Depuis la période des campagnes présidentielles américaines, le candidat Trump n’a de cesse dénoncé l’accord que son pays, les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne ont laborieusement signé en 2015, sous l’égide des Nations-Unies, avec l’Iran sur l’arrêt de son programme nucléaire. Au motif que l’accord n’est pas favorable aux intérêts américains et que l’Iran ne le respecte pas, le président Donald Trump persiste dans sa démarche et déclare lors de la visite du président français sur le sol américain que si un nouvel accord n’est pas trouvé d’ici le 12 mai, les USA vont officiellement se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien.
Pourtant, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui est chargée de l’inspection des installations nucléaires iraniennes, réfute les doutes américains. Elle certifie régulièrement que l’Iran respecte bien ses engagements vis-à-vis des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Allemagne, signataires du texte d’accord. Ce que confirmait quasiment encore ce mardi, Emmanuel Macron.
Le président français rappelait à la tribune des Nations-Unies, à New York, que « dénoncer l’accord serait une lourde erreur, ne pas le respecter serait irresponsable, parce que c’est un accord utile, essentiel à la paix. ». Son argumentaire se base sur le fait que l’engagement sur la non-prolifération a permis d’obtenir un accord solide, robuste, qui permet de vérifier que l’Iran ne se dotera pas d’arme nucléaire.
A cet effet, la remise en cause du compromis sur le nucléaire iranien ouvrirait forcément la voie à une crise internationale. Car, il revient à rétablir de facto les sanctions économiques et commerciales qui étaient en vigueur contre l’Iran. Une case de départ qui compromettrait de nombreux intérêts économiques occidentaux et empêcherait l’Iran de combler son retard économique dû aux sanctions occidentales.
Ce durcissement de Washington à l’égard de Téhéran aura pour conséquence de remettre en cause les projets d’investissements lancés en Iran après l’accord sur le nucléaire de 2015. Ainsi, l’Iran n’aurait en face de lui qu’une alternative : poursuivre son programme nucléaire en continuant d’enrichir par ses propres soins l’uranium pour ses besoins énergétiques (civils ou militaires) et attendre les représailles occidentales qui n’excluraient pas une confrontation militaire.
Il est prévu cet été une rencontre au sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue nord-coréen Kim Jung Un, pour permettre la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Au regard du non-respect des américains de leurs propres engagements sur le nucléaire iranien, quelles négociations seraient possibles avec la Corée du Nord ?
En rompant unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien, Washington se trouverait, de toute façon, bien isolé. Sa crédibilité en serait entièrement affectée notamment face à la Corée du Nord, cet autre pays qui constituerait « une menace majeure pour la sécurité américaine ». Or, ce pays dispose déjà de l’arme nucléaire, contrairement à l’Iran, et s’est doté de missiles balistiques nécessaires de longue portée. Ainsi, si les dirigeants nord-coréens ne s’opposent pas au principe de négociation, ils refusent tout de même de renoncer à la force nucléaire dont ils disposent.
D’ailleurs, si jamais le pays de l’oncle Sam remettait en cause à partir du 12 mai, l’accord sur le nucléaire iranien, indubitablement, la Corée du Nord serait encline à s’engager sur une éventuelle voie diplomatique. Ce qui serait logique à partir du moment où les USA apparaîtraient comme le pays qui rejette systématiquement les accords qu’il aura lui-même signés avec les autres.
Gaoussou Madani Traoré
Le challenger