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Modibo Keïta doublement assassiné par ses héritiers

Renversé le 19 novembre 1968 par une junte de quatorze membres, pour la plupart des lieutenants et dont la moyenne d’âge oscillait autour de la trentaine d’années, Modibo Keïta, le père fondateur de la République du Mali, le 22 septembre 1960, sera assassiné par ses geôliers, le 16 mai 1977.

Ceux-là redoutaient que même mort, après une détention de neuf ans sans jugement dans des conditions extrêmes (il a séjourné dans ce qui était décrit à l’époque comme  » le pénitencier de Kidal » et souffrait d’un manque de suivi médical ) il ne soit encore plus dangereux pour leur quiétude que vivant.

Aussi n’annonceront-ils son décès, survenu au camp des parachutistes de Djicoroni, que comme celui d’  » un instituteur à la retraite  » dans un communiqué laconique diffusé sur les ondes de Radio Mali. Le soulèvement populaire qu’ils craignaient, en présentant le défunt comme  » l’ancien président de la République du Mali » eut pourtant lieu le jour de ses obsèques. La jeunesse estudiantine malienne, écœurée par le traitement inique, monstrueux fait à l’homme qui a conduit le pays à l’indépendance et à la souveraineté internationale, a enlevé le cercueil de Modibo Keïta dans sa maison familiale de Ouolofobougou pour le porter au siège du soi-disant  » comité militaire de libération nationale » et lui exiger de  » reprendre son cadavre et de l’enterrer« .

Aussi, c’est sous une charge policière implacable et dans un tohu-bohu accentué par le spectacle  d’un hélicoptère  tournoyant de façon menaçante au-dessus d’une marée humaine malmenée mais déterminée, que le libérateur du Mali sera inhumé au cimetière d’Hamdallaye. Presque à la sauvette. Pour la première fois dans l’histoire du Mali, des hommes seront arrêtés et emprisonnés pour avoir accompagné un corps à sa derrière demeure.

Modibo Keïta a été assassiné par ses tombeurs pour avoir aimé le Mali, pour s’être battu, de longues années, pour le libérer du joug colonial et au prix de sa propre liberté (il a été interné à la prison de la Santé à Paris) pour s’être consacré, corps et âme, à sa décolonisation économique passant par l’édification d’une économie moderne, planifiée, indépendante, tournée vers la satisfaction des besoins essentiels des populations.

Moussa Traoré et ses comparses du « CMLN », qui finiront par s’éliminer les uns les autres pour avoir pris un goût trop prononcé aux prébendes d’un pouvoir usurpé et confisqué  par la force des armes, portent l’entière responsabilité de ce crime abject. Et, faute de l’avoir payé devant le tribunal des hommes (jusqu’ici tout au moins) ils en répondront devant le tribunal de l’histoire dont le jugement, c’est connu, est sans appel.

Mais ils ne seront pas seuls, car Modibo Kéïta a subi un deuxième assassinat, cette fois-ci dans son idéal. C’est pour affirmer l’indépendance fraichement acquise du Mali, face au monde entier, qu’il a ordonné le départ du dernier soldat français du sol national, au plus tard le 20 janvier 1961. Du coup cette date a symbolisé la création de l’armée malienne, sous la férule du Général Abdoulaye Soumaré.

Cinquante deux ans plus tard  (2013) c’est cette même  armée française  qui a sauvé le Mali de la menace d’occupation de l’entièreté de  son territoire par des hordes jihado-terroristes.

En cette année 2019, la sécurité, l’intégrité, l’unité du Mali tiennent encore, pour une majeure partie, à la présence militaire française, subsidiairement  celle de la MINUSMA.

L’incapacité des héritiers de Modibo Keïta à assumer l’héritage est passée par là.

Saouti HAÏDARA

Source: l’Indépendant

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