L’Iran a fini par décider d’augmenter son taux d’enrichissement de l’uranium et son stock d’uranium au-delà de 300 kilogrammes autorisés par l’Accord nucléaire le liant aux puissances occidentales. Il menace même de faire passer son niveau d’enrichissement de 4,5% à 20%. Une dynamique que le pays des Ayatollah va maintenir si les pays européens ne l’aident pas à contourner les sanctions américaines qui l’empêchent d’exporter son pétrole et d’établir des relations bancaires et commerciales normales avec le reste du monde.
Dans une intervention musclée, le Guide suprême iranien, Ayatollah Khamenei, reproche à l’Europe de ne pas s’investir pour cela. ‘’Maintenant que nous avons commencé à limiter nos engagements face à eux, ils s’indignent (les occidentaux). Vous, les insolents, vous aviez onze engagements et vous n’en avez respecté aucun, pourquoi vous attendez que nous respections les nôtres ? Nous n’avons fait que commencer à limiter nos engagements et ce processus va certainement continuer’’, s’insurge-t-il !
En 2015, l’Iran, les USA et cinq Puissances occidentales ont signé l’Accord sur le nucléaire iranien. En substance celui-ci : limite à l’Iran l’enrichissement de son Uranium (pour l’empêcher de fabriquer une bombe atomique), limite sa production de Plutonium, renforce les inspections de ses sites nucléaires.
A cet effet, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a été autorisée de vérifier pendant vingt ans son parc de centrifugeuses et pendant vingt-cinq ans sa production de concentré d’uranium (« yellow cake »).
De même l’Iran ratifia le Protocole additionnel de l’AIEA qui permet des inspections intrusives.
En conséquence, la partie iranienne devrait obtenir en 2016 la levée progressive des multiples sanctions (de l’ONU, des Etats-Unis et de l’Europe) qui freinent le développement du pays. Notamment dans le domaine de la finance, de l’énergie et du transport aérien.
Aussi, les six Résolutions de sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l’Iran depuis 2006 devaient être levées. Ce qui se concrétisait graduellement….jusqu’à ce que le président Trump déchire publiquement l’Accord historique obtenu après douze années de rudes négociations.
Pourtant, jusqu’à la menace iranienne de récuser à son tour l’Accord de 2015, suite au retrait américain et à l’incapacité des Européens de contourner les sanctions américaines, l’AIEA avait toujours attesté que ce pays respectait scrupuleusement ledit accord.
Sans le respect de l’Accord nucléaire par les Puissances signataires, l’Iran n’a-t-i pas le droit naturel de poursuivre son programme nucléaire et de produire, s’il le faut, sa bombe atomique ?
Les dirigeants iraniens sont, de notre point de vue, autant responsables que ceux des Puissances occidentales signataires. De même que ceux de tous les pays qui possèdent aujourd’hui l’arme de dissuasion nucléaire. Oseront-ils franchir le rubicond….après Hiroshima et Nagasaki?
Gaoussou M. Traoré
Source : Le Challenger