, qui a vu le corps, a évoqué un “crâne complètement déformé”.

“Un rapport d’autopsie tronqué a été rédigé afin de dissimuler l’existence d’un choc violent contre un plan dur et de 20 lésions récentes”, estime Me Bouzrou, qui dit n’avoir reçu le rapport final d’autopsie qu’“il y a trois jours”.

“S’il est permis d’affirmer que M. Fofana a subi des violences notamment au niveau de la tête, les constatations médicales nous permettent de privilégier l’hypothèse d’une noyade avec intervention d’un tiers” et le sang retrouvé sur le sol et le T-shirt de la victime étayent “l’hypothèse de violences intervenues avant la mise à l’eau”, en conclut l’avocat.

Il estime donc qu’il y a eu “faux en écriture publique aggravé” et “tentative d’escroquerie au jugement”, le magistrat instructeur pouvant être trompé “par la production d’une pièce fausse”.

Le parquet de Versailles, interrogé par l’AFP ce samedi, n’avait pas connaissance de cette plainte.