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Modibo Mao Makalou, Economiste : « A l’issue de ce prochain sommet, nous espérons une levée partielle sinon totale des sanctions contre le Mali. »

A 48h du sommet des Chefs d’Etat et Gouvernement de la Cédéao sur la durée des 3 Transitions. Modibo Mao Makalou, économiste, fait une analyse des défis majeurs de ce sommet.

 

Mali Tribune : dimanche se tiendra un sommet ordinaire de la Cédéao sur les 3 Transitions. Qu’est-ce que vous en attendez ?

Modibo Mao Makalou : je pense que ce sera une réunion de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) très importante pour les 3 pays (Mali, Guinée, et Burkina Faso) qui sont en phase transitoire. Cette conférence de la CEDEAO du 3 juillet 2022 en principe doit prendre des décisions importantes par rapport aux processus transitoires de ces 3 pays. Il s’agit de déterminer un chronogramme menant aux élections pluralistes dans ces 3 Transitions. C’est-à-dire l élaboration d’une stratégie de sortie de la Transition pour aller vers un régime constitutionnel constitue un défi majeur à surmonter. Il va falloir déterminer les processus, les institutions et la durée des Transitions. Donc cela revient en grande partie à la stratégie de sortie de la Transition donc l’élaboration d’une feuille de route assortie d’un plan d’actions. (CEDEAO). Ce processus est important car en l’occurrence s’il y a accord, ces Transitions seront accompagnées par la CEDEAO. Mais s’il n’y a pas d’accord il risque d’y avoir des sanctions contre lesdits pays. A l’issue de ce sommet, nous espérons au moins une levée partielle sinon totale des sanctions à l’encontre de notre pays. Je suis optimiste qu’un chronogramme sera fourni même s’il y aura certainement quelques légers points de divergences, mais je pense que ce ne seront pas des problèmes insurmontables, un accord est fort possible entre les autorités de la Transition du Mali et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).

Mali Tribune : dans tout ça c’est le dossier malien qui apparaît le plus compliqué, non ? M.M.M : oui le cas du Mali est le plus compliqué parce que c’est la Transition la plus ancienne puisque nous sommes au 22mois de la Transition malienne. Maintenant il s’agit d’avoir une esquisse de chronogramme et une échéance fixée pour la Transition pour pouvoir obtenir la fin des sanctions qui sont liées pas seulement à une transmission d’un chronogramme mais à un accord consensuel national sur le processus électoral qui doit mener aux élections pluralistes. C’est la methodologie qui permettra de régler le cas malien qui va influer sur les deux autres pays (Guinée et Burkina Faso). Je pense que c’est pour cela que les deux autres pays n’ont pas été sanctionnés pour le moment bien vrai qu’un désaccord semble exister aux niveaux des durées desTransitions en Guinée et au Burkina avec la CEDEAO. Je pense que le cas du Mali est en voie de résolution. Le médiateur qui a quitté le Mali le 24 juin 2022 semblait satisfait des rencontres effectuées avec les Autorités de la Transition et les forces vives du Mali durant sa visite de 48h à Bamako. Nous pensons que les choses sont en train d’aller dans le bon sens. La promulgation de la loi électorale est une étape importante dans l’établissement et la transmission d’un chronogramme détaillé menant aux élections. Parce que l’Organe de Gestion des Élections figure dans cette loi électorale de même que les circonscriptions, en un mot, tout le processus électoral figure dans cette loi électorale qui abroge celle de 2018. En réalité, je pense que beaucoup de progrès a été accompli au Mali depuis le sommet du 04 juin 2022.

Mali Tribune : mais nous avons vu que le sommet du 04 juin s’est achevé de façon prématurée faute de désaccord entre les Chefs d’Etat. A quoi faut-il s’attendre ce 03 juillet ?

M.M.M : je ne dirais pas que c’était prématuré, mais plutôt qu’il y avait un sens d’inachevé. La grande majorité des Maliens s’attendaient à une décision favorable pour la levée des sanctions contre notre pays. Mais il me semble que les discussions âpres ont eu lieu durant la Conférence du 4 juin 2022 et que ceux qui étaient les plus intransigeants ont été apaisés lors du dernier sommet. Ces derniers voulaient cependant des garanties qu’il était impossible d’avoir pendant ce sommet pour pouvoir lever les sanctions et c’est ce travail qui est en train d’être fait maintenant. Et il me semble qu’il y a eu un accord de principe lors du dernier sommet qui sera confirmé lors du prochain sommet du 3 juillet 2022. Donc ce que le médiateur et la partie malienne vont convenir permettra  aux Chefs d’Etat après examen d’entériner une décision qui sera collégiale. A mon avis, c’est là que se situe le défi majeur pour le prochain sommet de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO.

Mali Tribune : Pour bon nombre d’observateurs ce sommet est tout aussi important pour la Cédéao que pour le Mali. Pourquoi ?

M.M.M : le monde est en ébullition en ce moment pour des raisons géopolitiques et géostratégiques mais aussi des problèmes de sécurité. Vous savez, le Mali se situe au centre de la Communauté Économique conomique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont elle est la 5ème économie mais aussi par rapport à l’Union économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) dont elle est la 3ème économie. L’épicentre de la lutte contre les groupes armés terroristes au Sahel se situe au Mali. Si on n’arrive pas à juguler ce qui se passe au Mali aux niveaux des groupes armés terroristes et du grand banditisme c’est toute la sous-région qui sera embrasée. Le préalable à tout développement économique, c’est la paix et la sécurité. Donc c’est un enjeu majeur de pouvoir ramener la paix et la stabilité au Mali et cela passe d’abord par la réconciliation entre les différents protagonistes à Bamako  pour qu’en tant que Maliens à l’unisson nous puissions non seulement avoir un projet commun par rapport à la lutte contre l’insécurité mais en même temps que nous puissions avoir une vision commune de la démocratie dans les années à venir. Parce qu’après 30 ans de pratique de la démocratie avec les différents Foras qui ont eu lieu, il est temps d’évaluer la pratique et faire un diagnostic de notre processus démocratique afin de pouvoir l’améliorer. Cela pourra se faire évidemment à travers les textes mais aussi les institutions mais surtout par des nouvelles pratiques pour améliorer la gouvernance. Parce que la mauvaise gouvernance est à la base de la plupart des difficultés de la crise multidimensionnelle que nous traversons. Il va falloir que nous résolvions les problèmes de fond et je pense que la gouvernance devrait être plus vertueuse si nous voulions aller de l’avant non seulement au niveau de la sécurité et de la paix mais aussi de la démocratie et du développement durable.

Mali Tribune : en fixant la durée de la Transition à 24 mois, la Transition malienne peut-elle aller sans la Cédéao ?

M. M .M : il faut remettre les choses dans leur contexte. La Charte de la Transition a été révisée le 25 février 2022 par rapport à celle de 2020 mais il manquait la date de la durée de la Transition. Cette date dépendait des recommandations des Assises Nationales pour la Refondation (ANR) qui dans leurs résolutions recommandaient une durée d’un intervalle compris entre 6 mois et 5 ans, ce que la CEDEAO n’a pas apprécié. En effet, un intervalle sans fixer des dates précises a pu être considéré comme un acte de diversion d’où les sanctions. En fixant le délai de la Transition dans la Charte révisée à 24 mois cela permet de fixer la durée de la Transition même si cette durée peut être révisée elle met surtout fin aux supputations sur l’intervalle recommandé par les ANR. Aussi, 24 mois constituent la base des discussions entre les Autorités de la Transition du Mali avec la CEDEAO sur la durée de la Transition. La CEDEAO avait fixé le cap minimum initialement à 9 mois tandis que les ANR avaient fixé un cap maximum de 5 ans. Maintenant la CEDEAO propose 16 mois et les Autorités de la Transition proposent 24 mois à partir du mois de mars 2022 Déjà 3 mois se sont écoulés depuis la fin de l’échéance de la Charte de la Transition de 2020 ce qui pourrait permettre de fixer de commun.accord un délai entre 16 mois et 21 mois pour la fin de la Transition au Mali et de facto permettre la levée des sanctions infligées au Mali le 9 janvier 2022 par la CEDEAO et l’UEMOA.

 

Propos recueillis par

Ousmane Mahamane

Source : Mali Tribune

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